N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS  2016

 

PAGE 6


BLUES STATION

WEEPING WIDOWS

&

SAN PEDRO SLIM

SALLE DE L'ABESCAT À TOURNON D'AGENAIS (47). LE 30 janvier 2016

Texte et photos de Christian Boncour  

 

 

Premier concert de l'année pour Blues Station et première grosse surprise.

San Pedro Slim  était  en fait un illustre inconnu pour le public venu le voir et l'écouter samedi dernier salle de l'Abescat à Tournon d' Agenais,  on a même un mal fou à trouver ses disques en France. San Pedro Slim est un des artistes les plus brillant et aguerri du circuit de blues moderne aux usa, un artiste qui lors de ses prestations fait actuellement toujours le plein partout où il se produit.

 

 

Lors des ses 2  sets, il entraine dans son sillage une formation homogène dans une longue chevauchée de jumpin' swing & boogie et de West Coast Blues saturé de swing, cet excellent harmoniciste et chanteur passionné a offert au public une palette riche et varié de musique blues.

 

Nico Duportal (guitare et chant), San Pedro Slim (Harmonica et chant), Pascal Mucci (batterie) et AbdellB.Bop (contrebasse).
Nico Duportal (guitare et chant), San Pedro Slim (Harmonica et chant), Pascal Mucci (batterie) et AbdellB.Bop (contrebasse).

 

Une guitare au son crasseux,  un groove impétueux à la tonalité poisseuse, des rythmes accrocheurs, il n'en fallait pas plus pour que  le public se laisse prendre au jeu dès le troisième titre le tour était joué.

Grande originalité aussi, pas une reprise au répertoire, toutes les paroles sont du maître au talent de compositeur et de conteur indéniable.

 

Très gros succès côté public et plusieurs rappels pour un concert qui va aussi sans doute marquer l'éclosion définitive de Nico Duportal comme l'un des guitaristes français les plus versatiles et doués du moment.

Pour le début de soirée c'est un concert rare et peu commun d'un duo toulousain composé de Mickael Mazaleyrat, harmoniciste hors-pair épaulé d'un jeune guitariste de talent Joris Ragel qui emballa le public.

 

Weeping Widows proposa un excellent show avec  une musique innovante voir originale, faisant preuve d'une culture musicale qui sort des sentiers battus, un mélange subtil de blues traditionnel et de musique du monde mêlant funk, Afrique du Nord, et Andalousie en une musique toute personnelle.

 

 

 

 

Prochain rendez vous" Blues Station" à Tournon d'Agenais, attachez vos ceintures, on nous promet une "rockin' blues night" du tonnerre avec Ronnie Baker Brooks accompagné de son band régulier de Chicago : vendredi 25 mars 2016.

 

Texte et photos Christian Boncour

 

 

 


EDEN DISTRICT BLUES

MIKE GREENE & YOUSSEF REMADNA

SAN PEDRO SLIM

SALLE DE L'EDEN À ORAISON (04) LE 31 JANVIER

Texte et photos de Michel Faton

Et voila, 1er concert d'EDEN DISTRICT BLUES de l'an nouveau hier après-midi à ORAISON et pour cette 1ère mouture ce fut un grand moment.

 

 

Mike
Mike
Youssef
Youssef

1ère partie avec Mike Grenne et Youssef Remadna en pleine forme, qui ont revisité les standards du old deep blues plus quelques compositions personnelles, donnant le ton et l'ambiance avec beaucoup d'humour et il ne pouvait en être autrement avec un Youssef fidèle à sa personnalité, ceux qui le connaissent ne seront pas surpris.

 

 

 

San Pedro Slim
San Pedro Slim

Puis SAN PEDRO SLIM, avec sa silhouette faisant penser à un héros tout droit sorti d'un roman de Steinbeck, chemise à carreau de fermier du Middle West, harmoniciste convaincant, particulièrement dynamique ne dédaignant pas laisser la part belle aux composantes de son line up dont un Nico Duportal impérial, le mot n'est pas trop fort, un maitre de la six cordes abondamment applaudi après chaque solo, qui a tout donné, ainsi qu'Abdel be Bop à la contrebasse un maitre es-contrebasse ce garçon, le tout soutenu aux fûts par un Pascal Mucci particulièrement tonic...

Nico, San Pedro et Abdel.
Nico, San Pedro et Abdel.
Youssef, Nico et San Pedro.
Youssef, Nico et San Pedro.
Youssef et Nico.
Youssef et Nico.
Abdel et Mike.
Abdel et Mike.


Une salle comble, un public conquis, debout, qui en redemandait même après le bœuf final réunissant sur scène la bande de San Pedro Slim et le duo Grenne/Remadna...

 

À noter la technique et son, assurés comme d'habitude et de main de maître par Jean-Paul Avellaneda (MERCY) et son équipe petites mains efficaces, qualitatives et indispensables...

 

Texte et photos de Michel Faton

 

 


JOHN PRIMER

MUDDY WATERS 100

THÉÂTRE FELIX MARTIN. St RAPHËL(83). Le 14 octobre 2015.

 

Par Jean-Louis Guinochet.  Photos André Fanelli et Pascale Maire

 

 

 

Un attroupement s’était formé devant la salle du théâtre Felix Martin à St Raphaël bien avant l’ouverture des portes. La notoriété de John Primer ou le nom mythique de Muddy Waters avaient attiré tous les amateurs de la région. J’avais le plaisir d'y retrouver des amis venus de Marseille, de Nice ou de Saint-Rémy-de-Provence.

