N° 16

                                                                JJ Thames. Bagnols Blues Festival 2015. Photo Alain Hiot.


  

   WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

    CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

  Trimestriel

     octobre / novembre / décembre  2015

 

 

    PAGE 1


SOMMAIRE

 

PAGE 1.   ÉDITO

                   NOSTALGIE : CHUCK WILLIS Comment a-t-il pu être ainsi oublié ? par Gilbert Béreau

                   REVUE DE PRESSE : par André Fanelli

 

DOSSIERS  :

PAGE 2.    CHANTEUSE DE BLUES, L'ÉLOGE DES REBELLES par Jean-Louis Guinochet 

PAGE 3.    HÉROS LÉGENDAIRES DU BLUES, LESTER MELROSE par André Fanelli

 

ENTRETIENS :

PAGE 3.   FRANCIS VIDAL Organisateur du Festival Relâche par Gilbert Béreau

PAGE 4.  JJ THAMES  "Une Diva du Mississippi" par André Fanelli

                  DANIEL BLANC "Le blues en français" par J-L Guinochet & André Fanelli

PAGE 5.  KATHY BOYÉ par Jean-Louis Guinochet

                  SCARECROW par André Fanelli & Jean-Louis Guinochet

 

COMPTES-RENDUS DE CONCERTS :        

PAGE 6.  HOMMAGE À BILLY HOLIDAY par Gilbert Béreau

                 JJ MILTEAU & 24 Pesos et ONLY CIGAR BOX par Gilbert Béreau        

                 FOOLISH KING par Gilbert Béreau

 

LES FESTIVALS :  

PAGE 7.    1.  FESTIVAL RELÂCHE (33) par Gilbert Béreau

PAGE 8.    1.  FESTIVAL RELÂCHE (33) Suite par Gilbert Béreau

                    2.  JAZZ IN MARCIAC (32) par Laurent Sabathé

PAGE 9.    1.  GRÉSIBLUES FESTIVAL (38) par Gérard Bioteau

                    2.  COGNAC BLUES PASSION (16) par Gilbert Béreau

                    3.  FESTIVAL DES ALPILLES. L'AM DU BLUES (13) par J-Louis Guinochet

PAGE 10.  1.  CAHORS BLUES FESTIVAL (46) par Alain Hiot

                    2.  BAGNOLS BLUES FESTIVAL (30) par Jean-Louis Guinochet

PAGE 11.  1.  EUROPEAN BLUES CRUISE 2015 par André Fanelli

 

CHRONIQUES : 

PAGE 12. ALBUMS À DÉCOUVRIR.

PAGE 13. ALBUMS À DÉCOUVRIR : LIVE. AUTOPRODUITS. RÉÉDITIONS.

 

PAGE 14. DERNIÈRES INFOS ET PROCHAINS CONCERTS RÉGIONAUX

 


 UN WEBZINE GRATUIT

CONSTRUIT AU FIL DES JOURS,

PAR VOUS,

                         POUR VOUS,

                                                    AVEC VOUS.

FEELING BLUES : www.feelingblues.com

Président d'honneur : Bruce Iglauer, Fondateur et Président du blues record label Alligator Records, Chicago. Il. USA.
Co-fondateur et Président : André Fanelli.
Co-fondateur, Rédacteur en chef & Webmestre : Jean-Louis Guinochet.
Contact : feelingblues@orange.fr


ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :

 

Rédaction et crédits photos : 

Christian Aliminana - Patrick Arpaillange - Gilbert Béreau - Nelly Blaya

Gérard Bioteau - Yann Charles - Sylvie Déclas - Jacques Demêtre - Thierry Dubuc André Fanelli - Joey Foley - Catherine Foret - Jean-Louis Guinochet - Alain Hiot  Dave Hogan - Bob Kieser - Dominique Michel - Etienne Mortini - Regis Perdreau  Jean-Michel Rock'n'Blues - Laurent Sabathé -  Jean-Pierre Vinel - Laurent Webb

