WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

 

 

   CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

 

              Trimestriel

 

 

 

     octobre / novembre / décembre 2015

 

 

 

 

          PAGE 7

 

FESTIVAL RELÂCHE. BORDEAUX (33) par Gilbert Béreau

Texaxs Cannonballs

Candye Kane

Royal Southern Brotherhood

Flyin'Saucers Gumbo Special

Texas Cannonballs

Nikki Hill

The Lookers

La Bastard

The Excitements

Lis & the Lips

Gemma Ray

Kyla Brox

Sandra Hall & French Blues Explosion


      

Texte et photos de Gilbert Béreau                    

 

Le festival 'Relâche' a vu le jour en 2010 pour combler un vide musical de plus de deux mois dans une cité de l'importance de Bordeaux. Jusqu'à cette date, tout le monde imaginait que les bordelais restés en ville durant l'été passaient systématiquement leurs journées en bord de mer, que les touristes étaient fatigués de leurs balades diurnes et donc, que tout ce beau monde rentraient se coucher tôt. 'Relâche' qui, d'année en année prend de l'embonpoint, propose en 2015 une série d'évènements musicaux se déroulant de fin juin à début septembre sur différents sites herbeux ou bitumeux de l'agglomération bordelaise. Au nombre de ces évènements, des soirées de danse appelées 'dancing in the street' et animées par des DJs, des 'siestes soul' mais surtout une bonne quinzaine de concerts avec une programmation variées et de qualité. Cette programmation, originellement orientée vers les musiques rock, s'est maintenant ouverte aux piliers de la musique noire tels que blues, soul, funk … Pour la première année, et considérant la refonte des régions, 'Relâche' se décentralise pour une journée à Limoges puis à La Rochelle.
Aidée par la ville, la Métropole et quelques partenaires indépendants, la véritable cheville ouvrière du festival est l'association 'Allez les filles' qui fêtera l'an prochain ses vingt ans de militantisme culturel sur Bordeaux. A noter que 'Feeling Blues' vous avait rendu compte de quelques soirées de la précédente version du festival 'Relâche' en son n°12 (p 6). Cette année, il est des soirées auxquelles je n'ai pu assister en raison de mon emploi du temps, il en est d'autres où je me suis rendu mais dont je ne parle pas, ou très peu, le contenu m'ayant semblé trop éloigné de la musique traitée en ces pages. Cependant, vous trouverez des sujets sur des musiciens dont la production est parfois loin des choix du webzine, mais là, c'est lorsque la qualité est telle qu'on peut bien transgresser pour faire un bel enfant à la ligne éditoriale.


Le programme complet figure en dernière page du n° 15.

 

 

DIMANCHE 12 JUILLETSquare Dom Bedos.


Trois groupes étaient annoncés pour cette soirée et si le premier set démarre autour de 19:30, Francis, responsable de l'association et par ailleurs connu comme le DJ Feelgood, commence à diffuser sa musique favorite à partir de 18:00. Ladite musique se compose essentiellement de vieux R & B des 40's et 50's et de rock and roll noir à peine plus tardif ; c'est ainsi qu'on peut avoir la surprise de voir beaucoup de jeunes se trémousser aux accents d'Otis Blackwell, Chuck Willis, TV Slim, j'en oublie et des meilleurs.

Square Dom Bedos. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Square Dom Bedos. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

 

Le premier ensemble à se présenter en scène se nomme

'Texas Cannonballs' et si la formation du groupe est récente avec un seul album accroché à sa discographie, il est composé de vieux routiers du circuit. Le texan Hector Watt (guitare/chant) totalise pas moins d'un quart de siècle sur les scènes, entre autres avec Lou Ann Barton et Uncle John Turner.

 

Dave Herro. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Dave Herro. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Bien que plus jeune, Dave Herrero (guitare/chant) a beaucoup bourlingué de Floride (Tampa) à Chicago après une longue escale au Texas (Austin) ; souvent sur la scène du Buddy Guy's Club, il a tourné avec Jimmy Burns ou Nick Curran. Dans le groupe, il vient de remplacer Chris Ruest qui était dans la composition originale et sur le CD. On y trouvait également Preston Hubbard, dit “Monsieur Basse”, lequel, outre les 'Faboulous Thunderbirds', a une carte de visite longue comme mon bras.

De g à d : Hector Watt, Hugo Devoers, Bret Coats et Dave Herrero. Photo Gilbert Béreau. 2015.
De g à d : Hector Watt, Hugo Devoers, Bret Coats et Dave Herrero. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Preston ne participait pas à cette tournée européenne, espérons qu'il n'est pas retombé dans ses mauvaises habitudes ; il était remplacé par le bassiste californien Bret Coats, lui aussi installé à Austin. Le dernier larron de la formation originale était le batteur Jim Starboard, également un vieux routier qui est maintenant remplacé par Hugo Deviers un bon français, installé du côté de Nantes et également batteur pour 'The Pathfinders' ou 'Big Mathh Band'. Hugo avait eu l'occasion de travailler et d'être apprécié par Preston Hubbard, Hector Watt et Chris Ruest bien avant la formation des 'Texas Cannonbals'.

J'avais écouté leur album et je m'attendais à un concert puisant dans le R' 'n' R', le rock-blues, le tout avec une belle pincée de country ; de fait, une grosse partie de la prestation sonna plutôt Rock. Comme souvent lors de concerts de ce genre de musique, l'équilibre voix/mix instrumental était tel que le vocal se trouva légèrement submergé dès que le rythme s'accélérait. Fort heureusement, ces mêmes Boulets de Canon assuraient le second set du lendemain et cette fois, l'aspect technique était bien meilleur.

Texas Cannonballs'. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Texas Cannonballs'. Photo Gilbert Béreau. 2015.