 

 

La tournée avait pour but la promotion du dernier album de John Primer, Muddy Waters 100, sorti pour fêter le centenaire de la naissance de Muddy (voir la chronique en page 13 du n°16). John Primer fut le guitariste et ultime chef d’orchestre du dernier groupe de Muddy Waters, il était donc logique que le producteur Larry Skoller se tourne vers lui pour rendre cet hommage au Maître. Qui d'autre que ce guitariste excellent joueur de slide et bon chanteur aurait pu faire mieux ?

 

Mattheu Skoller, Andrew Blaze thomas et Felton Crews. Photo André Fanelli.
Mattheu Skoller, Andrew Blaze thomas et Felton Crews. Photo André Fanelli.

 

La réussite de l'album ne pouvait qu’exciter notre curiosité.
La salle est comble; le concert annoncé en un seul set d’une heure trente commence à l’heure. C’est l’harmoniciste et chanteur Matthew Skoller (le frère de Larry), en chef de groupe, qui a l’honneur d’ouvrir le show, le temps de peaufiner un son très Chicago Blues pour accueillir John Primer. A ses côtés, Johnny Iguana est au piano, Felton Crews à la basse et Andrew Blaze Thomas à la batterie.

 

Johnny Iguana, John Primer et Matthew Skoller. Photo Pascale Maire.
Johnny Iguana, John Primer et Matthew Skoller. Photo Pascale Maire.
Andrew Blaze Thomas. Photo Pascale Maire.
Andrew Blaze Thomas. Photo Pascale Maire.

 

Accompagné par une section rythmique à la hauteur de l’enjeu, le son et le jeu à l’harmo sont d’emblée une merveille. Et que dire du choix du piano, un piano droit acoustique au son et à l’attaque qui nous replonge dans les clubs de la belle époque de la Windy City. Avec des musiciens de ce talent, nous savons déjà que John Primer sera porté très très haut pour nous dérouler une bonne partie du répertoire de Muddy, revisité ou pas, peu importe.

Photo André Fanelli.
Photo André Fanelli.

 

L’arrivée sur scène de John provoque une ovation. Le bluesman souriant et à l’aise semble en pleine forme. Je ne serai pas déçu car nous aurons droit à un festival de Chicago Blues façon Muddy Waters comme rarement j’ai pu y assister. L’amour de John pour Muddy est présent sur tous les titres et de Good New à Mannish Boy, de I Feel Good à I’m Reddy ou autre Rosalie et Got My Mojo Working tout en passant par Little Red Rooster et Hoochie Coochie Man, nous sommes plongés dans l’univers du Maître.

 

Johnny Iguana, John Primer & Matthew Skoller. Photo André Fanelli.
Johnny Iguana, John Primer & Matthew Skoller. Photo André Fanelli.

Aucun ne ménagera sa peine, les chorus seront somptueux, l’échange avec le public permanent, l’émotion souvent débordante…. un grand moment.

Après une standing ovation, il reviendra pour deux morceaux généreux. Beaucoup d’entre nous quitteront les lieux sur un nuage. Une telle musique ne s’estompe pas si facilement dans nos oreilles !
 

 

Jean-Louis Guinochet. Photos André Fanelli et Pascale Maire

 


BLUES AT THE JUKE JOINT # 4

  CÉRONS (33). Le 17 octobre 2015.

RAW WILD / LORETTA & THE BAD KINGS

Par Gilbert Béreau.         Photos de Jean-Pierre Vinel

 

La quatrième édition de 'Blues at the Juke Joint' s'est tenue en cette belle journée d'octobre dans le village viticole de Cérons. 'Feeling Blues avait été fort présent en 2014, lors de deux premières soirées ; mais en raison d'un festival à l'autre bout du pays, nous avions malheureusement manqué la troisième édition rondement menée par Mr. Chang. Nous ne voulions pas rater cette nouvelle séance et le stand 'Feeling Blues fût ouvert dès le matin. Le soleil aidant, les gens ont défilé pour admirer des véhicules d'un autre âge, rechercher de la pièce détachée ou, dans un autre domaine, dénicher un vieux vinyle.

Au moment d'un repas pris à l'espagnole, soit très tardivement, deux guitaristes sont venus s'installer dans un coin de la salle de spectacle et nous ont offert un long set de 'finger picking'. Il s'agissait de David et Patrick qui viennent de constituer un nouveau duo amateur du nom de 'Cool & Pickers'. Avant toute levée de bouclier de nos lecteurs vaccinés au Blues, nous rappellerons que cette technique n'est pas l'apanage des guitaristes de musique country, même si, concernant l'évolution et l'attrait du public, on ne saurait nier les apports successifs des Merle Travis, Chet Atkins, Jerry Reed ou Tommy Emmanuel, pour ne citer que les plus célèbres.

Ce sont tout de même des bluesmen qui, au tournant du 20eme siècle, ont introduit cette technique dans la musique populaire américaine et auraient commencé à utiliser ce style de jeu pour tenter d'imiter le piano ragtime grâce à un pouce comparable à la main gauche du pianiste tandis que les autres doigts représentaient sa main droite. Vous en trouverez des exemples dès les tout premiers enregistrements d'artistes comme Memphis Minnie, Big Bill Bronzy ou Blind Blake. Après cet aparté, revenons à ce duo qui, même si les deux protagonistes ont une longue pratique individuelle de la guitare, se met juste en place et n'ayant de la matière que pour une grosse heure de scène. Alléluia ! De bons musiciens qui expriment leur volonté de ne pas chanter ! Rare de nos jours et, à notre époque, fatalement un handicap pour attirer du public en bord de scène ! Pour eux, c'est guitare avant tout et tout peut se jouer en picking ; on passera ainsi de classiques comme "Blue moon" ou "Georgia on my mind" à des titres plus bluegrass comme "Cannonball rag" ou "Jerry's breakdown" pour finir avec des titres comme "Imagine" ou "Hotel California". De la belle ouvrage avec une sacrée mise en place des deux guitares et que tous les présents ont apprécié à sa juste valeur.

