N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS 2016

 

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COMPTES-RENDUS DE CONCERTS

1. LOUISVILLE & ERIC McFADDEN. LE BOOTLEG. Bordeaux (33). Par gilbert Béreau.

1. FESTIVAL JALLOBOURDE. Banlieues bordelaises (33). Les 16/22/23 et 29 janvier 2016. Par Gilbert Béreau.

2. CHICAGO BLUES FESTIVAL 2015 . BLUES STATION. Tournon d'Agenais (47). Le 6 décembre 2015. Par Christian Boncour.

3. ONLY CIGAR BOX. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (83). Le 23 octobre 2015. Par Gilbert Béreau.

4. WOODS. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Le 24 octobre 2015. Par Gilbert Béreau.

5. RICHARD RAY FARRELL. COMPTOIR DU JAZZ.  Bordeaux (33). Le 19 novembre 2015. Par Gilbert Béreau.


LOUISVILLE & ERIC McFADDEN

LE BOOTLEG. Bordeaux (33). Le 27 janvier 2016.

Par Gilbert béreau. Photos Jean-Pierre Vinel

 

 

Louisville

Probablement que 'Louisville' en tant que nom d'un groupe de blues n'évoque rien chez beaucoup d'entre vous; pour moi il voulait dire un duo composé de ce qui se fait de mieux en matière de notes bleues dans notre vieux pays. Il s'agit de l'association de Mig Toquereau au chant et à la basse/contrebasse avec Anthony Stelmaszack au chant et à la guitare, deux musiciens qui ont écumé toutes les scènes de l'hexagone, et bien au-delà, depuis plusieurs décennies.

 

Mig.
Mig.
Anthony
Anthony

Ces deux-là se connaissent sur le bout du doigt puisque, outre ce duo, ils jouent ensemble au sein de 'Loretta & the Bad Kings' et 'The Three Gamberros' (voir le lien 'MigProd' à la fin). Par ailleurs Tony est intégré au 'French Blues All Stars', un ensemble à géométrie variable qui regroupe le gratin des musiciens de blues du pays. Jusqu'à présent, ces deux-là se produisaient sous l'appellation 'Mig & Tony'; alors pourquoi 'Louisville', je ne saurais le dire et je fus suffisamment étourdi pour oublier de leur poser la question … Peut-être pour se démarquer du seul Mississipi ? Nos deux musiciens, plongés depuis des lunes dans le blues, sont aussi de grands amateurs de country traditionnelle … alors choisir une ville du Kentucky prend du sens.  Promis,  je demanderai …

 

Ils s'installent dans la pénombre de la scène, Tony assis sur une chaise au confort discutable et Mig debout, ce qui est tout de même plus pratique pour manier une contrebasse. C'est avec du blues très rural qu'ils attaquent et entre autres "Big road blues", un titre de Tommy Johnson à la toute fin des années 20. Tout de suite les spectateurs ont pu noter le sérieux, la qualité des deux musiciens, la proximité avec leur public et ce, avec une totale absence d'esbroufe. Puis ils alterneront de superbes vieilleries des pionniers avec des morceaux plus marqués par l'ère des 60's à Chicago. On passera ainsi du "Good lover" de Jimmy Reed au "Diddie Wah Diddie" de Blind Blake pour lequel on pense à des sous-entendus relatifs à son intimité … alors, certes pas la même époque mais une belle unité dans le choix des sujets. Côté Chicago blues on aura encore droit à une version du "Country boy" de Muddy Waters qui permettra à Tony de briller à la guitare et à l'harmo avant d'attaquer "No more doggin'".

La salle, avec au fond Alexis Evans et T Bo.
La salle, avec au fond Alexis Evans et T Bo.

Au beau milieu du set, ils annoncent qu'ils vont faire un titre de quelqu'un qu'ils aiment beaucoup et ce ne n'était pas un blues puisqu'il s'agissait du "Bad moon rising" de John Fogerty et C.C.R. C'est avec Mig aux chœurs et de belles phrases à l'harmonica qu'ils vont nous en délivrer une agréable version country que le public va ovationner. Mig repassera au chant pour un arrangement de "This is hip", un des titres les moins 'hookerien' de John Lee Hooker puis, il slappera avec entrain pour accompagner Tony sur un "Rollin' and Tumblin'" qui marquera la fin d'une bien belle prestation.

Eric McFadden

 

Pas encore la fin de soirée, et après une courte installation c'est Eric McFadden qui prenait possession de la scène en compagnie de l'hispanique Pedro Misle Mogolion à la basse et de l'italien Marco Bazzi à la batterie. Qualifié de chanteur de blues (sic) depuis le tournant de la décennie par certains spécialistes, je n'étais pas venu par passion pour cet artiste mais j'avais écouté sans déplaisir son dernier opus 'The Light Ahead' sorti l'été dernier. Non qu'il contienne, à une ou deux plages près, ma musique favorite mais il est parfaitement audible, les instruments sonnent comme ils le doivent et la voix, sans pour autant être exceptionnelle, se laisse écouter. Quelle déception lorsque ce soir il démarre sur une musique bruyante, sans mélodies et avec un batteur qui couvre tout, en particulier le chant; ce monsieur Tapdur réussira même à casser une baguette plus tard dans le set! De toute façon et dans le style mélodieux, Eric avait aussi apporté un micro coupe-bande pour un son bien crade.