C'est avec "Fly away" et "Hard way", deux titres de l'album, qu'ils attaquent le concert et c'est Hector qui se colle au chant ; un peu normal puisqu'il s'agit de deux de ses compos et qu'il les interprète sur le CD. Ils vont nous faire un bonne moitié de l'album et Hector reviendra au chant plus tard dans la soirée avec, entre autres, "Texas tumbleweed", le Berryesque "Me and the devil" ou la jolie ballade "Dreaming".
Dave Herrero et, à un degré moindre, Bret Coats prendront leur tour au vocal avec essentiellement des titres de leur propre discographie. Il me semble que Bret n'a chanté que deux morceaux de son propre répertoire, "Listen for the bassline" et "Ask me", tous deux plutôt marqués rock 70's.
Dave sera le plus blues du groupe et il possède une vraie jolie voix pour ce style de musique ; ce fût un petit régal que de l'écouter dans "It takes a lot to laugh, it takes a train to cry" de Dylan mais surtout "Downhearted" et "Old lovin' feeling".
Un bien beau démarrage de soirée qui donnait envie de marquer la pause avec une bonne bière fraîche, une seule pour la modération. Et notre ami Francis, s'était remis aux fourneaux et R &B et R' 'n' R' noir des origines coulaient directement des enceintes

 

Site du groupe :

http://texascannonballs.blogspot.fr/
Site de Dave Herrero :

http://www.heromusicepk.com/
Site de Bret Coats :

http://www.bretcoats.com/
Cet été au Showcase de Pau :

https://www.youtube.com/watch?v=xRR7Lm4PvJY#t=37

 

 

Le second concert de la soirée était confié à Candye Kane qui est encore sur une tournée bien longue avec pas moins de 18 dates pour le seul mois de juillet ! Le groupe attaque seul avec un instrumental endiablé ; on y retrouve les piliers que sont Laura Chavez, l'amie virtuose de la six cordes et Kurt Kalker derrière les fûts. Seul le troisième larron a changé depuis le dernier passage à Bordeaux et ce soir, la basse est confiée à Bobby Abarca qui remplace le vieux routier Kennen Shaw.

De g à d : Laura Chavez, Candye, Bobby Abarca et Kurt Kalker. Photo Gilbert Béreau. 2015.
De g à d : Laura Chavez, Candye, Bobby Abarca et Kurt Kalker. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Puis Candye entre en scène dans une superbe tenue rétro qui sent bon l'entre deux guerre ; peut-être avant, je ne suis pas spécialiste … Il serait tout à fait malvenu de dire que Candye saute en scène pleine de vigueur, mais à contempler son visage, il était évident qu'elle était très heureuse d'être face à son public. Bien sûr, ceux qui étaient restés scotchés sur le tournant du siècle, sa stature et sa forte poitrine, ont de la peine à la reconnaître ; aujourd'hui elle fait à peine une taille 42 !!! Ceci dit, force est de constater que, si on prend la peine d'oublier le passé et les raisons de cette métamorphose, elle est bien attirante ainsi. N'oublions pas qu'elle fût opérée une première fois en 2008 d'un cancer du pancréas, celui qui ne donne pratiquement que quelques mois de répit. Nous crûmes qu'elle faisait partie de l'infime pourcentage qui en réchappe lorsqu'une seconde opération pour récidive fût nécessaire en mai 2012. Elle a repris les tournées dans la foulée tant il lui est nécessaire de travailler afin de payer les sommes astronomiques réclamées par son assurance pour faire face aux soins. Mon opinion est que dans sa vie actuelle et en dehors de la médecine, au moins trois choses sont absolument nécessaires à sa survie : Laura Chavez, sa musique et la communion avec son public.

Candye Kane. Photo Gilbert Béreau. 2015
Candye Kane. Photo Gilbert Béreau. 2015



Une Fender entre les mains, Laura a déjà été qualifiée par des musicologues US du "prochain Stevie Ray Vaughan", et elle n'a pas encore tout à fait la trentaine ! Je me souviens d'une boutade servie lors d'un précédent passage par une Candye qui pestait contre les nombreux machos faisant des réflexions telles que : “elle joue drôlement bien pour une femme ; comment fait-elle ?” et à qui elle répondait : “elle joue avec ses doigts, comme tout un chacun !”

Laura Chavez. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Laura Chavez. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Laura est penchée sur son instrument avec une casquette enfoncée jusqu'aux yeux, chaque titre sera l'occasion de nous gratifier de somptueux solos. Envolés les kilos de Candye, mais la voix est toujours bien là et en voilà une qui n'a toujours pas besoin de sucer le micro ! Considérant son état, elle a probablement davantage de problème de prise de souffle, mais Laura veille au grain qui comble les moments plus difficiles et dont le talent permet d'accorder à Candye des instants de récupération. C'est avec le "Sweet nothin's" de Brenda Lee qu'elle a ouvert les hostilités avant d'attaquer "I'm the reason why you drink", titre issu de leur dernier album et qui, pour Candye, sera l'occasion de charrier Laura pour un soi-disant penchant vers le Jack Daniels. Du même album sera extrait le titre phare, "Coming out swingin'", mais elle ira aussi chercher des perles plus anciennes comme le joli "I'm gonna cry today" ou "Superhero".

Candye. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Candye. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Et entre chaque titre, elle parle longuement à l'assistance ; elle abordera le cancer, le soutien de Laura et la force insufflée par le public. Un autre titre sera l'occasion d'évoquer son adolescence très difficile, sa mère et l'occasion de reconnaître qu'elle était pas mal barjot.
Et on s'acheminera vers la fin d'une prestation qui aura autant marqué les cœurs que les oreilles avec "Walkin' talkin' haunted house" et le "You need love" de Willie Dixon. Bien évidemment le public réclamera son retour en scène et c'est radieuse qu'elle reviendra pour un dernier "The toughest girl alive".

Bobby Abarca. Photo gilbert Béreau. 2015.
Bobby Abarca. Photo gilbert Béreau. 2015.

Signe de fatigue, cette année Candye ne nous a pas rappelé les 3 piliers de sa sagesse : amour, orgasme et bouffe ! En prenant de ses nouvelles après le concert, cette grande dame m'a dit qu'elle “prenait les jours les uns après les autres” ; ces dernières années furent bien difficiles, souhaitons que sa combativité naturelle nous la ramène rapidement en meilleure forme. Candye atteindra la cinquantaine le 13 novembre prochain.