Plus tard dans l'après-midi, le Patrick du duo 'Cool & Pickers' accompagnera Little Lo, guitariste amateur et responsable de l'association 'Blues Story', organisatrice de l'évènement. Ils vont nous faire 3 ou 4 titres dont le classique "Wayfaring stranger". Après le départ de Patrick, Little Lo empoignera son dobro et continuera en solitaire pour une courte série de blues extraits de ses répertoires favoris, soit ceux de Blind Boy Fuller, Bukka White ou Kokomo Arnold ; il terminera sur le "Candy man" de Mississipi John Hurt.

 

 RAW WILD

Raw WIild. Thibault Ripault (T.Bo), Stéphane Charles et Julien Bourrousse.
Raw WIild. Thibault Ripault (T.Bo), Stéphane Charles et Julien Bourrousse.

 

Ouf, quel soulagement ce fût de voir une salle correctement garnie à l'heure où le premier groupe a pris place sur scène. Cette première formation a pour nom "Raw Wild" et il s'agit d'un trio composé de Stéphane Charles au chant et à la guitare rythmique, de Julien Bourrousse à la contrebasse et de Florian Mellin à la guitare solo. Feeling Blues vous a déjà parlé de ce dernier qui est aussi le guitariste des Pathfinders (voir n°10/p 2) mais indisponible ce soir, il remplacé par une grosse pointure puisqu'il s'agit de Thibault Ripault (T.Bo). Le groupe est résolument orienté rockabilly avec plus précisément les yeux tournés vers Johnny Cash et au cours de la soirée nous entendrons les classiques des débuts de l'homme en noir que sont "Folsom prison blues", "Cry, cry, cry" ou "Big river". Mais Stéphane a une voix rauque et il abordera rapidement le répertoire noir avec le "Smokestack lightning" d'Howlin' Wolf qui donnera l'occasion à T.Bo de sortir de sa réserve du début et de briller avec un long solo.

 

Stephane et Julien.
Stephane et Julien.

Puis les ténèbres ont peu à peu envahi la campagne, les stands extérieurs ont pliés bagages et ce fût l'attente un peu angoissante de la soirée. En effet, il n'avait échappé à personne que la concurrence serait rude avec une certaine demi-finale de la coupe du monde de rugby opposant les français aux 'All-blacks'.

T.Bo et Stéphane.
T.Bo et Stéphane.

Nos compères vont rocker sur de grands classiques du répertoire américain noir et c'est ainsi que nous entendrons "Boogie woogie country girl" (Big Joe Turner), "I got a woman" (Ray Charles), "You never can tell" (Chuck Berry) ou l'inusable "Route 66" ; autant de titres depuis longtemps adoptés et adaptés par les chanteurs de rockab et de R' 'n' R'. Nos compères vont savoir parfaitement varier le contenu du set et, selon les morceaux, la guitare de T.Bo adoptera des accents plutôt rock, R&B ou rockab mais toujours avec la même qualité. Ainsi, ils feront un petit tour vers des groupes plus modernes avec une titre de Depeche Mode et le "Paint it black" des Stones avant de partir au Texas pour le "Highway 54" du petit taureau Wayne Hankock et de terminer avec "Man of constant sorrow" un classique du bluegrass dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qui aurait été retrouvé par les Stanley Brothers. Et puis, comme il faut bien boucler la boucle, nous retrouverons Johnny Cash avec son "Ring of fire" et la boucle se refermera doublement puisqu'au rappel longuement réclamé par le public, ils referont le "Folsom prison" qu'ils avaient interprété dès le début. Un set très agréable et qui satisfaisait les spectateurs, lesquels à la pause se réjouissaient d'autant plus que la consultation des smartphones allant bon train, le score de France- Nlle Zélande donnait fatalement raison aux présents.

 

LORETTA & THE BAD KINGS

Après une courte pause, ce sont les Bad Kings de Loretta qui investissent la scène. 'Feeling Blues' vous a déjà parlé de ce groupe à l'occasion de la 22eme nuit du Blues de Léognan (n°13/p 7) mais il n'avait pas la composition de ce soir.

 

Loretta.
Loretta.

 Anthony Stelmaszack, grand tant par la taille que par le talent, était indisponible et il avait été remplacé, d'une manière plus que convaincante, par Thibault Ripault (T.Bo). Bref, ce soir nous avons droit à la formation originelle soit Loretta, de noir vêtue et une grosse fleur rouge plantée dans les cheveux, à la guitare ce sera donc un Tony Stelmaszack d'une élégance sobre, à la basse et aux chœurs, Mig Toquereau avec une grosse casquette et des lunettes noires et derrière les fûts, le palois Andy Martin lui aussi avec une casquette du même métal ; peut-être ont-ils eu un prix de gros ?

Tony Stelmaszack, T.Bo et Mig Toquereau.
Tony Stelmaszack, T.Bo et Mig Toquereau.