Laurence Zahm - Olivier Zahm

 


ÉDITO

Un été toujours très riche en festivals et concerts qui a sûrement dû vous combler si vous étiez dans le sud de la France.
En ce qui nous concerne, nous y avons fait quelques belles découvertes, dont JJ Thames à qui nous avons réservé la couverture de ce 16ème numéro qui marque notre troisième année d'existence (1). André Fanelli lui consacre un dossier pour vous la faire découvrir.
Nous sommes également allés à la rencontre de trois artistes du sud, Kathy Boyé à l'occasion de la sortie de son dernier album "The Power Of My Shoes", Scarecrow qui part à la conquête de l'Amérique Latine et Daniel Blanc qui se bat pour le blues en français.
Francis Vidal nous parle d' "Allez les Filles", association organisatrice du Festival Relâche dont nous dirons qu'il est le directeur artistique.
Du côté des anciens, Gilbert Béreau se demande comment Chuck Willis a-t-il pu être ainsi oublié ? André Fanelli amorce une série de dossiers sur des héros légendaires du blues, des personnages méconnus ...mais importants. C'est Lester Melrose qui démarre cette série.
"Chanteuses de Blues, l'Éloge des Rebelles" se termine avec le troisième volet proposé par Jean-Louis Guinochet (Etta James, Nina Simone et Amy Winehouse), suivi d'une conclusion.
Vous retrouverez, comme après chaque été, les comptes-rendus des principaux grands festivals que nous avons la chance d'avoir dans le sud, sans oublier l'European Blues Cruise qui naviguait encore cette année.
Vous retrouverez également dans les pages habituelles, les chroniques des derniers albums de blues, les dernières infos et l'agenda des prochains concerts.

(1) IMPORTANT : Au terme de ces trois premières années, nous nous rendons compte que la parution trimestrielle de Feeling Blues n'est pas adaptée au rythme dynamique du net qui réclame d'être en permanence en phase avec l'actualité. D'autre part, l'ordinateur tendant à disparaître au profit des écrans tactiles de tous bords qui sont de plus en plus utilisés par vous, nos lecteurs, nous avons conscience qu'il faut totalement revoir le design du site afin d'optimiser et rendre plus confortable l'utilisation, la navigation et la lisibilité du webzine.
Bien sûr, il y aura une période de flottement avec laquelle il faudra se familiariser, vous comme nous. La transition se fera durant ce prochain trimestre pour être vraiment opérationnelle en janvier 2016.
Un groupe Facebook FEELING BLUES (groupe fermé réservé aux membres, vous pouvez déjà vous y inscrire) est ouvert depuis quelques semaines. Il nous permettra de vous informer à chaque fois qu'une parution, une annonce d'évènement, une chronique d'album, un compte-rendu de concert sera mis en ligne sur le site nouvelle formule. À la fin de chaque trimestre, les éléments les plus importants seront regroupés dans un numéro qui comportera, comme aujourd'hui, une couverture qui servira à conserver un repaire dans le temps. Il sera consultable dans son ensemble et compilé à part comme tous les anciens numéros qui eux, conserveront leur graphisme d'origine.
Merci de nous rester fidèles. Espérons que l'avenir nous donnera raison.

La rédaction


NOSTALGIE

 COMMENT

CHUCK WILLIS

 

A-T-IL PU ÊTRE OUBLIÉ ?