Eric
Eric
Eric
Eric

Pedro
Pedro
Marco
Marco

Il a été intronisé 'guitar hero' par ses pair et ma technicité sur l'instrument ne me permet pas de porter un jugement sérieux; c'est donc probablement un technicien de la six cordes mais ce soir, si j'ai vu un acrobate, je n'ai pas entendu un faiseur de musique. De temps à autre il nous a fait quelques morceaux enrobant son blues rock dans des accents flamencos et la musique est devenue plus audible; en particulier lors du seul titre instrumental; mais ça sonne plus grosse cavalerie que Paco de Lucia.

Delphine
Delphine
Delphine
Delphine

Au milieu de set, il appelle sur scène une 'Queen Delphine' de Los Angeles et c'est une bien jolie jeune femme qui s'installe derrière le micro. Elle a nom Delphine de St Paër, elle a fait ses débuts au sein d'un groupe qualifié de funk/hip-hop, 'Raw Deluxe'. Elle a parallèlement taquiné les carrières de mannequin et d'actrice ; heureusement pour son avenir car lorsqu'elle commence à éructer un genre de rock, on voit vite que le plus attractif chez elle n'est pas le chant ! Plus audible a été "Should I stay or should I go".

La salle.
La salle.

Un moment de plaisir avec la jolie ballade "Just gettin' around" qui date d'un album d'Eric de 2005, puis on repartira vite sur du bruit. Alors, je me suis éclipsé avant la fin, mais force est de constater que les quelques musiciens de blues, présents au début du set, avait plié bagages bien avant moi.

Il y a des amateurs de cette musique alors, ainsi qu'aimait à le répéter ma vieille mère : «si tu n'aimes pas ça, n'en dégoute pas les autres!».  Dont acte, mais pour moi, c'est un monsieur que je reverrais peut-être un jour, mais en acoustique.

Gilbert Béreau. Photos Jean-Pierre Vinel

 

Site de Louisville : http://www.migprod.fr/
Louisville ce soir-là au Bootleg :   

https://www.youtube.com/watch?v=kuFrMFYHdLI
https://www.youtube.com/watch?v=DPXZpPd9DT0
https://www.youtube.com/watch?v=tvlkdfwbZ8s
https://www.youtube.com/watch?v=UtmvSV_sAdE
Le mêmes en 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=YXClegnH3aA


Site d'Eric McFadden : http://www.ericmcfadden.com/
Concert du Bootleg pour une bande son totalement dédiée à Eric McFadden bien que les photos des 12 premières minutes soient celles de Louisville : https://www.youtube.com/watch?v=4gxEm32xDgE
Eric en fin janvier : https://www.youtube.com/watch?v=skWl-g-8brU
Concert du Sonograf le 23-1 : https://www.youtube.com/watch?v=lhWtGUlgp30

Delphine et Eric;  pour amateur :   

https://www.youtube.com/watch?v=ty260hjvoXE
https://www.youtube.com/watch?v=rTjdQFa5kIc#t=28
Marco Bazzi; pour amateur :

https://www.youtube.com/watch?v=wM8wUhGp8hk


FESTIVAL JALLOBOURDE

 

 

BANLIEUES BORDELAISES (33)

Les 16/22/23 & 29 janvier 2016

 

 

Par Gilbert Béreau.

Photos Élise Lacoste  & Jean-Pierre Vinel

'Jalle' est un mot gascon synonyme de cours d'eau;  les jalles sont donc nombreuses à ciseler le sable girondin. L'une des plus connues des bordelais est celle qui prend sa source à Saint-Jean-d'Illac avant de traverser Martignas-sur-jalle et de poursuivre son chemin vers la Garonne, au nord de la ville. Une autre jalle célèbre a été bapisée l'Eau Bourde; elle prend sa source à Cestas, traverse Canéjan et suis son cours vers la Garonne, au sud de la ville. Voilà donc pour ce qui est des quatre communes organisatrices qui figurent sur l'affiche et l'explication du nom de ce festival.

 

 

Ce mois de janvier voyait la septième édition de Jallobourde et je fus extrêmement confus en réalisant que j'avais quasiment tout raté à l'exception du concert de Nico Wayne Toussaint l'an dernier à Cestas (voir n° 14); et encore n'avais-je point réalisé que c'était dans le cadre d'une manifestation de cette ampleur – mes excuses à tous ceux qui se battent depuis des années pour un peu plus de notoriété. Ce festival a été lancé sous la houlette de l'association Jazzillac, maintenant vieille de 35 ans et présidée par Louis Gilly ; cependant, la programmation reste entre les mains des services culturels de chacune des communes. St-Jean-d'Illac recevait une bien belle soirée de jazz moderne animée par le trio de Thomas Bercy qui invitait le saxophoniste Maxime Berton et pour laquelle les lecteurs intéressés trouveront des échos dans les revues spécialisées. Pour ce qui concerne blues et dérivés, le festival offrait deux sorties à ne pas manquer à Cestas et Canéjan.