Superstition ? Comme souvent, ils attaquent avec "Every night about this time" de Fats Domino et d'entrée, c'est un long solo de guitare qui a vraiment l'air de charmer Loretta ; mais qui ne se laisserait pas charmer par la guitare de Tony ? Le long show qu'ils nous ont offert a été parfaitement équilibré entre reprises et compositions originales. Concernant les reprises elles sont judicieusement choisies pour la voix de Loretta et certaines sont à son répertoire depuis quelques temps déjà et méritent bien d'y demeurer. C'est le cas de "Shake a hand", un blues très 60's ; de "The Georgia slop", magnifique boogie de Jimmy McCracklin ou de l'obscur "Daddy let me hich a ride" d'un Gary Primich, harmoniciste et guitariste peu connu en France. Nous avons aussi entendu de belles versions de reprises plus rares à leur répertoire comme les accents country du "Reconsider me" de Margaret Lewis ou du "Sparkling city" de Ted Roddy.

 

Loretta à l'harmonica.
Loretta à l'harmonica.

Côté morceaux originaux, tous ceux de ce soir sont de la plume de Mig, le compagnon de Loretta, à l'exception de "King size love" que l'on doit à Tony et qui sera le premier titre de la soirée  permettant à Loretta d'exhiber son harmonica. Une bonne dizaine de chansons signées “Mig Toquereau” enrichiront cette soirée et on se dit que le bougre est très inspiré et bien prolifique. "Follow my hips" et le berryesque "Who's the rocket man" figurent parmi leurs classiques et sont pratiquement de toutes les sorties. Par contre, je ne connaissais pas "Mama's wrong" avec de jolies pulsations et une belle exposition musicale pas plus que "Because you're mine" écrit pour une chanteuse à voix et Loretta s'empresse de démontrer qu'elle est celle-là ! Un titre qui donnera l'occasion à Tony de faire son show à genoux en bord de scène ; la guitare envoûte l'assistance qui est aux anges. Le spectacle se poursuit avec un public gourmand, des musiciens qui ne rechignent pas à la tâche et une sono de qualité ; tout pour être heureux mais il faudra bien finir par clôturer la soirée ! Alors à la fin de "No matter where you are" (Mig), Loretta s'esbigne laissant les musiciens jouer longtemps, longtemps …

 

Andy Martin, Loretta, Little Lo et Mig.
Andy Martin, Loretta, Little Lo et Mig.

Il n'était cependant pas question que les spectateurs les laissent s'esbigner ainsi et c'est à cor et à cri qu'ils réclament le rab ! Alors c'est avec le sourire satisfait du travail correctement accompli que les revoilà en scène et Loretta demande au maître de lieux de venir se joindre à eux ; ce sera "Oh Yeah !" et Little Lo vient faire sa cour à la belle avec un solo qui ne semble pas la laisser indifférente. Elle appellera ensuite T Bo pour un boogie endiablé qui sera l'occasion d'un long assaut de virtuosité entre les deux guitaristes ; pas de l'acrobatie, simplement de la virtuosité au service de la musique.

Les spectateurs se sont retirés ravis jusqu'au moment où le score final du match de rugby a circulé dans les rangs laissant derrière beaucoup de visages éberlués dans un public bien plus garni que nous pouvions le penser tant la concurrence de la TV était rude. Mais comment vous dire que ceux qui, après un choix crève-cœur, avaient choisi la musique ne regrettaient rien au moment de la sortie tant ils étaient conscients d'avoir assisté à une bien belle soirée alors qu'ils auraient fort probablement lâché le match dès la mi-temps. Vivement mars prochain pour un 'Blues at the Juke Joint # 5'.

Gilbert Béreau.   Photos de Jean-Pierre Vinel

 

Site du trio : http://rawwild.free.fr/
Raw Wild en 2015 au Comptoir du Jazz pour la sortie de l'album 'Sixteen strings' :
https://www.youtube.com/watch?v=yAor5M2Os-Q
Raw Wild l'an dernier en Bretagne :

https://www.youtube.com/watch?v=_2WRR57zKqM


Site de Loretta & the BadKings :

http://www.lorettaandthebadkings.com/
Loretta & the Bad Kings à Bain de Blues 2015 :

https://www.youtube.com/watch?v=ufz4fX6EkPU
A Massy en début d'année :   

https://www.youtube.com/watch?v=IeDyxO9tr1k
https://www.youtube.com/watch?v=u62ja3eoi6I
Extrait du dernier CD enregistré 'Live' :

https://www.youtube.com/watch?v=PIILUQKZBFs

 

 

En marge du concert  :
Il existe un album qui vous replongera dans l'ambiance d'un concert de Loretta & the Bad Kings puisqu'il a été enregistré 'live' dans l'ambiance de cave du Comptoir du Jazz en fin 2013. Dix titres dont une majorité étaient au programme de ce soir. Autoproduit, il est disponible à la fin des concerts mais il peut aussi être distribué sur le site du groupe.
      


23ème NUIT DU BLUES

LÉOGNAN (33). Le 21 octobre 2015.

ERIC LAVALETTE BAND & MIGHTY MO RODGERS

 

Par Gilbert Béreau.          Photos Jean-Pierre Vinel.

 

Lorsque les trois coups furent donnés, plus aucune place assise n'était disponible dans cette 'Halle de Gascogne' bondée et l'association 'Jazz & Blues' a pu remercier un public particulièrement fidèle qui a su balayer toute crainte juste une semaine après les évènements tragiques de Paris. Une assistance digne qui offrira une minute d'un silence profond en souvenir des disparus parisiens.