Site de Candye :

http://www.candyekane.com/
Extraits de la soirée :

https://www.youtube.com/watch?v=gSXpAdL4g-U
Ce mois de juillet à Hondarribia :

https://www.youtube.com/watch?v=j4LLY6J85uE
¾ d'heure : d'abord le groupe puis Candye :

https://www.youtube.com/watch?v=GZjEWXs_OBQ






L'honneur de clôturer la soirée était pour un groupe récent du nom de

'Royal Southern Brotherhood'; récent, mais bâti sur de solides fondations puisque porté sur les fonts baptismaux par le producteur Reuben Williams qui s'occupait des affaires de Mike Zito et Cyril Neville … oui, oui, celui-là même qui avait brillé au sein des groupes 'Meters', puis 'Neville Brothers. Outre ces deux valeurs sûres qui assuraient respectivement chant/guitare et chant/percussion, le groupe originel réunissait Devon Allman, le fils de Gregg (chant/guitare), Charlie Wooton (basse) et Yonrico Scott (batterie). La pyramide des âges s'étalait de 37 ans pour Devon à 63 pour Cyril lorsqu'ils enregistrent les premiers titres en 2011, pour un disque éponyme qui sortira en 2012 et sera rapidement classé dans les hit-parades. Un deuxième album titré 'HeartSoulBlood verra le jour en 2014 et le jeu des chaises vides va commencer pour arriver à la composition actuelle du groupe. Les deux guitaristes, Mike et Devon, seront respectivement remplacé par Bart Walker et Tyrone Vaughan (fils de Jimmie et neveu de Stevie Ray) qui sont supposés apporter une énergie nouvelle au groupe et mieux épauler Cyril ; un nouveau CD appelé 'Don't look back' est sorti en mai dernier. Selon le producteur, la musique doit être progressive et traditionnelle, du funk perfusé au rock and roll et au blues – la quadrature du cercle ! Personnellement, j'ai surtout entendu du funk et du rock sudiste, peu de R' 'n' R' ou de blues.

De g à d : Tyrone Vaughan, Yonrico Scoot, Cyril Neville, Bart Walker. Photo Gilbert Béreau. 2015.
De g à d : Tyrone Vaughan, Yonrico Scoot, Cyril Neville, Bart Walker. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Et les voici qui entrent en scène et Cyril est fidèle à son image avec un de ses éternel bitos vissé sur le crâne mais posé sur un foulard noué derrière la tête. Petit gabarit toujours aussi svelte, on pressent la boule de nerfs avant même qu'il ne commence à remuer.

Cyril Neville. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Cyril Neville. Photo Gilbert Béreau. 2015.



Tyrone, le nouveau venu, est le beau gosse du groupe et il n'est que de voir combien de jeunes filles se massent de son côté de la scène.

Tyrone Vaughan. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Tyrone Vaughan. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Pas de temps mort, le son est plein et il saute aux yeux que nous avons affaire à des musiciens exceptionnels. Presque trop, tant tout ceci est carré au point de se demander s'ils jouent pour nous ou simplement pour eux. Les morceaux s'enchaînent, sans aucune autre information, sans qu'aucune parole ne soit échangée avec le public et à la fin du concert, il me faudra réfléchir pour savoir s'il y a eu, ou non, présentation des musiciens tant celle-ci fût rapide.
Même si Tyrone chantera un ou deux morceaux, c'est Cyril et Bart qui se partageront le chant solo et on entendra des titres du nouvel album tels "Reach my goal" (Cyril), "I Wanna Be Free" ou "Don't Look Back" (Bart). Cyril abandonnera régulièrement ses percussions pour sauter, danser, bouger … comme un jeunot de presque 67 ans.

Bart Walker. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Bart Walker. Photo Gilbert Béreau. 2015.


C'est du quasiment parfait pour ce que ce veut être ; ceci étant, ce n'est pas ma musique préférée, ni mes rythmes favoris. Mais, même si j'ai eu l'impression d'entendre un peu toujours la même chose et si l'absence de vraie mélodie me trouble, force est de constater que je suis resté scotché devant la scène à apprécier le travail alors qu'à la maison, j'ai bien de la peine à écouter le disque d'un seul jet.


Cyril Neville. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Cyril Neville. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Des moments de vrai plaisir lors de l'interprétation du titre "Rock and roll" qui date du deuxième album, donc de la formation originelle ou encore pour un vrai blues qui, sans certitude, pourrait bien avoir été le "Sweet little angel" de B B, et durant lequel Bart a fait merveille à la guitare. Lequel Bart fût ma grande révélation de la soirée, tant pour ses qualités vocales que pour sa dextérité le long du manche, même si, comme beaucoup de ses pairs trop doués, il en fait parfois un tout petit peu trop en scène.
Un show qui comblera de joie les amateurs de funk et/ou de rock sudiste si l'occasion se présente à vous d'aller les voir.

Site du groupe :

http://www.royalsouthernbrotherhood.com/
Site Cyril Neville :

http://www.cyrilneville.net/
Site de Bart Walker :

http://www.bartwalker.net/
Site de Tyrone Vaughan :

http://tyronevaughan.net/bio.html
Site de Yonrico Scott :

http://www.yonricoscott.net/
Sierre Blues Festival_7/2015 :

https://www.youtube.com/watch?v=ZYxXUugQX74
A la Nouvelle Orléans en mai :

https://www.youtube.com/watch?v=o7n9MWZ-FSM
Ce mois de juillet-long extrait :

https://www.youtube.com/watch?v=zq4AGJV-BkQ

 

 

 

 

LUNDI 13 JUILLET. Square Dom Bedos

 

Pas le temps de se reposer que le lendemain on remettait ça ! Ce lundi c'était nos amis des 'Flyin' Saucers Gumbo Special' qui avaient la charge de chauffer le parterre. Pas facile à cette heure de fin d'après-midi et alors que le public commence juste à arriver nonchalamment. Fabio empoigne donc son mélodéon, se démène comme un beau diable en invitant les spectateurs à s'avancer, annonce une soirée très rock and roll avant d'entonner le morceau de bravoure "Big Will", un titre de 2011, issu du CD 'Crawfish groove' et capable de conduire n'importe quel centenaire à jeter sa canne aux orties.