23 janvier – Halle du centre culturel de Cestas

AWEK

'Feeling Blues' vous a déjà beaucoup parlé d'Awek, alors nous allons faire court mais rencontrer cette équipe est chaque fois un rendez-vous avec le talent, l'énergie, le professionnalisme et la gentillesse. Dès le début du concert on les sent en pleine forme et ils attaquent plein d'entrain avec "Pretty little liar" qui ouvre aussi leur dernier album ('9') que nous vous avons présenté dans le n° 16. La dernière fois que nous les avions vu, au printemps dernier, ils ne faisaient qu'un seul titre d'un nouveau CD déjà mis en boite mais point encore dans les bacs.

 

Photo Jean-Pierre Vinel.
Photo Jean-Pierre Vinel.

Depuis ils ont travaillé ce nouveau répertoire pour la scène et nous aurons droit à presque tout le disque avec en particulier "The way you dance", "Sunshine in my bedroom" "Open that door", ou l'instrumental "Chainsaw girl" avec de douces envolées d'harmo, des accents un peu jazzy à la guitare le tout porté par un Olivier tout doux aux marteaux. Parmi se glissera "Sunny Sunday", que personne ne connait, qui a été enregistré pour le dernier opus mais qui n'a pas trouvé sa place sur la galette. Un morceau plutôt swing, bien joyeux et qui méritera probablement de figurer sur le prochain album.

 

Stephane et Bernard. Photo Jean-Pierre Vinel.
Stephane et Bernard. Photo Jean-Pierre Vinel.
Olivier. Photo Jean-Pierre Vinel.
Olivier. Photo Jean-Pierre Vinel.
Joël. Photo Jean-Pierre Vinel.
Joël. Photo Jean-Pierre Vinel.

Ils n'oublieront pas pour autant des titres plus anciens puisqu'ils interprèteront plus de vingt chansons pour un show qui dépassera les deux heures. On entendra entre autres "Come back baby" ou "Play with me" mais on notera surtout une version très enlevée du 'berryesque' "A place where I can hide". Durant ce titre Bernard traversera la grande scène en empruntant le 'pas du canard' cher à Chuck Berry; tout en élégance, il manquera pourtant de peu de botter les fesses de Joël qui, imperturbable, ne s'est aperçu de rien. Evitant la collision Bernard a presque perdu l'équilibre mais n'a pas perdu la moindre note sur le manche de sa Gibson !

 

Photo Jean-Pierre Vinel.
Photo Jean-Pierre Vinel.

Un autre grand moment aura été l'interprétation de "I wanna be your man" avec l'appui du public et après une belle salve de plaisanteries de la part du chanteur. On ne saurait non plus oublier l'émotion de la salle durant l'hommage à Little Walter au travers de "Walter's mood", compo de Stéphane qui, à un autre moment délaissera sa batterie d'harmonicas pour emboucher une chromatique.

Côté reprises, nous aurons droit à un hommage à B.B. King avec "Sweet little angel", un vieux morceau qui trainait en 56 sur l'un des tous premiers LP 'budget' du maître aux côtés de quelques blues devenus bien plus célèbres. Autre belle surprise, le titre "Think" de Jimmy McCracklin, chanteur malheureusement pas assez chanté et décédé il y a trois ans.

 

Les danseurs.
Les danseurs.
Bernard et Joël.
Bernard et Joël.

                                                                                              Photos Jean-Pierre Vinel (agrandissables par clic)

 

Les spectateurs se sont chauffés au fur et à mesure de l'avancée du show et si quelques-uns viennent danser en bord de scène, une bonne partie est restée subjuguée par ce groupe et la qualité du spectacle. A la fin du dernier morceau annoncé, un homme s'extrait de la salle, monte en scène, c'est un édile des lieux qui demande aux musiciens de ne pas quitter la scène, les complimente et réclame un rappel immédiat. C'est avec joie qu'Awek s'exécute et interprète deux morceaux dont "She moves me" avec un Bernard qui a perdu son éternel bibi.

Oui, mais le public ne veut pas se laisser frustrer de son rappel à lui, il a donc crié très fort pour les faire à revenir en scène pour une nouvelle resucée et le show se clôturera sur "I can tell" de Bo Diddley.
D'excellents musiciens pour une superbe soirée, cependant il convient de noter un son superbe, puissant mais pas agressif et qui permettait de distinguer parfaitement tous les instruments, y compris la basse de Joël même lorsqu'Olivier s'excitait un peu derrière ses fûts – merci Pierrot.

Awek au complet. Photo JeanPierre Vinel.
Awek au complet. Photo JeanPierre Vinel.

 

Indiscrétion utile :
Le samedi 4 juin Bernard Selam fêtera son nième anniversaire (admirez la discrétion) dans son bled en organisant un festival de Blues. Parmi les amis ayant déjà donné leur accord pour cet évènement, on trouve Fred Chapellier et ses musiciens; Bernard se régale déjà à l'idée des duos qu'ils auront l'occasion de former. Le bled en question c'est Montaigut qui se situe un petit peu à l'ouest d'une ligne Toulouse-Grenade ; notez tout cela dès maintenant sur vos agendas et chauffez vos GPS.