Eric Lavalette.
Eric Lavalette.

La première partie était assuré par le groupe d'Eric Lavalette, une bande de toulousains qui sévit depuis plus d'une décennie mais que nous voyons peu du côté de Bordeaux et, si c'est grand dommage, c'était donc une découverte pour la majorité des spectateurs. La formation est tout ce qu'il y a de classique avec Eric qui chante et tient la guitare, le vieux complice Greg Lamazières qui souffle dans ses harmonicas et les derniers venus, Cazorla père et fils qui assurent la rythmique, respectivement Jeff, le bassiste et Jérémy, le batteur.

Jérémy
Jérémy
Jeff
Jeff

Eric entre en scène, les cheveux longs et ondulés, des lunettes noires en guise de bandeau sur le sommet du crâne ; heureusement, il n'a pas enfilé de chemise blanche car il aurait le look  d'un de ces nouveaux philosophes qui font florès à la TV. Pour ce qui est des lunettes de soleil, ils ont dû avoir un prix de gros puisque Greg arbore les mêmes ! Le râtelier à guitares est copieusement garni qui reçoit Fender, Hohner, Danelectro, ukulélé et c'est parti avec la Strato pour un "Make up your mind", le blues-rock qui ouvre aussi le dernier CD (Delenda Carthago-2013). Le temps de se chauffer un peu, de prendre le pouls de la salle et, empoignant Danelectro et bottleneck, il commence à remuer les spectateurs en leur demandant de hurler à la fin des premiers riffs ; c'est "I'll Keep on knockin'" et il sera secondé par Greg avec un gros solo à l'harmo.

 

Greg et Eric.
Greg et Eric.

Le set va être bâti sur un mélange de compositions de qualité issues de ses deux albums, le tout agrémenté d'un minimum de reprises. Doté d'une belle voix efficace et d'une sérieuse inspiration sur les manches de guitare, Eric va nous montrer qu'il est à l'aise dans tous les aspects du blues et encore bien au-delà. Ainsi entendra-t-on du blues version Chicago, par exemple "Tell me" ou "Mr. Casher", un slow blues bien intimiste ("Sun rain and fish"), ou des blues qui flirtent avec du R' 'n' R' ou de la country bien musclée comme "1958", "From the river to the hills" ou "Railroad tracks Blues" ; pour ce dernier, il exhibe son joli ukulélé orange. Durant le corps même du set, la seule reprise aura été le "Stop messin' around" de Peter Green (époque Fleetwood Mac des 70's) mais vers la fin, il appelle à ses côtés le bluesman bordelais Lenny Lafargue, venu en ami, et c'est la seconde reprise avec leur vision du "Stop breakin' down" de Robert Johnson. Ils essayent de clore cette première partie sur une version endiablée du "Would you love me", un presque R' 'n' R' extrait du dernier album, mais les spectateurs sont debout qui réclament leur retour sur scène.

 

Le public de Léognan se compose essentiellement d'amateurs et de connaisseurs et la majorité des présents n'est pas là pour danser ou se livrer à des démonstrations bruyantes pour lesquelles une bonne rythmique avec un batteur stakhanoviste suffirait, ils sont venus écouter les notes bleues et goûter au talent des exécutants. Alors, ils insistent et le groupe revient pour la troisième reprise de la soirée, le "Roadhouse Blues" emprunté aux Doors qui va se prolonger grâce à la prestation en solo de chacun des musiciens.

 

Eric Lavalette Band : Greg, Jérémy, Eric et Jeff.
Eric Lavalette Band : Greg, Jérémy, Eric et Jeff.

 

Une sacrée belle entame de soirée et les commentaires élogieux vont bon train autour de la buvette. Dans les lignes qui précèdent, vous avez certainement senti le plaisir que j'ai pris mais je voudrais ajouter un mot au sujet de Jeff, le tout jeune batteur. Placé presque en ligne avec ses collègues, il a de suite montré un visage où s'exprimait toute sa volonté de bouffer la planète – peut-être encore présomptueux, mais il développe des moyens qui peuvent lui laisser plein d'espoir. Durant les deux premiers morceaux il a pris un peu plus que sa place puis, il s'est rapidement recadré et toujours semblant soit torturé, soit cannibale, il a livré un set parfait durant lequel il a semblé souvent inspiré sans pour autant empiéter sur l'espace de ses camarades – de plus en plus rare chez les jeunes drummers.

 

A peine assimilées les émotions de la première partie que Jacques Merle nous annonce la prestation de Mighty Mo Rodgers. Et le voici qui entre en scène portant parfaitement bien ses 73 ans, droit comme un 'I',  mince comme peu de ses compatriotes à son âge et arborant une superbe barbe blanche de patriarche.

Mighty Mo Rodgers
Mighty Mo Rodgers

 Il a revêtu une jolie chemise blanche dont la 'patte de boutonnage' représente un magnifique clavier de piano, un chapeau noir sur un foulard noué façon corsaire et des lunettes de soleil. Il est accompagné par un trio de jeunes musiciens italiens emmené par le guitariste Luca Gordiano qui a vécu plusieurs années à Chicago où il a noué des relations étroites avec le monde du blues américain. Aussi lorsqu'il y a 3 ou 4 ans il a été demandé à Luca de trouver des accompagnateurs européens pour Mo, il a recruté les belles pointures que sont Walter Monini à la basse et Pablo Leoni à la batterie.