 

 

    Dossier préparé et réalisé par Gilbert Béreau

 

 

 

 

 

Bordeaux est en plein festival 'Relâche', ce depuis la fin juin et jusqu'à la mi-septembre ; nous vous avions beaucoup parlé de la dernière édition (n°12) et vous trouverez de larges comptes-rendus des spectacles 2015 dans les pages du présent numéro. Ceux qui, dotés d'une exceptionnelle mémoire, se souviennent de l'article de l'an passé, ou bien ceux qui ont commencé la lecture du présent numéro d'une manière aléatoire, par exemple à la page 7, savent que Francis, aka DJ Feelgood, diffuse des R&B et des R' 'n' R' d'une époque que les moins de 3 fois 20 ans ne peuvent pas connaître. Pour les premiers auditeurs / spectateurs fidèles, généralement vautrés sur l'herbe, c'est une heure de grand bonheur avant le démarrage de la soirée ; puis, pour tous, une petite demi-heure lors des changements de plateaux entre shows. Un de ces soirs, au milieu de ces morceaux d'un autre âge, j'ai entendu une chanson de Chuck Willis qui m'a fait faire un grand bond en arrière vers mon adolescence. J'en suis encore à me demander quand donc un DJ ou une radio a-t-elle diffusé un titre chanté par ce bluesman ?

 

 

 

Flashback

C'est tout à fait par hasard que j'avais découvert cet hurluberlu coiffé d'une espèce de turban et qui se faisait appeler Cheick. Il faut d'abord que je vous dise que je ne suis pas tombé dans le blues en écoutant des morceaux que d'ailleurs la radio ne diffusait pas !!! Comme une majorité de jeunes de cette époque, l'éveil s'est fait à travers quelques rares titres américains qui trainaient dans le jukebox du troquet en face du collège ; du R' 'n' R' édulcoré avec les Platters, les Kalin Twins, les Fraternity Brothers ou Paul Anka. J'entends encore les morceaux résonner dans ma tête, "Only you", "When", "Passion flower" ou "Diana", mais quand même, on tapait plus facilement du pied qu'en écoutant Georges Guétary. Alors, on devient curieux et lorsque les premiers rockers français montrent le bout de leur nez, on regarde les titres en anglais, entre les parenthèses, puis les noms des compositeurs et, de fil en aiguille, on passe d'Halliday à Presley, d'Eddy Mitchell à Gene Vincent ou de Dick Rivers à Cliff Richard.

Puis, Elvis rentre de l'armée et avant de sombrer dans les niaiseries hollywoodiennes pour sept longues années il va nous délivrer quelques superbes titres dont certains un peu plus bluesy que ceux d'avant le départ, en particulier sur 'Elvis is back'. Une chanson me séduit qui figure à la fin de la face 1 du 'Golden Records # 3 ; son titre est "I feel so bad" et elle est signée Chuck Willis. A peu près à la même époque, en retournant un disque de Jerry Lee Lewis, je retrouve la même signature sous le joli titre "Hang up my Rock and roll shoes" puis, c'est la même découverte sous le morceau "It's too late" de Buddy Holly dont les disques commencent à traverser l'océan.




De quoi éveiller ma curiosité ! Mais en ces temps-là, difficile de trouver des informations ; pas question d'ouvrir l'Internet et de poser des questions à un quelconque 'moteur de recherche' …
Les mois ont passé, j'étais maintenant au lycée, j'avais trouvé une paire de passionnés de la musique américaine puis découvert un magasin de disques tenu par un illuminé qui ne vivait que pour le jazz et le blues et qui importait de la marchandise des US. Cette 'Boite à musique' était sur le chemin du lycée, je m'y arrêtais le plus souvent possible et le propriétaire me supportait gentiment même si mes moyens ne me permettaient que peu d'achats. Et c'est là, découvrant au fond d'un bac très peu fréquenté un LP intitulé 'I remember Chuck Willis', que j'ai découvert qu'il était décédé quelques années avant, en 1958. J'ai demandé à écouter, j'ai emporté la galette et, n'ayant pas assez d'argent sur moi, je suis revenu la payer plus tard. Comment vous dire l'émotion avec laquelle je le regarde ce soir !!! Mais sur ce LP, il n'y avait pas le "I feel so bad" qui avait éveillé mon attention.

Images agrandissables.
Images agrandissables.