Site du groupe : http://www.awekblues.com/index.php/fr/
Fin janvier à Pamiers avec les 'Mountain Men' : https://www.youtube.com/watch?v=H9qlVQ9-Gc4
"Chainsaw girl" à l'automne à Salaise : https://www.youtube.com/watch?v=3EGBG8KvkM4
"Walter's mood" en 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=idnJMsZVyDM

 

29 janvier – Centre Simone Signoret de Canéjan

Foolish King

Nous vous avions parlé de ce groupe de R&B/soul/funk en la page 6 de notre n°16. Un rappel rapide pour les retardataires : le groupe est issu de la rencontre du trio 'Electric Boots' avec une chanteuse et un bassiste.

 

Le trio c'est Julien Bouyssou aux claviers dont l'orgue Hammond, Charlie Dufau à la guitare et Julien Lavie derrière les fûts. La chanteuse, c'est Charlie Dales qui après dix années passée à étudier derrière un piano classique s'était d'abord investie dans le rock.
Il fallait un bassiste et celui choisi a eu la maladresse de ne pas s'appeler Julien ou Charlie ce qui nous aurait valu un 'full aux Juliens par les Charlies' … ou l'inverse. Donc, à la basse, c'est Victor Bérard dit Rocky Martino et à défaut de 'full' nous avons une belle 'quinte flush à la reine'; en les regardant, on voit bien qu'elle est à cœur !

 

Foolish King. Photo Elise Lacoste.
Foolish King. Photo Elise Lacoste.

Ils prennent possession de la scène avec une assurance que je vois s'accroitre au fil des concerts et attaquent avec un instrumental qui, contrairement à l'accoutumée, laisse l'organiste au chômage. Puis, Charlie saute en scène; gainée dans une seconde peau d'un rouge éclatant décorée d'une panthère sur l'épaule gauche et avec une mèche de cheveux enroulée en gros escargot, tout à fait dans un style cher à Imelda May. Dès le second titre (Dear paradox) on retrouve ce son chaud qui est signé Hammond et caractérise le son du groupe.

Charlie Dales. Photo Elise Lacoste.
Charlie Dales. Photo Elise Lacoste.

Les musiciens se la donnent à fond pour apporter le maximum à la musique et à la cohésion de l'ensemble. Sur une assise solide de la basse du joyeux Victor et de la batterie de Julien qui semble souvent dans sa bulle, le discret Charlie délivre de savoureux riffs de guitare et Julien, plus exubérant, caresse cette Hammond XK3 dont la copine Leslie 760 magnifie le son. Quant à Charlie outre une jolie voix puissante, elle est très présente sur la scène et s'amuse beaucoup avec ses camarades. Par ailleurs consciente que l'ensemble a d'ores et déjà son public, elle parle beaucoup aux spectateurs et joue avec eux.



Photos Elise Lacoste (agrandissables par clic)

 

La soirée fût essentiellement consacrée à des compositions originales du groupe, certaines connues comme "No charity", "Black heart", ou ce "You left me" démarrant tout doux avec juste les deux Charlie (s) pour se terminer en fanfare avec le retour de tous les combattants. Tous les titres furent longs et chaque musicien aura eu l'occasion de faire apprécier ses qualités, ainsi dans "Strange life" qui permit à Victor un beau et long solo de basse délicatement mis en valeur par ses acolytes.



Photos Elise Lacoste (agrandissables par clic)

 

C'est sur "Foolish King", leur hymne officiel que s'est clôturé un set de près d'une heure trois quarts, et ce avec une chanteuse qui, depuis un moment, a balancé ses chaussures et gambadait pieds nus sur cette belle scène. La salle, jusque-là assez discrète, a soudain réalisé la proximité de l'échéance et s'est mise à réclamer un rappel à cors et à cris. Bien sûr nos jeunes reviendront radieux et ce sera "Messin' with the kid" et une sortie toute instrumentale.

Indiscrétion utile :
Les tires "You left me" et "Strange life" seront parmi les six compositions du groupe qui figureront sur un second EP déjà enregistré ; la dernière donnera également son nom à l'album. Sortie et présentation au public auront lieu le 22 mars pour 'Blues autour du zinc' à Beauvais, une ville qui n'est pas la couverture géographique de 'Feeling Blues'. Comme nous espérons quand même avoir des lecteurs dans le nord de la France, que ceux-ci note cela sur leurs agendas et que ceux du sud pensent à se rendre sur le site du groupe à partir de cette date.

Site du groupe : http://www.foolishking.net/
A Bordeaux à l'automne : https://www.youtube.com/watch?v=FNSZ-1wR0HE
Présentés par Mike Lecuyer à Blues sur Seine 2014 : https://www.youtube.com/watch?v=BkdeeoxB3mo
Fête locale en pays viticole, le leur : https://www.youtube.com/watch?v=ZQ31FfGXe4U

Gilbert Béreau.

Photos Elise Lacoste et Jean-Pierre Vinel.

 

 


CHICAGO BLUES FESTIVAL 2015

Le 06 Décembre 2015

à Tournon d'Agenais (47)

                                                                                                 Par Christian Boncour

 

Gros succès pour le "Chicago Blues Festival Tour"

Le concept "Chicago Blues Festival on Tour" né il y a  46 ans fait halte tous les ans à Tournon d'Agenais depuis 1997.

Le dimanche  6 décembre l'association ABC/Blues Station recevait l'édition 2015.

