WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

 

 

   CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

 

              Trimestriel

 

 

 

     octobre / novembre / décembre 2015

 

 

 

 

          PAGE 8

 

1. FESTIVAL RELÂCHE. SUITE. BORDEAUX (33) par Gilbert Béreau

Jack Ernest

Twin Arrows

Dr Feelgood

No Money Kids

P'tir Histoire

Alexis Evans Band

Jim Murple Memorial

Vaudou Game

The Lighnin' Rockets

Nina Attal

Little Bob Blues Bastards

Sugaray Rayford

 

2. JAZZ IN MARCIAC (32) par Laurent Sabathé

Soirée blues :

Nico Wayne Toussaint et Michel Foizon


 

      Texte  Gilbert Béreau.     Photos de Jean-Pierre Vinel ou Gilbert Béreau.

 

SUITE DE LA PAGE N°7.

RAPPEL :

 

Le festival 'Relâche' a vu le jour en 2010 pour combler un vide musical de plus de deux mois dans une cité de l'importance de Bordeaux. Jusqu'à cette date, tout le monde imaginait que les bordelais restés en ville durant l'été passaient systématiquement leurs journées en bord de mer, que les touristes étaient fatigués de leurs balades diurnes et donc, que tout ce beau monde rentraient se coucher tôt. 'Relâche' qui, d'année en année prend de l'embonpoint, propose en 2015 une série d'évènements musicaux se déroulant de fin juin à début septembre sur différents sites herbeux ou bitumeux de l'agglomération bordelaise. Au nombre de ces évènements, des soirées de danse appelées 'dancing in the street' et animées par des DJs, des 'siestes soul' mais surtout une bonne quinzaine de concerts avec une programmation variées et de qualité. Cette programmation, originellement orientée vers les musiques rock, s'est maintenant ouverte aux piliers de la musique noire tels que blues, soul, funk … Pour la première année, et considérant la refonte des régions, 'Relâche' se décentralise pour une journée à Limoges puis à La Rochelle.
Aidée par la ville, la Métropole et quelques partenaires indépendants, la véritable cheville ouvrière du festival est l'association 'Allez les filles' qui fêtera l'an prochain ses vingt ans de militantisme culturel sur Bordeaux. A noter que 'Feeling Blues' vous avait rendu compte de quelques soirées de la précédente version du festival 'Relâche' en son n°12 (p 6). Cette année, il est des soirées auxquelles je n'ai pu assister en raison de mon emploi du temps, il en est d'autres où je me suis rendu mais dont je ne parle pas, ou très peu, le contenu m'ayant semblé trop éloigné de la musique traitée en ces pages. Cependant, vous trouverez des sujets sur des musiciens dont la production est parfois loin des choix du webzine, mais là, c'est lorsque la qualité est telle qu'on peut bien transgresser pour faire un bel enfant à la ligne éditoriale.


Le programme complet figure en dernière page du n° 15.

 

 

 Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

 

JEUDI 20 AOÛT. Parc aux Angéliques.

 

Nous passerons très vite sur 2 des 4 groupes de la soirée qui pratiquaient une musique qui n'entre pas dans la ligne éditoriale de notre webzine. Ne me traitez pas d'ayatollah pour autant, car s'agissant d'un style que j'apprécie peu et donc que je ne connais pas vraiment, je préfère n'en rien dire que d'en parler mal !
Jach Ernest est un groupe bordelais qui se définit lui-même comme un groupe indie pop. D'un duo mixte, Stéphane (guitare/chant) et Florence (basse/chant) au départ, ils étaient 4 en scène ce soir avec un second guitariste et un batteur. A noter un petit passage plus folkeux avec guitare acoustique.
Site du groupe : https://jachernest.bandcamp.com/