A cette époque, il y avait beaucoup de magasins de disques d'occasion et la chance m'a souri peu de temps après, lorsque, dans l'un d'eux, je suis tombé sur le LP américain original "Wails the blues' qui finissait par combler mes désirs. Je vous ai beaucoup parlé de ma jeunesse, c'est la mienne et on est jamais aussi bien servi que par soi-même ; mais passons à Chuck Willis.
Voilà un artiste qui a traversé le monde de la musique tel une comète mais dont les compositions sont toujours si présentes, et probablement plus que vous ne le croyez dans vos rayonnages ou sur vos platines.

Il vit le jour, avec le prénom d'Harold, à Atlanta le 31 janvier 28, soit il y a 87 ans et il est décédé en cette même cité le 10 avril 58 des suites d'une péritonite; il venait juste de passer le cap de la trentaine.



 

 

Dès 18 ans il avait acquis une renommée locale dans différentes formations et au sein d'une famille tournée vers la musique puisqu'un frère et un cousin partageaient aussi cette bonne réputation. En 52, c'est un DJ local (Zenas Sears) qui le recommandera à la firme Columbia, laquelle le fera enregistrer pour sa filiale 'Okeh records' jusqu'en 56, année où il rejoindra la prestigieuse écurie 'Atlantic' pour les 2 ans qu'il lui restait à vivre.

 

Plus qu'une biographie très détaillée, ce qui nous intéresse c'est sa musique ;

et en plus des quelques fabuleux enregistrements dans la double gamme de 'Blues shouter' et de 'Blues balladeer', ce sont aussi ses merveilleuses compositions que d'autres grands artistes ont porté au firmament des hit-parades.
Pour ce qui concerne ses propres albums, il convient de noter de magnifiques arrangements et quelques merveilleux solos, spécialement pour ce qui concerne guitare et saxo ; peu surprenant lorsqu'on sait que, dès cette époque, il a travaillé avec d'énormes pointures, déjà révélées ou en devenir. Citons, parmi d'autres, le tout jeunot Quincy Jones, le génial batteur Panama Francis, les guitaristes George Barnes, Roy Gaines, Ai Caïola et Kenny Burrell ou encore les saxophonistes Big Al Sears, Freddy Jackson, Gene 'Daddy G' Barge ou King Curtis – excusez du peu !!!

Pour ce qui est des compositions du Chuck dont certaines pourraient encore trainer sur vos platines nous citerons :


- "Oh what a dream" qui fût un grand succès pour Ruth Brown dès 54 (puis Patti Page) ;
- "Let me explain" chanté par Wanda Jackson et The Cadillacs en 58 ;
- le magnifique "From the bottom of my heart" qui fera le bonheur des Clovers en 59, puis de Wilbert Harrison (M. 'Kansas city')
- "Hand up my rock & roll shoes" merveilleusement porté par Jerry Lee Lewis, beaucoup repris et que ne pouvait rater Carl Perkins, M. 'Blues suede shoes' ;
- le superbe "I feel so bad" un titre abondamment repris, y compris par Ray Charles et qu'il avait enregistré dès 54 avant qu'Elvis nous donne une sublime version en 61 ;
- "You're still my baby" dont il existe tant de versions différentes de Big Joe Turner à Ike & Tina Turner en passant par Otis Redding ;
- "Betty and Dupree" beaucoup repris y compris dans le domaine du R' 'n' R mais aussi dans le blues et en particulier par rien moins que par Muddy Waters ou Tal Mahal ;
-"Whatcha gonna do when your baby leaves you" dont certains d'entre vous se souviennent peut-être de la version de Vince Taylor, le plus français des rockers anglo-saxons ;
- "C C rider" (ou See see rider) est un titre venu du répertoire folk/blues traditionnel et interprété par Ma Rainey au début du siècle passé, mais c'est l'adaptation de Chuck qui servira de base aux reprises qui seront faites durant les décennies suivantes ;
- "What am I living for" fût son dernier enregistrement que, pour une fois, il n'avait pas composé ; ce fût un tel succès qu'à peu près tous les rockers que cette planète a connu en ont donné une version. La petite histoire prétend que le grand Eddie Cochran fredonnait ce titre comme une scie durant les jours qui ont précédé son mortel accident en 1960 ; étant absent à l'époque, je ne saurais confirmer …
Déjà pas si mal pour une aussi courte carrière …n'est-il pas ?