C'est avec une introduction instrumentale que le guitariste Chris James, le bassiste Patrick Rynn, l'harmoniciste Aki Kumar, le pianiste Ken Saydak et le batteur Willie Hayes annoncèrent  de suite la couleur et la chaleur : cohésion, technique et puissance.

 

 

Aki Kumar  ouvrit  le bal avec "My Baby Do not Love Me No More" suivi de  "Keep What You Got". En front man dynamique il a su de suite emballer le public grâce à sa voix élégante et son jeu d’harmonica plein de feeling pourvu d’un bon son amplifié.

 

 

Quand Ken Saydak prend le devant de la scène c'est avec un boogie à la Pinetop Perkins suivi d'une une ballade "Time I Spend Alone" et d'une version quelque peu classique de "Help Me". Pianiste au style vigoureux, accompli et varié, chanteur à la voix chaleureuse mais éraillée dû sûrement  à quelques excès, Ken s'est aussi exprimé avec virtuosité durant toute la soirée à l'orgue Hammond.

 

 

Soutenu d'une superbe section rythmique, Patrick Rynn et Willie Hayes, le véritable leader de cette tournée était

Chris James tant à la guitare qu'au chant. Il emmena le public dans un univers intemporel tout au long des 2 sets avec une série de classiques du genre dont "I like money but money don't like me" et l'excellente version de "Shame Shame Shame" un titre de Jimmy Reed & Eddie Taylor.

 

 

 

Comme à l'accoutumé c'est une chanteuse qui clôture les sets du CBF. C'est sous une tonne d'applaudissements que

Melvia "Chick" Rodgers fit son apparition. Avec trois titres : "Let The Good Times Roll" suivi de " Sing The Blues For You" et d'un medley de "Everyday I Have The Blues" et "Hey Hey The Blues Is All Right", le public était conquis. L'atout majeur de Chick Rodgers réside dans sa voix. Ebréché et profond, son timbre puissant métamorphose chaque chanson en une mélopée à la beauté rétro. Une patine récupérée en arpentant sans relâche les bars locaux et les scènes de Windy City. De fait, le blues de la dame sent le vécu, les années de galère et les envies de lumière. Elle signe une relecture moderne du patrimoine blues, brassant le glorieux passé local avec un aplomb musical très actuel.

 

 

Après un petit break  le deuxième set fut encore plus chaud.  Le public suit, hypnotisé, s'anime quand Aki y joue avec talent "Just Keep Lovin Son", Chris brille dans "Girl Tell Me What You Did Last Night" et  "Sail On Little Girl", Willie Wayes y donne un solo magistral dans la version énergique de "Mona" de Bo Diddley et enfin Chick Rodgers y est magistrale dans "Mojo Working".
Et puis il est encore temps d'un rappel, tous sur scène ils reprennent en final l'incontournable "Sweet Home Chicago". De véritables bluesmen et blueswomen qui  ont su  partager leurs émotions et prouvé que le style "Chicago Blues" est bien vivant, frais et enthousiasmant.

 

 

 

 

Ce sont des musiciens bien connus du public tournonais qui avaient la lourde tache de démarrer cette 103e Blues Station. Très belle prestation et gros succès pour MG & The Two A, ce combo tout juste créé composé par la chanteuse Gladys Amoros , du guitariste Michel Foizon , Abdell B.Bop à la contrebasse et Andy Martin à la batterie. Un nouveau band avec des artistes à suivre avec intérêt.


Grande nouvelle pour tous les amateurs de West Coast Blues, San Pedro Slim débarque en France, il est programmé à Tournon d'Agenais le samedi 30 janvier 2016, qu'on se le dise.....

 

Texte et photos de Christian Boncour

 

 


ONLY CIGAR BOX

COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Le 14 novembre 2015.

Par Gilbert Béreau

 

'Feeling Blues' vous a parlé plusieurs fois de ce groupe excitant et la toute dernière fois à l'occasion de la soirée Blues sur le port de Larros en juillet dernier (n°16/p 6). J'ai souhaité vous les présenter à nouveau dans l'ambiance bien plus intimiste du 'Comptoir du Jazz' où ils avaient transporté leurs instruments bizarroïdes en cette soirée de fin octobre.

 

OCB.
OCB.

Ambiance certes plus cosy mais scène étroite qui oblige les sept membres à se serrer un peu et c'est donc sur trois rangs que nous retrouvons l'équipe habituelle. La première ligne se compose du pilier Orville Grant et de ses guitares faites maison, à sa droite, le talonneur Teddy Costa avec ses harmonicas toutes traditionnelles et à sa gauche, Stéphane Barincourt à la lead guitare montée sur bidon d'huile. La deuxième ligne est celle du charme et reçoit Erika Pascal et Corinne Gireau toutes deux préposées aux chœurs ; chaque fois qu'Erika prendra le chant solo, elle montera en première ligne pour un essai réussi. Les lignes arrières présentent la section rythmique soit, Patrice Feugas avec sa basse 'cigar box' et le facétieux Denis 'Lapinou' Bielsa derrière son toujours aussi bizarre 'gigpig' en guise de batterie.

 

La section rythmique.
La section rythmique.