Luca Gordiano
Luca Gordiano
Walter Monini
Walter Monini
Pablo Leoni
Pablo Leoni

Pablo est lombard tandis que Luca et Walter nous viennent des Abruzzes et tous travaillent en pro avec différents groupes italiens. Cependant, ils posent tout dès qu'une tournée européenne de Mo se profile et l'affaire dure entre ces quatre musiciens qui s'entendent sur une scène comme larrons en foire.
C'est avec "No regrets", un titre de son tout premier album, qu'ils démarrent et tout le début du show sera basé sur des titres de ce même CD ; ainsi "Heaven's got the blues" ou son crédo "Blues is my wailin' wall". Bien sûr on a entendu "Sweet soul music" qu'il introduit par un long discours sur la musique des 60's, une époque où les gens se parlaient, s'embrassaient et il met en cause les smartphones, exhibant le sien qu'il pose sur un coin du clavier.

 

 

 

La voix est puissante, chaude, un peu rauque et on songe parfois à Ray Charles. Pendant ce temps, Luca fait des merveilles sur le manche de sa Gibson et vit intensément les chansons avec des mimiques parfois rieuses, parfois empreintes de souffrances mais avant tout une guitare qui sonne comme une guitare, qui n'est pas vitaminée à l'électronique – Wah wah … à la niche ! On ne saurait dissocier des louanges une section rythmique simplement superbe avec un Walter toujours tout sourire mais abattant un formidable travail sur sa basse à 5 cordes et un Pablo qui sait vraiment ce que signifie porter un morceau sans tirer la couverture à soi – du travail d'artistes.

 

 

Mo parle beaucoup au public soit en restant derrière ses claviers comme sur "You gotta move" qu'il précède d'un baratin sur les morts et les vivants avant d'inciter les spectateurs à se manifester et à taper dans les mains, soit même en venant jusqu'au micro central comme par exemple lors de la reprise de "Going down slow". Le milieu du concert sera l'occasion d'un moment émouvant et apprécié du public avec un titre qu'il appelle "City of lights" et grâce auquel il rend hommage au Paris meurtri.

 

 

Sa prestation a été essentiellement constituée de morceaux de ses anciens albums et il n'a fait aucun titre du dernier CD (Mud 'N Blood/A Mississippi Blues Tale – 2014) et seulement un seul du disque précédent (Cadilac Jack), mais c'était le joli "Black coffee and cigarettes". A partir de là les dernières chansons du concert seront plus R&B, avec quelques reprises et pour le "Soldier of the blues" de Jimmy King, il délaisse ses claviers pour empoigner son  'Key Tar keyboard' mobile qu'il appelle, allez savoir pourquoi, son 'Mojo'. Après une belle version du "Dock of the bay" d'Otis Redding à la fin de laquelle il fait siffloter les spectateurs, c'est encore avec un titre de son premier album qu'il entend terminer la soirée. Et c'est un très long "Shame" qu'il démarre debout derrière ses claviers et qu'il finit au centre de la scène avec son 'Mojo' tout en faisant crier le public.

 

Pablo, Mo, Walter & Luca.
Pablo, Mo, Walter & Luca.

 

Comme il est lancé, ce public va continuer à crier, d'abord sa déception de voir partir ces musiciens de talent puis encore plus fort pour qu'ils réinvestissent la scène. Après le rappel, ils seront très vite à la table des signatures qui va être prise d'assaut et il faudra longtemps, très longtemps pour écouler le flot des admirateurs amateurs de CDs, de signatures et/ou de photos souvenirs. La barre a été placée bien haut et pourtant le public attend au moins aussi bien en 2016 … et je vous rappelle que 2017 verra l'anniversaire du quart de siècle – qu'on se le dise haut et fort.

 

 

Site d'Eric Lavalette :  http://www.ericlavalette.com/index.html
"Roadhouse Blues" cet été à Lavaur :  https://www.youtube.com/watch?v=oKSaPP2g980
A la TV avec l'ancienne rythmique :  https://www.youtube.com/watch?v=6nmM9B9L5Ok
Ecoute de titres :  https://www.reverbnation.com/ericlavalette/songs
Présentation du dernier album 'Delenda Carthago' (2013) :   https://www.youtube.com/watch?v=5kA_6BfZPq4


Site de Mighty Mo Rodgers :  http://www.mightymorodgers.com/index.html
"Cadillac Jack" (quand le blues devient rock and roll) :  https://www.youtube.com/watch?v=WLfaJ8wiAc8
Les mêmes en Italie la semaine précédente :  "Dock of the bay" : https://www.youtube.com/watch?v=r3YuxLyrTjA
"Born under a bad sign" : https://www.youtube.com/watch?v=hOz2Z4gnv9c
"Soldier of the blues" avec son 'Mojo' : https://www.youtube.com/watch?v=NwYaGyM9wIQ
Cet été en Lithuanie avec Baba Sissoko : https://www.youtube.com/watch?v=j3iGPORqsLY

En marge du concert, parlons de Mighty Mo Rodgers :
Il est né Maurice Rodgers voilà 73 ans à Chicago Est et j'ai déjà dit combien il porte bien le poids de toutes ces années. Il est tombé très vite dans la marmite magique du blues puisque papa possédait un club où se produisaient des bluesmen que le petit Mo écoutait lorsqu'il délaissait des études de piano classique probablement bien moins excitantes. Touché par la Soul du début des 60's, il joua du piano dans plusieurs groupes alors qu'encore étudiant (en particulier un Maurice Rodgers Combo). Il est encore bien jeune lorsqu'il part s'installer à L.A. pour se consacrer complètement à la musique.