 

 

Flyin' Saucers Gumbo Special. Photo Gilbert Béreau 2015.
Flyin' Saucers Gumbo Special. Photo Gilbert Béreau 2015.


'Feeling Blues' vous a déjà parlé de cet attelage multirégional dont la composition ne varie plus pour une cohésion autorisant une qualité de plus en plus exigeante (n°12-p 8 & 10). Ce soir, c'est encore avec un grand plaisir que nous retrouvons le bordelais Fabio Izquierdo (chant/harmonica/melodeon), le toulousain Fabrice Joussot (chant/guitare), le charentais Charly Duchein (basse) et les bretons Cédric Le Goff (chant/claviers) et Stéphane Stranger (batterie).

Fabio Izquierdo & Charly Duchein. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Fabio Izquierdo & Charly Duchein. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Fabrice Joussot. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Fabrice Joussot. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Fabio, Fabrice et Cedric vont se partager le chant solo, peut-être moins équitablement qu'à l'accoutumée car il m'a semblé que le tour de Patrice revenait plus fréquemment, illusion ? Pour autant cela ne m'a pas choqué tant il était évident que Patrice tenait la grande forme ; avec son pantalon retroussé au-dessus des chevilles sur de superbes espadrilles  chamarrées comme un parterre de fleurs, il avait probablement passé l'après-midi à la plage.




Le début du concert sera l'occasion de faire des titres plus anciens, biens rôdés et dont le résultat sur l'excitation de la foule est assuré ; c'est le cas de "New Orleans", ou "Wanna do that" tous deux extraits de l'album 'Crawfish groove' ; plus funky sera "Fire on the bayou" issu lui de 'Raw & spicy covers' (2007).

Cédric Le Goff. Gilbert Béreau. 2015.
Cédric Le Goff. Gilbert Béreau. 2015.



La seconde partie du set sera plutôt dédiée à de nouveaux titres figurant sur 'Swamp it up', leur dernier album (voir n°12-p10). C'est ainsi qu'on vibrera au musclé "Women & Buicks", qu'on se calmera avec "Dance around me" avant de chalouper au rythme funky de "What ya doin' first" composé par Charly qu'ils ne se privent pas de traiter d'étourdi. Et ainsi avec toute une variété de rythmes, du "Great zombie" à "Your dog", ils nous conduiront vers la fin du concert, non sans quelques pitreries tout à fait représentatives de leur connivence avec le public pour que l'ambiance de la soirée soit des plus chaleureuse.

Photo Gilbert Béreau. 2015.
Photo Gilbert Béreau. 2015.

Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, Fabrice demande aux spectateurs s'ils vont vouloir un rappel et que, si c'est le cas, autant qu'ils restent sur scène. Fortement applaudi, on fait comme dit et c'est Fabio qui s'y colle en chantant à la fois dans le micro normal et dans celui de l'ampli harmonica.



Note : Rappelons ici que leur dernier album (Swamp it up – 9/2014) a représenté la France au dernier IBC dans la catégorie 'Meilleur album autoproduit'


Site officiel du groupe :

http://www.flyinsaucersgumbospecial.com/
A Bourgs en juillet :   

https://www.youtube.com/watch?v=qb6GzF99WOI
https://www.youtube.com/watch?v=PHfngjFN9JE
Au New Morning en juin dernier :

https://www.youtube.com/watch?v=JBAx-SI4RO4
En Périgord au printemps :    

https://www.youtube.com/watch?v=_-BmOXe_yUQ


 

 

Le second groupe de la soirée était 'Texas Cannonballs' qui avait assuré l'ouverture de la soirée de la veille. Comme il s'agit de garçons propres sur eux, ils avaient changé de tenue vestimentaire mais le show avait quasiment le même contenu que la veille ; donc, vous vous reportez au compte-rendu ci-dessus. Une simple remarque, la balance vocal/mix instrumental était bien mieux équilibrée que la veille … le spectacle n'en fût que meilleur.

Texas Cannonballs. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Texas Cannonballs. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

 

 

 

Le soin de clôturer la soirée était confié à Nikki Hill et son groupe emmené par Matt, son époux. Feeling Blues vous a déjà beaucoup parlé de Nikki & Matt (n°11-p9 ; n°12-p6 & n°13-p7). Nous n'allons donc pas vous infliger une nième courte bio du couple, ni du groupe ; tout ceci est bien stable … sauf qu'ils ont un an de plus !

Nikki Hill. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Nikki Hill. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Et du coup, ce qui a bien changé, c'est l'aspect de Nikki ! Finie la choucroute sur le haut du crâne et bonjour à une coiffure toute naturelle avec cheveux crépus et mi longs ; je l'ai trouvé toute rajeunie ; oui, je sais, c'est fou de dire cela d'une jeune femme d'à peine 30 ans !

Matt & Nikki. Photo Gilbert Béreau .2015.
Matt & Nikki. Photo Gilbert Béreau .2015.

C'est avec son morceau de bravoure emprunté à Chuck Berry qu'elle démarre le set et se sera un très très long "Sweet little rock and roller" durant lequel elle va tournoyer en scène comme une tornade prouvant qu'elle n'a rien perdu de sa formidable énergie. Pareil pour Matt qui accompagnera ses magnifiques phrases de guitares d'un visage parfois ravi ou parfois torturé.
La première partie du set permettra de retrouver des chansons de son premier album ou des titres qu'elle faisait en concert l'an dernier, au hasard "I know", "Don't look down" ou l'éternel "Keep a knockin'".

Autre chose où j'ai trouvé qu'elle a fait de bien gros progrès est son approche des spectateurs. Point trop pour ce qui concerne les adresses verbales, même s'il me semble qu'elle parle un peu plus et avec plus d'aisance, le changement réside surtout dans son assurance et le regard qu'elle porte au public, maintenant son public !