Curieusement, ils attaquent avec une version bluesy du "Folsom prison blues" de Johnny Cash qui est d'habitude au répertoire d'Orville and the Woodbox (n°16/p 13) mais qui sied fort bien à OCB. Puis la première ligne se déploie pour l'attaque et ce sera au tour de Teddy de prendre le chant solo avec deux morceaux consécutifs, "In my hometown" (Luther Allison) suivi d'un titre d'harmoniciste, le "Help me" de Sonny Boy Williamson II et ce, avant de céder le micro à Steph pour "You gonna miss me".

 

 

Teddy sera très présent durant ce premier set puisqu'il chantera le "Don't you ever let nobody drag your spirit down", un morceau d'Eric Bibb aux accents gospel, avant de reprendre un de ses favoris, "I told my little woman" de Lazy Lester puis de se battre avec son harmonica sur sa composition "Teddy swamp". Ce dernier titre au rythme 'jungle beat' donnera l'occasion à Orville de nous offrir un énorme solo sur une 'cigar box' 4 cordes, solo dont une grande partie sera simplement soutenue par les claquements de mains des six autres … et du public. Entre temps, Erika se sera avancée pour le bien joli "Angel man" composé par son compagnon Orville et Steph aura rendu hommage à Blind Lemon Jefferson avec "Matchbox blues".

 

Lors d'un show d'OCB, le spectacle n'est pas seulement musical ou visuel, c'est aussi de grands moments de rires, voire de délires ; Orville et Teddy ne ratent jamais une bonne vanne dès que l'occasion s'en présente et le public apprécie pleinement ces moments de connivence. Alors, juste avant la pause, ils enfilent de grandes barbes factices pour envoyer "Gimme all your loving" des ZZ Top ; mais ils ne sont toujours pas allés au bout de leur facétie puisqu'ils n'ont pas encore payé de barbes à Corinne et Erika !

OCB.
OCB.

A la reprise, c'est Orville qui s'attelle au vocal avec le "We can't end this way" de Ben Harper qui figurait sur l'album de duos avec Charles Musselwhite (Get Up-2013). Voilà un titre avec un rythme proche de la valse et Orville nous fait un faux départ à la guitare sur l'air d'un blues très franchouillard, "La b- - e à Dudule" ; excuses bien plates et le titre original redémarre encouragé par de forts claquements de mains. Pour ce second set les parties vocales seront équitablement partagées pour des titres aux rythmes variés. Ainsi entendrons nous, entre autres, des accents gospel sur le traditionnel "Get right church" repris par Teddy, des sonorités de Chicago avec l'interprétation de Steph du "Cause of it all" d'Howlin' Wolf, une reprise soul des 70's qu'Orville qualifiera de chanson chiante du répertoire et c'est le triste "Ain't no sunshine" de Bill Withers puis Erika clôturera le set sur les notes country du "I can't get you off of my mind" d'Hank Williams. Parmi les classiques nous aurons droit au "Boom boom" de John Lee Hooker, mais surtout à "My babe" qui déchaîna les passions dans l'assistance, laquelle réclamera avec insistance une réédition du bisou qui avait chauffé le Net au début du mois (voir en page 'News du présent numéro).

Erika et Orville.
Erika et Orville.

Les aiguilles de la montre ont bien tourné mais le public ne veut pas les laisser partir et fait un bruit d'enfer pour obtenir un rappel. Erika et Orville reviennent seuls en scène ; lui attrape la 'cigar box' à 6 cordes et elle nous montre l'étendue de ses capacités vocales sur "An American trilogy", un arrangement de Mickey Newbury à partir de 3 chansons issues de la guerre de sécession et qui devint un succès lorsqu'Elvis l'utilisa régulièrement dans ses concerts. Puis la troupe revient en son entier pour "Soul stealers", une composition d'Orville en hommage aux bluesmen noirs américains. Une bien belle soirée qui a fait vibrer un 'Comptoir du Jazz' plein à craquer.  

 

Gilbert Béreau. Photos Jean-Pierre Vinel.


Présentation officielle du groupe : https://www.youtube.com/watch?v=teJ0ep9RWUY
La 'Cigar box guitar' présentée par Orville : http://www.cigarboxguitar.fr/index.html
Dax motors 'n' blues-7/2015 :   

https://www.youtube.com/watch?v=0qfviw1QmKA
https://www.youtube.com/watch?v=9bq0J7BKLE4
https://www.youtube.com/watch?v=H8ByPFjtvUY
Comme autrefois :    https://www.youtube.com/watch?v=zwrDAtxMlNw#t=34

 


WOODS

COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33) Le 24 octobre

Par Gilbert Béreau

'Feeling Blues' vous a parlé de ce groupe de formation relativement récente à l'occasion de la sortie de leur premier album 'The good side of the neck' (voir n°16/p 13). Comme votre webzine a l'habitude d'assurer le service après-vente, il paraissait normal d'aller les voir en scène dès qu'ils passèrent à portée. Ce fût dans un 'Comptoir du Jazz' qui, bien qu'ayant fait le plein la veille, était encore copieusement garni lorsque notre quartet pris possession de la scène. Urban Chad, le chanteur, arborait un chapeau de cowboy en paille sur son abondante chevelure, un bitos qui n'a cependant pas tenu la distance du concert entier. Pendant ce temps, Éric Rey, le lead guitariste, se contentait d'un discret bob en feutre, le bassiste Bill Ledresseur traînait un look lui permettant de postuler pour le prochain remplacement chez ZZ Top alors qu'Haze Francisco, le batteur, était d'une extrême sobriété vestimentaire. Et Chad annonce d'entrée la couleur, le show sera "Woods on the southern route – 1965 to 1975" ; il est plus question de l'esprit que de la lettre puisqu'il attaque aussitôt "Someday past the sunset".