C'est là qu'il va se faire les dents au travers de belles rencontres musicales et il n'a que 25 ans lorsqu'on le retrouve jouant de l'orgue sur un album de Brenton Woods. Mais ce dont il est particulièrement fier concernant cette époque c'est d'avoir produit en 1973 l'un des derniers albums de la célèbre paire Sonny Terry & Brownie McGhee. Pour cet album, au titre original de 'Sonny & Brownie', il a composé 3 morceaux, il joue du piano et il a réussi l'amalgame des anciens et des modernes en incluant une foule de jeunes musiciens de l'époque dont John Hammond, John Mayall ou Arlo Guthrie pour ne citer que les plus connus. Il poursuit alors une carrière de producteur, compositeur et de musicien de sessions ; cette dernière tâche lui apparaissant vite ennuyeuse. Il retournera aux études, en sortira diplômé en philosophie et ce n'est qu'en 1999 qu'il produit son premier album personnel, 'Blues is my wailin' wall' ; six autres CDs ont vu le jour depuis.

Avec le rare palmarès d'ancien lutteur (d'où son surnom de Mighty) et de diplômé en philosophie Mo est d'une rare gentillesse et plutôt loquace. Lorsque la conversation tourne autour du blues, il n'est pas besoin de le pousser pour qu'il dévoile une profonde admiration pour Howlin' Wolf et surtout John Lee Hooker. Mais il a des goûts éclectiques car dans son avant-dernier album que je vous conseille fortement (Cadillac Jack chez Dixifrog), on trouve le titre "Tell me why" dans lequel il demande pourquoi il n'y a aucune école baptisée Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Fats Domino ou Roy Orbison. Suit la chanson "The Freddy Fender song" qui, bien sûr, cite ce chanteur de country texan. Autant de noms qui ne sont pas là pour la rime et qu'il n'a donc pas choisis au hasard au moment de l'écriture mais bien par intérêt pour leur travail.

 


 

Cette soirée à Léognan était sa seule date en France et la dernière de sa tournée. Il est reparti à L.A. dès le lendemain la tête pleine de projets car il a trois fers au feu !

Le premier est déjà bien avancé qui concerne un nouvel album déjà enregistré dans un studio lithuanien avec les musiciens italiens de ce soir et le chanteur malien Baba Sissoko (voir le lien ci-dessus) ; reste mixage et finition pour une sortie envisagée en mars ou avril prochain.
Son dernier CD est titré 'Mud 'N Blood - A Mississippi blues tale' dont la photo de jaquette a servi aux affiches de cette 23eme 'Nuit du Blues'. Un disque qui nous entraîne dans le Mississipi d'autrefois, et cependant pas si lointain, à la rencontre des nombreux bluesmen issus de cet état, du peuple noir opprimé mais surtout du Blues et de ses racines qui puisent son essence à la fois dans la tristesse et la joie.

Son second projet déjà en route est un nouvel opus intitulé 'Mud 'N Blood # 2' ; quel en sera le sous-titre et à quel aspect du Blues se rapportera-t-il ? Mo ne m'en a rien dit, mais plusieurs compositions sont déjà sur l'établi du maître.

Le troisième projet est plus complexe et doit mûrir.
Comment vous dire que nous aurons bientôt l'occasion de reparler de ce Maurice.
Mo sera de retour en Europe au début de l'été prochain, à surveiller si vous souhaitez passer une belle soirée.

 

Gilbert Béreau. Photos Jean-Pierre Vinel.

 

 


A.z.B.

COMPTOIR DU JAZZ.

BORDEAUX (33). Le 14 novembre 2015.

                                                        Par Gilbert Béreau.     Photos Jean-Pierre Vinel

Evidemment, vous avez tout de suite pensé : “Qu'est-ce donc que ce nom bizarre ???”

Et pour ceux qui ne connaissent vraiment pas, la surprise n'est pas finie ; en effet l'acronyme 'AzB' cache 'Agathe ze Blues', le nom complet du groupe. Simple petit clin d'œil en forme de sonorité pour 'I got the blues' qui n'annonce en rien une volonté de chanter en français puisque la majorité de leur production reste en langue anglaise. L'origine de cette petite plaisanterie est à rechercher du côté de Stéphan Zanetti, titulaire de l'orgue et des claviers du combo ; pour la petite histoire, et elle est charmante, notre musicien s'attacha si bien à ce prénom qu'il le donna quelques années plus tard à sa fille.

Ceci essentiellement pour les étrangers au Sud-Ouest, simplement parce qu'AzB se produit rarement bien loin de ses bases car il s'agit d'un groupe resté amateur dont tous les membres ont une vie professionnelle. Pourtant le groupe existe depuis 1992 avec une étonnante stabilité dans sa composition ; alors, comment vous dire que nous avons affaire à des amateurs dont les qualités n'ont rien à envier à celles de bien des groupes pros. Cette bande de potes se compose de sept membres soudés depuis longtemps et montre une cohésion et une telle joie à jouer ensemble qu'ajouté au plaisir de leur musique, c'est un vrai plaisir que de les regarder !