 

Le but de ce court article est d'essayer de vous intéresser à cet artiste singulièrement oublié ; peut-être à cause de stupides raisons commerciales, de son fait ou de celui des marchands du temple ??? Il se baladait avec un turban sur le crâne, se faisait appeler "le Cheikh du blues", puis le "roi du stroll" lorsque cette dance a connu sa brève période de succès. Il s'agirait d'une espèce de dance en ligne également appelée 'Rock and roll lent' et qui eut un bref succès à la fin des 50's ; une démonstration est visible dans le film 'American graffiti.
Pour info, ceux qui écoutent la musique de Chick Willis, disparu il y a 2 ans, doivent savoir qu'il s'agit du jeune cousin de Chuck dont il fût le chauffeur et avec qui il apprit le métier.
Ne vous laissez pas impressionner par les jaquettes des disques et leur côté extrêmement ringard, écoutez et régalez-vous ! Les 2 compilations les plus récentes sont présentées ci-dessous ; chacun d'entre vous est certain d'y trouver son bonheur avec ses grandes compositions et quelques reprises, telles le célèbre "Caldonia", "Going to the river" de Fats Domino ou "Keep a knocking" du petit Richard.
Après, il sera légitime que vous vous posiez la question de savoir quels sommets il aurait atteint si la mort ne l'avait obligé à ranger ses pompes de R' 'n' R' (Hand up my rock & roll shoes)

 


 

Chuck Willis
The complete Chuck Willis 1951-57
Compilation  3 CDs (78 plages) - JSP records - 2010
Comme le titre l'indique, tout est là à l'exception de ses derniers enregistrements et donc de "What am I living for" et de la majorité des reprises citées ci-dessus.


Chuck Willis
Rocking with the Cheik of the blues
AIS/Hoodoo records - 2010
Offre le meilleur des enregistrements de Chuck avec 29 plages figurant la totalité de sa courte carrière dont un maximum de titres rythmés.

 


 

Actuellement, la collection complète passe par l'association
- d'une compil. de 2003 toujours disponible (2 CDs/51 titres/ Sundazed records) qui offre les titres 'Okeh' (Chuck Willis – Wails! The complete recordings 51-56),
+  un CD de 2001 chez 'Collectables records' "Chuck Willis" lequel  regroupe les 2 LPs 'Atlantic' de 58 et 63 ("King of the stroll et I remember Chuck Willis

 

 

 

 

Ecoute de "I feel so bad" :

https://www.youtube.com/watch?v=1qNORhOuWog
Ecoute de "Hang up my Rock and Roll shoes" :

https://www.youtube.com/watch?v=rcitG7FpMVg
Ecoute de "C C rider" :

https://www.youtube.com/watch?v=-7R-ck2LRWo
Ecoute de "It's too late" :

https://www.youtube.com/watch?v=s10-dxX1MuE
Ecoute de "What am I living for" :

https://www.youtube.com/watch?v=-7R-ck2LRWo
"Whatcha gonna do when your baby leaves you" :

https://www.youtube.com/watch?v=H4GlQ1_5vrM
Ecoute de "Betty and Dupree" & démo de stroll :

https://www.youtube.com/watch?v=PajBJOnRYBI

 

 

Dossier préparé et réalisé par Gilbert Béreau

 

 

 

 


REVUE DE PRESSE

 

 Par André Fanelli

 

 

 

Qu’il me soit permis de partager une réflexion sur les magazines de blues qu’ils soient imprimés sur du bon vieux papier ou voletant dans les célestes mystères du Net et autre Cloud. On constate dans nombre sinon la plupart d’entre eux une surabondance de compte-rendu de concerts, tournées ou festivals. Y compris dans nos propres colonnes.
Cela conduit à une sorte de surexposition de groupes souvent sympathiques mais qui prennent une dimension fictive si l’on se réfère à l’épreuve de la durée.