Nikki. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Nikki. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Matt & Nikki. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Matt & Nikki. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Puis nous entendrons quelques titres tout neufs, issus d'un CD qui ne sortira qu'en septembre mais dont elle avait amené quelques exemplaires pour la tournée. Bien sûr, Feeling Blues vous en parle dans les pages de ce même numéro consacrées aux 'albums à découvrir'. Nous aurons ainsi droit au titre phare, "Heavy hearts, hard fists" puis "Nothing with you" ou "Struttin'".
Même s'ils sont aujourd'hui installés à Saint Louis (Missouri), elle nous annoncera fièrement une chanson de son état de Caroline du Nord ; et c'est "Number nine train" de Tarheel Slim, un noir qui méritait mieux que le succès local qu'il a eu dans les 50's. Ce Tarheel avait un jour formé un groupe appelé 'The Jubilators' … parfaitement en adéquation avec l'esprit de Nikki !
Vers la fin du set, Matt nous fera un petit bijou d'instrumental dont je ne connais pas le titre mais qui avait un furieux goût de 'revenez-y' ! Comme quelques autres guitaristes avant lui, Matt semble vouloir se consacrer à la carrière de son épouse mais de temps à autre, nous aimerions bien le voir prendre un tout petit peu plus de place. N'oublions pas qu'il n'a que 30 ans, qu'il tourne professionnellement depuis presque la moitié de son existence et qu'il a deux albums à son actif qui contiennent quelques plages intéressantes (On the floor/2010 et Tappin' that thang/2012).

Ed. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Ed. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Autre nouveauté, Ed, le bassiste, qui au fil du concert se met à bouger, danser comme jamais l'année dernière ; un groupe en constante amélioration et dont la cohésion augmente avec le temps – il faut dire qu'on est vite impressionné en regardant le nombre de concerts qu'ils ont donné ces douze dernier mois !

On revient au premier album pour terminer le spectacle et ce sera "Strapped to the beat". La foule est maintenant compacte devant la scène, pratiquement infranchissable et elle n'a pas l'intention de laisser abréger son plaisir. Elle réclame le retour des musiciens qui feront leur rappel sur "Twistin' the night away", un titre de Sam Cooke qu'ils faisaient régulièrement mais qui est aujourd'hui enregistré sur le nouvel album.

Site de l'artiste :

http://nikkihillmusic.com/
07/2015-concert complet en Espagne :

https://www.youtube.com/watch?v=hUVPU5Rk9ms
07/2015-Sierre Blues Festival :

https://www.youtube.com/watch?v=mNQY93OSWO8

 

 

 

 

VENDREDI 24 JUILLET Parc aux Angéliques

 

Une soirée que j'ai failli occulter, sauf que …
Forte de quatre groupes, la soirée démarrait donc de bonne heure avec le trio basque des Lookers. Ils se définissent eux-mêmes comme un groupe balançant du “rock-garage énervé, tutoyant le garage-punk et le rock alternatif”. Je ne sais que dire car il faudrait être spécialiste et je ne le suis pas …


Le second groupe de la soirée nous venait d'Australie, plus précisément de Melbourne, et répondait au nom charmant de 'La Bastard'. Entourant la chanteuse Anna Lienhop, on trouve le guitariste Ben Murphy, le bassiste Dick Straight et la batteuse Julia Watt. Formé en fin 2010, le groupe prétend proposer un mélange de R' 'n' R' des origines, de surf des 60's, de punk rock et, à l'écoute de leur dernière compilation (Ooh la, La Bastard -7/2014), le pourcentage de punk ne m'avait pas trop dérangé.

Anna Lienhop. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Anna Lienhop. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Ben Murphy. Photo Gilber Béreau. 2015.
Ben Murphy. Photo Gilber Béreau. 2015.
Dick Straight. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Dick Straight. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Julia Watt. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Julia Watt. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Ils démarrent leur concert et dès le premier titre, le guitariste saute de scène et se met à gambader tout en faisant des bonds dans l'herbe … probablement en manque de kangourous, le mal du pays ! L'équilibre semblait correct au départ mais quelqu'un est rapidement venu demander de renforcer la guitare, Ben s'est tout de suite exécuté ; demandez donc à un aveugle s'il veut recouvrer la vue …  et ce sera un concert de R' 'n' R' dopé à l'électronique. Et de fait, si la musique se veut plutôt rock and roll, l'attitude des deux guitaristes est tout à fait celle de musiciens des groupes des 80's. La chanteuse, dotée d'une voix plutôt agréable, remettra ses chaussures à la fin du set pour, elle aussi, aussi sauter dans l'herbe.

Photo Gilbert Béreau. 2015.
Photo Gilbert Béreau. 2015.

Quelques instrumentaux, par exemple "Timorese ninja", ont plus agréablement chatouillé mes oreilles car ne posant pas la question de l'équilibre voix/instruments.
Le public fût plus enthousiaste que moi et réclama un rappel ; ce fût "I wanna tell you something" issu de leur premier album.

Site du groupe :

https://labastard.bandcamp.com/
Début de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=YZkpczTCG2o
Le rappel de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=uA9R-xBRgTU



Retour de DJ Feelgood qui, pour une petite demi-heure, revient me rincer les oreilles avec quelques vieux R&B et vrais R' 'n R'. Puis ce sera le combo espagnol 'The Excitements' qui m'offrirent la vraie surprise de la soirée, mais il était clair que je n'étais pas le seul dans ce cas.

 

 

The Excitements. Photo Gilbert Béreau. 2015.
The Excitements. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Ce septuor nous vient de Barcelone et il est mené par une jolie jeune femme du nom de Koko Jean Davis dont les racines sont à chercher beaucoup plus loin de l'autre côté de l'Afrique et au bord de l'océan indien, dans ce Mozambique où on devait plutôt parler le portugais. Pas d'importance car il semble bien qu'elle maîtrise au moins 4 ou 5 langues correctement, dont le français. Le reste de la formation comprend Albert Greenlight à la guitare solo, Adrià Gual à la rythmique mais il est aussi compositeur du groupe, les cuivres sont entre les mains de Jordi Blanch et Nico Rodriguez Jauregui pour respectivement les saxos ténor et baryton et tout ce beau monde se repose sur une section rythmique constituée de Daniel Segura à la basse et Antonio Torres à la batterie. A noter le changement des titulaires de la guitare solo, du saxo ténor et de la batterie depuis 2013 et leur dernier disque 'Sometimes too much ain't enough'.