 


Urban Chad et Éric
Urban Chad et Éric
Éric Rey
Éric Rey

Bill Ledresseur
Bill Ledresseur
Haze Francisco
Haze Francisco

 Photos Jean-Pirre Vinel (agrandissables par clic)

 

De fait, les morceaux qui ont composé les deux longs sets de la soirée se sont partagés entre titres de leur récent premier album et des reprises dont une majorité figurait sur l'EP précédent. Les reprises venaient en majorité de la période indiquée par Urban, les chansons de l'album étaient des compositions toutes récentes du groupe mais écrites dans l'esprit de cette époque et dans un style qui amalgame blues-rock, rock sudiste et folk assez musclé.

 

Durant le premier set, on a vibré aux reprises d'Urban de titres de Neil Young (Heart of gold ; Comes a time) ou de "Polly" ce charmant country folk de Gene Clark qui offrit l'occasion d'une longue intro à la guitare d'Eric. Le batteur Haze s'est approprié le micro pour une reprise musclée du "Come together" des Beatles avec de bien belles parties sur ses fûts. Peu de titres de l'album durant ce set mais quand même on a remarqué le bluesy "Rumbling lies" et le mélodieux "Down the road". Tout est passé bien vite et le break est anoncé à la fin du rugueux "Feeling allright" de Joe Cocker qui donna lieu à un duo entre Urban et Haze.

 

 

Woods au complet.
Woods au complet.

Le second set fût plus riche en extraits de l'album et il démarra justement avec tout ce beau monde assis pour "Angeline Baker" qui vit Bill troquer sa basse pour son vieux banjo. Plus tard, on a entendu les titres assez musclés que sont "Mister Woodman" avec un long solo endiablé ou "Happy ending" et la jolie ballade "Nothing counts more for me". Côté reprises, après le "Tangerine" de Jimmy Page, ce fût la part belle à John Fogerty et C.C.R. avec "Fortunate son" ou "Born on the bayou" et bien sûr le tube "Proud Mary" mais pour lequel le batteur Haze s'était réapproprié le micro avec bonheur.

 

 

Une bien agréable soirée durant laquelle le plaisir qu'avaient ces quatre musiciens à jouer ensemble sautait aux yeux des moins avertis. Le professionnalisme ressenti à l'écoute du CD a été largement confirmé ce soir et s'explique aisément lorsqu'on jette un coup d'œil à l'expérience que chacun d'eux a acquis dans des vies musicales antérieures. Je voudrais souligner l'apport du batteur Haze Francisco qui possède un sacré sens de l'accompagnement, de la mise en valeur des prestations de ses compagnons sans pour autant être trop bruyant. Il sait parfaitement être présent et même se faire remarquer sans pour autant éprouver le besoin de taper comme un stakhanoviste ; suffisamment rare chez les batteurs de notre époque pour devoir être signalé.

 

Gilbert Béreau.  Photos Jean-Pierre Vinel.


RICHARD RAY FARRELL

COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33) Le 19 novembre 2015

Par Gilbert Béreau

C'est dans son n° 11 que 'Feeling Blues' vous avait déjà parlé de ce bluesman américain né dans l'état de New York (Niagara Falls) il y a bientôt 60 ans. Américain certes, mais il n'a passé qu'à peine plus de la moitié de son existence aux US et c'est en Europe qu'il a bourlingué pendant près de 30 ans. Dès 1975, on retrouve le jeune Richard à Paris où il a suivi, sans trop savoir pourquoi, deux amis venus pour études. Fasciné par les vieilles légendes du blues, c'est là qu'il devient chanteur de rue et du métro jouant beaucoup pour récupérer à peine de quoi survivre … mais que ne ferait-on pas à 20 berges ? Il végètera ainsi dans plusieurs villes d'Europe, puis ce sera un passage en Espagne, la naissance d'un enfant et son départ vers Stuttgart avec sa toute nouvelle famille. Il se fera les dents dans des formations locales, en créera à son nom puis finira par être suffisamment reconnu et recherché pour participer aux tournées européennes de compatriotes de grand renom. Entre autres, le verra-t-on aux côtés de Lazy Lester, RL Burnside, Frank Frost ou Louisiana Red avec lesquels il sillonnera l'Europe pour un long parcours très formateur.

 

 

Les portes des studios vont s'ouvrir avec la formation du groupe 'Farrell & Black Band' en compagnie d'un cheyenne venu lui aussi s'installer à Stuttgart ; il s'agissait de Jimmy Carl Black (ex batteur des 'Mothers of invention' et accessoirement 'Captain Beefheart'). Deux albums sortiront qui vont permettre à Richard d'aiguiser ses talents en matière de composition et d'arrangements ; puis, sous son nom, huit albums studios et un en public verront le jour à un rythme régulier. Au tournant de ce siècle il repart s'installer aux US, à Philadelphie, où il va demeurer une quinzaine d'année. Rencontré il y a un peu plus de deux ans et il m'avait annoncé son prochain retour en Europe et cette année, il m'a confirmé son installation à Malaga avec femme, armes et bagages … simple façon de parler, car pour ce qui est des armes, leur détention doit être moins aisée chez nos voisins espagnol qu'aux Etats Unis !