On constate parfois le développement d’un certain «entre soi» qui engendre le plaisir du copinage et des félicitations réciproques.
Mais il y a tout de même quelques articles de fond qui sont utiles pour qui veut comprendre et savoir.


Mais trêve de bougonnements et grommellements de contrariété, passons au vif du sujet.


A tout seigneur, tout honneur. Commençons par SOUL BAG.

Le dossier que le magazine consacre à B.B.King me semble irréprochable.
Sa disco ouvrira certainement des horizons nouveaux à bien des lecteurs. Avez-vous remarqué que sur certaines photos anciennes, prises alors qu’il ne joue pratiquement que pour le public noir, il apparaît chantant sur scène sans sa guitare. Dans l’univers du blues, c’est bien le chant qui prime. Non le virtuose de l’instrument.
La transition de B.B. vers un nouveau public –ou marché- est bien décrite et rappelle que les musiciens professionnels, dans le domaine du blues comme ailleurs, préfèrent une carrière de star que celle de gardien de musée pour un public rabougri  de collectionneurs…

En lisant la chronique de l’intégrale de Slim Harpo par Jacques Périn – très bien écrite comme d’habitude- ont se prend à penser au destin d’artistes comme ce chanteur harmoniciste et à la surprise qu’ils auraient –s’ils revenaient parmi nous- de voir leurs «œuvres complètes» rééditées avec un soin respectueux.


On se prend aussi à regretter que de telles chroniques soient confinées dans le cadre forcément restreint des revues spécialisées et ne puissent parvenir à une plus vaste exposition. Vers un public qui existe et qui ignore ce qu’il aurait pu découvrir et aimer.

Mais c’est ainsi…

Bon, si on se met en tête de rentrer dans le détails d’un numéro de SOUL BAG on va y passer la semaine… Le mieux est que vous vous rendiez au kiosque le plus proche…

 

 

ABS MAGAZINE poursuit un trajet impeccable en privilégiant le blues et en accordant aux artistes africains-américains la place qu’ils méritent. J’ai bien aimé l’article consacré à un LP de Big Joe Turner par Marin Poumérol. Il m’a donné envie d’aller farfouiller dans mes étagères pour réentendre dare dare ce bijou.

Intéressante interview de King Edward. Pour revenir aux problèmes de carrière et aux choix musicaux évoqués plus haut à propos de la bio de B.B. dans SOULBAG, on a un nouveau témoignage du rôle de l’argent dans les orientations de divers artistes. Il y a des décisions qui découlent du désir d’améliorer sa carrière et c’est assez normal : « …je voulais rentrer dans le monde du blues et ne pas rester confiné au monde de la soul. Car à ce moment là, il faut avouer que c’est là qu’était l’argent à Chicago. »

 

 


BLUES & CO. Ah, BLUES & CO c’est un tas d’artistes que je ne connais guère. Et c’est donc l’envie de partir à la rencontre des visages et des sons qui se dissimulent derrière des noms parfois très pittoresques.


SI la majeure part du magazine est tournée vers des musiciens actuels, notamment français, on peut trouver des articles didactiques qui ne sont pas ennuyeux et qui permettent de mettre en lumière un style ou une école. Le papier sur les « guitar evangelist » en est un bon exemple.



BLUES MAGAZINE. J’ai toujours un peu de peine à comprendre le parti éditorial de ce magazine imposant par son volume et sans nul doute son coût.
Quel est le « message » et est-ce qu’il y en a un ?
L’idée de mettre en couverture d’un Blues Magazine la belle Ana Popovic, c’est un peu comme si un magazine œnologique mettait en couverture une bouteille de coca. Bien pétillante certes et non moins bien galbée… Mais où est le blues dans tout ça ?