 

Koko Jean Davis. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Koko Jean Davis. Photo Gilbert Béreau. 2015.


C'est en 2010 qu'ils déboulent au 'Boiler Club' de Barcelone, établissement spécialisé dans la musique des 50/60's, et quelques six mois plus tard, 'The Excitements' faisaient une tournée européenne ! Nul miracle dans tout cela, il vous suffira d'aller les voir pour les applaudir et comprendre. Ils ont eux-mêmes annoncé la couleur en expliquant qu'ils avaient délibérément fait l'impasse sur la funk-soul à la mode pour se concentrer sur la soul des origines.


The Excitements. Photo Gilbert Béreau. 2015.
The Excitements. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Je sais que je ne vais probablement pas faire plaisir à Koko Jean Davis en disant que lorsque je l'ai vu surgir en scène j'ai immédiatement pensé à une Tina Turner modèle réduit. Qui puis-je ? Elle est tout aussi jolie, même port, même robe très courte qui moule un corps superbe, même énergie débordante et lorsqu'elle entonne son premier titre l'illusion se confirme grâce à une belle voix puissance au service d'un style de musique autrefois défendue par Tina dans sa première époque. La voix est un peu moins rauque que celle de la néo suissesse et bien sûr la chorégraphie est moins étudiée puisqu'il n'y a pas d'Ikettes ; justement, elle n'en parait que plus naturelle. Koko Jean bouge, danse, joue avec les musiciens, s'adresse au public, bref un vrai spectacle vivant qui n'enlève rien à la qualité du chant et en plus, l'équilibre voix/mix instrumental était bon.


Koko Jean Davis & Alberet Greenlight. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Koko Jean Davis & Alberet Greenlight. Photo Gilbert Béreau. 2015.

On entendra des titres de leur premier album dont "I don't love you no more" qu'on ne peut pas ne pas rapprocher du "You don't want me no more" de Tina. Mais on aura surtout droit aux chansons du dernier disque dont le titre phare "Sometimes too much ain't enough" ou le rock and roll "Keep your hands of" longuement introduit par des claquements des mains des musiciens … et par ricochet du public. Parmi les autres grands moments, citons le morceaux "Ha, Ha,Ha" introduit par une diatribe contre le machisme ou "I've bet and I've lost again" un beau blues composé par le guitariste Adrià Gual.

Inlassablement elle continuera à se remuer, à danser, à sauter jusqu'à la fin du set, toujours parfaitement soutenue par un groupe d'une cohésion exemplaire. Les musiciens sont de premier ordre et les guitaristes se balancent d'un pied sur l'autre, un peu comme les Shadows de Cliff dans les années 60.
Ce fût pour moi une bien belle découverte et je vous souhaite à tous d'avoir l'occasion de passer le plus tôt possible une belle soirée avec 'The Excitements'.

Site du groupe :

http://theexcitementsband.com/
Extrait de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=I_rptPjkIZ0
Une petite demi-heure début juillet :

https://www.youtube.com/watch?v=nYBaibSLGpE
Live à FIP (2014) :

http://www.dailymotion.com/video/x1bkxiy_the-excitements-live-a-fip-du-6-fevrier-2014_music

 

 

Et après un nouvel intermède du DJ Feelgood, le dernier groupe apparaissait en scène, celui de 'Lisa & The Lips'.

 

 

 

Lisa Kekaula. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Lisa Kekaula. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Lisa, c'est Lisa Kekaula californienne née au milieu des 60's d'une maman noire et d'un père hawaïen. Elle est plus connue pour son appartenance au groupe 'The BellRays', crée en 90 avec son mari Bob Vennum, formation qui sautera rapidement d'un R&B un peu classique à une espèce de mixture de styles, oserais-je dire soul-punk ? C'est en Espagne que le couple initiera son nouveau projet en montant la formation 'Lisa & The Lips', une grosse machine de guerre avec 8 musiciens dont un clavier polyvalent et une section de cuivre. Hormis Bob Vennum, son époux américain, et Henrik Widen, le suédois aux claviers, tous les autres musiciens de la formation sont espagnols ; pour info, Pablo Pérez (guitare), David Carasco (saxo), Alex Serano (trompette), Pablo Rodas (basse) et Max Resnicosky (batterie).

 

Lisa. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Lisa. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Bob Vennum. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Bob Vennum. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Lisa entre en scène dans une robe vivement colorée, les cheveux coiffés en chignon, les yeux bordés de paillettes dorées et tout de suite elle met sa jolie voix en valeur. Tout ce beau monde remue beaucoup en scène pour exciter le spectateur, mais avec un manque de spontanéité plutôt évident comme par exemple lorsqu'ils se jettent tous à genoux devant le clavier d'Henrik. Tout ceci est parfaitement bien apprêté mais, et j'en suis navré, je ne parviens pas à vraiment accrocher !

Lisa & The Lips'. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Lisa & The Lips'. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Contrairement à l'habitude, j'ai réussi à me faire à l'album à la maison mais, bien que ce soit le troisième de leurs concerts auquel j'assiste, j'ai de la peine à me laisser emporter. A part une poignée de titres dont la reprise du "Going down", succès pour Freddy King écrit par Don Nix, le reste m'a laissé plutôt dubitatif. Il est pourtant indéniable que Lisa a un superbe organe et j'imagine aisément ce qu'elle pourrait faire avec un autre matériel musical. Pour s'en convaincre, il n'est que d'écouter le superbe "It only take a little time" ; et heureusement, elle nous l'a chanté ce soir ! Je ne dois pas être fait pour la soul-punk, mais je reviendrai essayer.