Virginie
Virginie
Corinne
Corinne

Une telle constatation me conduit à ne pas vouloir vous donner des noms mais seulement leurs prénoms pour rester dans le cocon de l'intimité. Sans aucune hiérarchie mais avec un minimum de galanterie, nous avons Corinne et Virginie au chant, cette dernière fort occupée car soufflant aussi très fréquemment dans un saxo avec lequel elle épaule Marc qui, lui, gère une batterie de sax à l'exception d'un soprano. Les morceaux en français sont du ressort d'Hervé par ailleurs guitariste du groupe, Stéphan dit Zan est aux claviers dont celui de l'orgue Hammond, la rythmique est assurée par Jean-Pascal dit Jipé à la basse et Marco à la batterie. Ouf ! Mais lorsque vous avez tout ce beau monde sur une scène, c'est le gage d'un boulot de pro, avec un son bien plein et de beaux arrangements pour porter un vocal de qualité et puissant car les deux dames ne sont pas des suceuses de micro qui susurrent avec un filet de voix.

Marc
Marc
Hervé
Hervé

Ce soir ils se sont tous  un peu serrés sur la petite scène du 'Comptoir du Jazz' et ils dédient ce concert aux victimes des évènements tragiques de la veille ; un écriteau noir est posé sur le pupitre d'Hervé qui indique “Je suis Paris”. Ils attaquent avec le "Sax-A-Gogo" de Candy Dulfer devenu leur lancinant hymne d'ouverture et qui, en dehors de chauffer l'assistance, permet à Corinne de présenter le groupe. Le répertoire des premières années était plus basé sur du blues classique, puis ils ont évolués vers la soul et le funk tout en conservant un certain nombre de titres de blues pour lesquels Hervé s'empresse de retourner sa casquette visière en arrière. Le premier set est passé à vitesse grand V avec des titres variés qui ne sont pas indéfiniment et inutilement prolongés et qui sont souvent festifs à l'exception de "Higher ground" que Corinne présente comme une chanson de circonstance et d'espoir ; pour rappel, elle avait été composée par Stevie Wonder lors de sa sortie du coma dans les 70's. Nos deux chanteuses la font en duo comme elles avaient fait "Talking loud" un peu plus tôt.

Jipé
Jipé
Marco
Marco

Les musiciens se démènent comme de beaux diables en particulier sur les instrumentaux comme "Cookin'"de l'organiste Mauri Sanchis ou "Revelation" qu'ils interprètent en quatuor avec juste un petit retour du sax de Marc sur la toute fin. Entre temps, Hervé aura retourné sa casquette pour chanter un blues classique maison "Maudite guitare". Puis Corinne dédiera un morceau à toute les filles et ce sera "Girls of many words", le titre masculin de Buddy Guy féminisé par Ana Popovic, Nous aurons droit à une fin de set en apothéose avec un magnifique duo des chanteuses sur le "Something's got a hold on me" de la regrettée Etta James. Nous avons un vrai été indien, il fait chaud dehors, très chaud dans la salle et encore bien plus dans les têtes … la fête est complète !

Stéphan
Stéphan

Au démarrage du second set, Hervé appelle un invité et c'est le guitariste Jean-Philippe, lequel gérait les 'jam sessions' et la technique au sein du 'Rock Blues Café' avant sa fermeture. La fête repart en quintet, c'est à dire sans sax, ni chanteuse pour un joli "Lili was here" de Dave Steward, puis Corinne revient pour un "Same old blues" qu'avait porté en son temps Freddy King. Jean-Philippe s'éloigne mais reviendra plus tard dans le set pour un instrumental entre hommes sur le titre "Metropolis".

Corinne et Virginie
Corinne et Virginie

 Le combo retrouvé dans son unité, nous offre un second set entremêlant ses propres compositions chantées par Hervé (Laisse aller - On ne sait pas …) à des reprises interprétées par nos deux chanteuses ; ainsi le classique "See Saw" popularisé par Aretha Franklin et écrit par Don Covay, décédé au tout début 2015 et à qui la musique soul doit tant. Beaucoup de musique funk mais traitée ici de manière festive, c'est ainsi avec les emprunts au groupe Brother Strut et à son leader Stevie Jones (Metropolis ; Vinyl is my bible) ou à Maceo Parker (Do you love me). Ce dernier titre aux relents un peu salsa sera rondement envoyé par les deux chanteuses au vocal mais Virginie trouvera aussi le temps de souffler dans son sax pour donner la réplique à Marc qui, pour la première fois, aura exhumé son beau sax baryton.

 

Les spectateurs ont les yeux brillants de satisfaction, ils ont, un instant, oublié les évènements tragiques de la veille et les craintes du futur pour jouir pleinement de l'instant présent. Comme le disent eux-mêmes les membres du groupe, “AzB, ça devrait être obligatoire en comprimés, en sirop, en suppos ou en intraveineuses … mais obligatoire et remboursé par la sécu”. Une thérapie qui me paraît efficace et, somme toute, d'un prix raisonnable !!!

Texte de Gilbert Béreau. Photos de Jean-Pierre Vinel.

 

 

Site du groupe :

http://www.agathezeblues.org/
(Un click sur 'Ze CD' : le groupe vous offre leur EP de 6 plages en téléchargement gratuit)
AzB – le Teaser :

https://www.youtube.com/watch?v=sP5fiWLZgCo
Extraits du concert avec un son de qualité médiocre :
https://www.youtube.com/watch?v=Mjefb47p_V0#t=15
https://www.youtube.com/watch?v=Z-OIPQB5E34
Du blues au 'Rock Blues Café' en début d'année :   

https://www.youtube.com/watch?v=tVvl4GHlcLc
https://www.youtube.com/watch?v=BcSWOBPIm7w