Abdell B.Bop, Francis "Speedy" Gonzales et Richard.
Abdell B.Bop, Francis "Speedy" Gonzales et Richard.

 

C'est accompagné par Abdell B.Bop à la contrebasse et Francis 'Speedy' Gonzales à la batterie que Richard se présente ce soir dans un 'Comptoir du Jazz' où, quelques jours à peine après les attentats parisiens, l'assistance restera bien clairsemée. Avant toute chose, Richard rendra hommage aux victimes et il est bien dommage que les fanatiques sanguinaires aient réussi à maintenir le public potentiel à la maison car les présents ont assisté à une magistrale leçon de Blues.

C'est avec un dobro National et un rack pour harmonica qu'il prend place sur sa chaise tandis que Francis se lève pour s'harnacher avec un washboard. Dès lors, on sait qu'il va mettre en pratique sa phrase fétiche “Ne comptez pas apprendre le Blues d'Eric Clapton ou de Stevie Ray … creusez plus profond !” Et de fait, c'est parti avec Leadbelly et son célèbre "Keep your hands off her". Ils vont nous régaler avec de belles versions de blues d'avant-guerre comme par exemple "Diggin' my potatoes" ou "Old man blues" avant de terminer cet épisode avec le plus récent "Long distance call" de Muddy.

Richard est sympathique avec son public, il chante fort bien, offre un jeu de guitare inventif et varié et il est parfaitement soutenu par ses deux compères ; une bien belle soirée de blues s'annonce !

 

 

Francis part se réinstaller derrière ses fûts et Richard troque son beau dobro contre une non moins belle Gibson acoustique mais garde son rack à harmo. On sent bien qu'il va rester fidèle à ses habitudes qui l'on conduit, il y a quelques années, à enregistrer ce bel album varié qu'il avait intitulé 'I sing the blues eclectic' (2011). Ils vont partir sur un autre chemin pour cette nouvelle séquence mais ils démarrent le changement en douceur puisque le premier titre sera le vieux "Down in New Orleans". Ce second épisode fût composé de compositions de Richard dont "Listening to the fallin' rain" ou "Shoes shoppin' woman" et de jolies reprises, par exemple deux titres de Jimmy Reed dont le superbe "Honest I do" ou "Ain't nobody business" de B.B. Une grande série de blues, aux rythmes variés et toujours superbement interprétés ; la maigre assistance est extatique pour ce qui concerne les plus âgés tandis que les jeunes sont de plus en plus excités.

Richard et son rack à harmo bidoullé !
Richard et son rack à harmo bidoullé !

Et puis, il attrape un objet à la forme indéfinissable, fait de bois et rigidifié au ruban adhésif … il faut un certain temps pour réaliser qu'il s'agit d'une construction artisanale bidouillée pour permettre d'installer l'ampli d'harmonica sur le rack afin de garder les mains libres. Et ça marche ! Le son de l'harmonica en est changé même si les mains sur la guitare ne permettent pas 'd'ouvrir et de fermer'. C'est ainsi qu'il va faire une série de chanson en commençant par "Too many drivers" et "I can't stop loving".

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises car le voici qui se lève, pose la Gibson pour empoigner la Fender qui va lui permettre de montrer une nouvelle facette de son talent. C'est ainsi qu'il finira la soirée en attaquant par un bon gros boogie qui sera l'occasion d'un solo pour Abdell puis Francis. Encore cinq ou six titres bien électriques et au passage on reconnaîtra "Blue shadows falling" (Lowell Fulson) ou "Some other day some other time" (Freddie King).
Il remercie les présents trop clairsemés dont un groupe de jeunes visiblement peu habitués et aux lieux et au blues classique qui réclament "Hoochie coochie man" à cor et à cri. Richard s'exécute de bonne grâce et poursuit sur une impro de boogie qui lui permet de présenter à nouveau ses musiciens.

Une grande soirée qui était prévue en deux sets d'une heure environ et qu'il avait décidé de réduire à un seul compte tenu d'une assistance réduite. Mais respectueux du public et visiblement heureux de jouer sa musique, Richard a fait durer ce set unique bien au-delà de ce qui était prévu, pour le plus grand plaisir du public et de son épouse présente dans la salle. La montre indique deux heures et quart de musique ininterrompue pour une grande soirée et, je le répète, une magistrale leçon de Blues.

 

Gilbert Béreau. Photos Jean-Pierre Vinel.

Site de Richard : http://www.richardrayfarrell.com/
La même équipe à Tournon :

https://www.youtube.com/watch?v=RM2CUiuPPFo
https://www.youtube.com/watch?v=3IOWbDJfBxM
https://www.youtube.com/watch?v=c4SYgy515nE
https://www.youtube.com/watch?v=CV-zWILgYu0
Avec d'autres musiciens :    https://www.youtube.com/watch?v=Xv4-lptihK8

Les trois compères au back stage.
Les trois compères au back stage.