Site du groupe :

http://lisaandthelips.com/
Extrait de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=c1IEIxh--5w
Le 22/7 à La Rochelle :

https://www.youtube.com/watch?v=eNV-iOM7DYc
Site des BellRays :

http://www.thebellrays.com/
Les 2 leaders dans la formation 'BellRays' :

https://www.youtube.com/watch?v=aJJ2wUtyJeQ

 

 

VENDREDI  31 JUILLET  Parvis Bergonié

 

Inauguration d'un nouveau site pour cette soirée du festival 'Relâche' ; ce sera d'ailleurs le seul passage en ce lieu dont l'espace est un peu plus réduit. Par contre, situé juste à côté d'un arrêt du tram, il permit à une foule compacte de venir se serrer contre l'estrade malgré une température bien rafraîchie par les orages.
Une soirée de dames et, vers 19:30, Gemma Ray était la première à se présenter face à une assistance qui arrivait tranquillement. Bien qu'apparemment installée à Berlin depuis l'an dernier, Gemma est une jeune anglaise de 35 ans puisque que née dans l'Essex et telle qu'elle nous apparaît, elle pourrait être une jeune femme tout droit sortie d'un reportage de la BBC durant les 60's.

Gemma Ray. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Gemma Ray. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Gemma Ray. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Gemma Ray. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Après avoir fermé les yeux, il suffit de se polariser sur la robe, la coupe de cheveux et le maquillage des yeux pour subitement rajeunir d'un demi-siècle ! Peu de rapport avec le blues, sa musique est une pop qu'on peut qualifier de sophistiquée, portée par une guitare plutôt twangy ; elle a réussi à en publier la bagatelle de sept albums en huit ans !


Gemma Ray en duo avec Andrew Zammit. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Gemma Ray en duo avec Andrew Zammit. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Elle est accompagnée par un camarade de longue date, le batteur gallois Andrew Zammit qui est aussi le fondateur du label 'Bronze rat records' qui, entre autres, édite Gemma Ray depuis le début. Il se concentrera sur ses caisses sans attirer l'attention plus que nécessaire, c’est-à-dire en apportant un soutien discret mais cependant efficace essentiellement avec balais et marteaux. De temps à autre, il abandonnera les fûts pour se retourner vers le clavier placé à sa droite et offrir un accompagnement plus fourni à la voix de la belle.

Elle va nous chanter des titres de son dernier CD (Milk for your motors/2014) comme "Desoto" ou "Out in the rain" et rapidement, tout ceci parait un peu monotone ; alors, de temps à autre, surgit un titre un peu plus enlevé comme "The right thing did me wrong", toujours du dernier opus. Elle ira aussi chercher de vieux titres du tout début de sa carrière, extraits de l'album "Light out Zoltar !/2009) comme "So do I" ou "Dig me a river". Avant tout compositrice de ses chansons, elle a toutefois fait un album de reprises ( It's a shame about Gemma Ray/2010) dont elle nous extraira les morceaux "Put the bolt in the door" et "Ghost on the highway". Et vers la fin du set, elle nous gratifiera d'une toute nouvelle chanson qu'elle n'a pas encore gravée et qui, je crois, porte le titre "Original lone".

Andrew Zammit. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Andrew Zammit. Photo Gilbert Béreau. 2015.

J'aurais probablement de la peine à écouter un disque entier à la maison, mais dans l'ambiance du festival, voilà un couple qui propose une musique tout à fait audible même s'il faut noter un certain manque de chaleur et de variété.

 

J'allais oublier ! Comme elle ne s'en est pas servi, je n'ai aucune certitude quant à l'utilité du magnifique couteau de boucher planté derrière le chevalet de la guitare vers la fin du set (voir la vidéo ci-dessous). Il semblerait qu'elle l'utiliserait parfois pour jouer de la guitare slide … bougre, mais comment !

Site de l'artiste :

http://gemmaray.tv/
Extraits de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=oSVFmlSXNcY
(If you want to R' 'n' R' & The right thing did me wrong)
2013-concert complet avec orchestre :

https://www.youtube.com/watch?v=n6vNDnCwBP0

 

 

La seconde dame de la soirée est également une anglaise de 35 ans et se nomme Kyla Brox. Je vous ai dit tout le bien que je pensais de son dernier double CD dans le précédent numéro et il n'était pas question que je rate son passage à Bordeaux. J'avais profité de cette critique de disque pour vous fournir une courte bio de Kyla que nous n'allons pas répéter ici, reportez-vous donc au n°15-p 13.

 

Kyla. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Kyla. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Elle se présente en trio, soit la formation du premier CD du double album 'Live at last' ; ce trio étant constitué de Kyla au chant et parfois à la flûte, de son époux Danny Bromeley à la guitare acoustique et de Tony Marshall au saxophone ; ou plutôt aux saxos car Tony en a amené trois, dont un ridiculement petit mais dont il sortira pourtant de fulgurantes phrases.

 

Tony Marshall, Kyla et Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Tony Marshall, Kyla et Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Après les formules de politesse d'usage, moitié en français et moitié-en anglais, c'est par "Great sky blue" que Kyla démarre son set. Immédiatement les spectateurs se rapprochent de la scène et retiennent leur souffle tandis qu'elle poursuit ; mais dès le second titre, "Shaken and stirred", on peut déceler une expression d'incrédulité sur presque tous les visages. C'est tout juste si on ne peut lire les questions sur leurs lèvres : qu'est-ce donc que cette voix ? Où va-t-elle chercher cette puissance, ces intonations et ce rythme ? Puis tout de suite : et celui-là, qu'est-ce qu'il nous fait avec sa guitare ? Comment peut-il soutenir tout seul la chanteuse en donnant l'impression qu'il y a une section rythmique ?



Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Car c'est vrai que nous assistons à un show exceptionnel au sens où il nous change des habitudes. Grâce à une simple guitare acoustique le rythme est vraiment présent et dans la foule, on voit bien remuer les jambes, onduler les torses et taper les pieds. Quant aux capacités de la voix de Kyla, autant dire que les limites en semblent insondables !