La première partie du dossier sur BB King, riche et parfaitement documentée, est très prometteuse pour la suite !

L’entretien avec Michel Laporte m’a paru intéressante bien au-delà du blues d’ailleurs, par son évocation des défis à surmonter quand on veut construire une manifestation de cette importance.





Du côté du Web, le salut habituel à LIVING BLUES, incontestable N°1. Le dernier numéro arbore une belle photo d'Eddie Clearwater en couverture.

Un petit pincement au cœur en me souvenant que j'ai fait la toute première interview d'Eddy en 1972 dans la cave de la boutique de Bob Koester à Chicago... Il était très fier que tout à coup un européen vienne le rencontrer... Belle carrière depuis.

 

 

BLUES BLAST MAGAZINE brille particulièrement par ses interviews, souvent approfondies et bien conduites. Le numéro du 17 septembre nous permettait de faire plus ample connaissance avec le bassiste Melvin Smith qui a joué et continue de jouer avec les plus grands.

Il se souvient de l'époque où il débutait. La pollinisation « croisée » entre genres musicaux faisait hausser les sourcils à la majorité des leaders d'orchestres de la Windy City même si cette philosophie s'est dégradée dans les dernières décennies :

« C'est un peu différent aujourd'hui, principalement parce que les jeunes qui arrivent semblent jouer plus funk ou incorporent d'autres genres musicaux dans le blues.
Quand j'ai commencé les gens jouaient le blues.  Par exemple je  jouait beaucoup de jazz et de gospel. Un des premiers shows auquel j'ai participé  sur la scène blues était au sein du groupe de Dion Payton. J'étais en répétition pour le gig et je plaçais quelques tournures jazzy dans la musique.»
Tout à coup Dion se tourna vers moi : «Hey mec, nous ne jouons pas du jazz, nous jouons le blues !»
OK ? Certains vont crier à l'intégrisme musical...

Ne manquez pas de vous aventurer dans les nombreux numéros de ce webzine instructif.


 

Dans mes pérégrinations incessantes à la recherche de nouveaux webzines, j'ai dégotté un titre alléchant «t'as pas 100 blues ?» (http://www.100blues.com/). Un click rapide et je me suis retrouvé  devant une page en chinois, japonais, coréen... qui sait. La photo (partielle) d'une jeune et jolie demoiselle aux prises avec sa petite culotte tenait lieu de contenu.

Du coup je ne saurais jamais si je pouvais avoir 100 blues...



 

BLUES ALIVE 76 , comme à son habitude, propose quelques sympathiques interviews d'artistes français.

 

Curieusement, lorsqu'on regarde l'ensemble des couvertures choisies depuis la création du fanzine, nous remarquons que les musiciens afro-américains n'ont pas l'air de faire partie de son monde du blues !






Un webzine espagnol ? Pourquoi pas. Tentez donc le coup avec

 

COSTA BLANCA BLUES (cbblues.com). On y trouve parfois de curieuses questions comme quand un »journaliste » demande à Joanne Shaw Taylor quel est son bluesman espagnol préféré...

C'est beau la confiance.

 

 

A part ça, il y a toujours des artistes à connaître.

En fait, lisez tout. Mais surtout écoutez, écoutez et écoutez encore. Avec plaisir mais aussi avec curiosité.

C’est à ce prix que vous tirerez le maximum de vos lectures.

Et hop, fini pour cette fois.

De grandes modifications se préparent. Patience et à bientôt.

 

 

André Fanelli

 

 

 

 

 


Living Blues

http://www.livingblues.com/

Blues & Co :

http://www.blues-n-co.org/

ABS Magazine :

http://www.absmag.fr/

Blues Magazine :

http://www.bluesmagazine.net/

Soul Bag :

http://www.soulbag.fr/

Blues Blast Magazine :

thebluesblast.com/bbnow.htm

Blues Alive 76 :

bluesalive76.blogspot.fr






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