Tony Marshall, Kyla et Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Tony Marshall, Kyla et Danny Bromeley. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Elle nous distillera quelques-unes de ses plus belles chansons comme "Don't mess with my man", "Guilty" ou "What's left on the table" entrecoupées de quelques magnifiques blues très lents. Ainsi le titre qu'elle nous dira avoir composé pour sa grand-mère (Gone) ou la magnifique reprise du "At last" d'Etta James qui clôturera le show. Elle avait apporté deux flûtes qu'elle utilisera sur quelques titres ; instrument rare dans le blues mais qui, associée à une voix aussi exceptionnelle que celle de Kyla, réussit à trouver une place qui semble naturelle.
Tout à mon enthousiasme, j'ai occulté ce bon Toni et pourtant, il était à l'unisson ! Il nous a régalés de superbes solos à l'alto, au ténor et même avec son petit sax modèle réduit ; il a pris sa part dans la réussite de ce concert. Très probablement un des tous meilleurs concerts que j'ai vu depuis plusieurs années, en tout cas, la plus surprenant.

Site de l'artiste :

http://www.kylabrox.com/
Extrait de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=6mCEDCzuajI
Autre trio à Marnaz, il y a quelques semaines :   

https://www.youtube.com/watch?v=q4RpWXbKv7I
https://www.youtube.com/watch?v=SLb-98fsUpY
https://www.youtube.com/watch?v=0dXrdjXbRms
Marne-la-Vallée en mai :

https://www.youtube.com/watch?v=j8CahjqRWMs

 

 

La charge de conclure la soirée était confiée à une troisième chanteuse, Sandra Hall. Celle-ci n'est pas une anglaise, mais bien une américaine d'Atlanta et elle aussi a eu 35 ans, mais c'était il y a déjà quelques temps ; non, je ne vous en dirais pas plus !

 

Sandra Hall. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Sandra Hall. Photo Gilbert Béreau. 2015.



Comme une majorité d'artistes noirs de cette génération, c'est dans une église qu'elle commence à chanter encore toute gamine mais dans ce même temps, elle a l'opportunité de sortir de l'église pour interpréter autre chose dans le restaurant de grand-maman. A partir de la puberté, c'est le duo 'The Soul Sisters' avec sa sœur Barbara, puis elle participe à un groupe local appelé 'The Exotics' et, adulte, elle poursuivra la musique en semi-pro tout en exerçant la profession d'infirmière. Elle commencera une carrière discographique au milieu des années 70 et cinq albums enregistrés entre 1995 et 2007 sont disponibles pour vous familiariser avec cette artiste.

Mr. Chang. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Mr. Chang. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Fred Jouglas. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Fred Jouglas. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Ce soir, comme tout au long de cette tournée européenne, elle est accompagnée par le groupe de blues de notre grand sud-ouest, qui ayant conquis la France a pris nom de 'French Blues Explosion'. Donc, nous retrouvons Mr. Chang à la guitare solo, soutenu par la basse de Fred Jouglas et les baguettes de Pascal Delmas. Nous n'allons pas vous resservir une courte bio de ces trois musiciens tant il m'apparaît évident que tous les lecteurs de 'Feeling Blues' les ont déjà croisés ! Par contre, considérant la belle occasion que représente cette tournée, ils ont appelé le barcelonais Victor 'Doors' Puertas qui excelle à l'harmonica et au piano.

Pascal Delmas. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Pascal Delmas. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Victor 'Doors' Puertas. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Victor 'Doors' Puertas. Photo Gilbert Béreau. 2015.

Les musiciens démarrent sans Sandra et c'est Sam Chang qui se colle au chant ; comment vous dire que pour faire monter l'ambiance ils répondent présents et au passage nous reconnaîtrons les classiques "I just want to make love to you" ou "Diggin' my grave". Mais bien sûr, mon grand regret sera de ne pas les avoir vus revêtus de leurs beaux costards bleu (Pascal), blanc (Sam) et rouge (Fred) ; ils resteront en tenue sport, c'est les vacances.


Victor et Mr.Chang. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Victor et Mr.Chang. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Ils appellent Sandra qui ne va pas manquer de contraster tant elle est habillée class ! Et elle va attaquer avec quelques morceaux qui vont mettre en valeur tant sa présence sur la scène que sa voix qui est puissante et qui propulse les syllabes comme autant de coups de poing. Ainsi entendra-on le "Jump into my fire" ou le "Ball 'n' chains" de Big Mama Thornton et au passage un hommage à B B King avec la reprise de "Ask me no questions" qu'elle avait enregistré dès 97.
Et ils vont être généreux et jouer longtemps ; l'ordre des titres a été judicieusement choisi pour offrir une belle variété de rythme et on sent bien que ce spectacle a été bien préparé ente la chanteuse américaine et les musiciens français. Sandra nous fera des titres issus de ses cinq albums, avec ses propres compositions (Pump up your love, par ex.) et des reprises de classiques de la soul. Ainsi, "A change is gonna come" (Sam Cooke) ou des emprunts  à Otis Redding avec "(Sitting) on the dock of the bay" ou "I got the will" durant lequel Sam affûtera un peu plus l'électronique.


Sandra Hall. Photo Gilbert Béreau. 2015.
Sandra Hall. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Puis vers la fin du set, elle attaque "Ease the pain", un superbe blues lent extrait de son album 'One drop will do you' (97) ; nous sommes tous sous le charme lorsqu'elle fait subitement monter un spectateur sur scène. Elle prend soin de le débarrasser d'accessoires inutiles, tels sac ou blouson, avant que de l'entraîner dans une danse langoureuse en insistant pour qu'il ose poser ses mains sur ses fesses … succès assuré !
Puis ce sera un "Let's the good time roll" endiablé, le rappel, puis un détour vers le bar tant il fallait se remettre des émotions. Avec une voix dans la lignée des Koko Taylor, il est tout à fait évident que cette dame mérite largement mieux que la notoriété qui entoure son nom aujourd'hui.

Site des artistes :   

http://www.frenchbluesexplosion.com/
http://www.mistertchang.com/
Infos sur Sandra Hall :

http://www.soulbluesmusic.com/sandrahall.htm
Extraits de ce concert :   

https://www.youtube.com/watch?v=5o5zIa9_BNk
https://www.youtube.com/watch?v=v-92hgHSia8
L'avant-veille à Périgueux :

https://www.youtube.com/watch?v=85d97L7_tAc

 

Textes et Photos de Gilbert Béreau