Twin Arrows est un groupe parisien dans lequel un quatuor normal de musiciens, avec ses 2 guitares, sa basse et son batteur, accompagne une bien jolie chanteuse prénommée Eléonore. La musique du groupe a été définie par certains spécialistes comme étant au croisement du R' 'n' R', du blues et du psychédélisme (???). Pour ce qui me concerne, et même s'ils semblent avoir séduit Philipe Manœuvre, je n'ai qu'une certitude c'est que ce n'est ni du rock and roll, ni du blues ; quant au psychédélisme, je ne suis pas connaisseur en matière d'hallucinogènes.
Site du groupe : http://twinarrows.fr/accueil1/

Jusque-là, je devais mes moments les plus excitants aux morceaux de R&B et de R' 'n' R' proposés par Francis, le DJ Feelgood, lors des changements de plateau.
Si nous n'avions pas été en plein air, le troisième lever de rideau se serait fait sur le légendaire groupe britannique Dr. Feelgood, passeur de rock and roll, de R&B et de blues depuis plus de 40 ans !

Dr Feelgood. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Bien sûr, la composition du groupe a changé depuis sa création en 71 par le chanteur/harmoniciste Lee Brilleaux et le guitariste Wilko Johnson, mais si peu par rapport à ce qu'on voit souvent de l'autre côté de l'océan. Le dernier arrivé, et c'était il y a 20 ans, est le chanteur/harmoniciste Robert Kane qui a remplacé Lee Brilleaux disparu en 1994, à 42 ans, d'une saloperie de crabe. Le guitariste vedette Wilko Johnson avait quitté le navire dès 77 pour cause de mésentente avec Brilleaux et trois titulaires se sont succédés durant la douzaine d'années suivantes. Steve Walwyn est le guitariste actuel et il est fidèle au poste depuis déjà 25ans !

 

                                                                     Steve Walwyn. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

La palme revient à Phil Mitchell et Kevin Morris, respectivement bassiste et batteur, qui assurent la section rythmique depuis 32 ans ! Vous avez probablement deviné qu'il ne s'agit pas de perdreaux de l'année et que les cheveux qui restent tirent plutôt sur le blanc … mais il en reste pas mal ! Ils sont quatre dont les âges respectifs s'échelonnent de 59 à 62 ans, année par année ; mais bon sang quelle vitalité !!! En particulier, on a noté la fougue du guitariste et l'énergie du chanteur qui, durant tout le concert, ne restera jamais en place.

                                                Phil Mitchell et Kevin Morris. Photo Gilberte Béreau. 2015.

 

Dr Feelgood est un groupe de scène qui passe le plus clair du temps sautant d'estrades en estrades, au point qu'il n'y a pas eu d'enregistrement nouveau depuis de nombreuses années. Alors, ils vont nous faire à la perfection ce pourquoi ils sont devenus, et surtout restés, célèbres : du rock and roll des origines et des reprises vitaminées de Chicago blues. S'ils n'ont pas révolutionné ces styles musicaux, autant vous dire qu'un de leur spectacle est une heure et demi d'enchantement !

                                                                 Robert Kane. Photo Gilbert Béreau . 2015.

 

C'est avec un clin d'œil à Chess records qu'ils attaquent puisque dans la foulée de leur vision du "Hoochie cochie man", ils balanceront deux titres de Bo Diddley, "I can tell" et "Who do you love". Et le show va se poursuivre sans aucun temps mort, avec très peu de morceaux vraiment lents et un mélange de vieilles compositions du groupe et de reprises. Au titre des compositions, nous avons reconnu, entre autres, "Milk and alcohol" ou "Back in the night" (ce dernier morceau datant des 70's et composée à l'époque par Wilko Johnson). Bien évidement il y eut aussi deux chansons qu'ils n'oublient jamais, "My baby quits me" et "Down by the Jetty Blues", un des rares blues lents de la soirée ; chacune donna lieu à un très long solo de guitare de Steve, un tout petit peu 'm'as-tu vu' sur la fin. J'allais oublier "Back in the night" durant laquelle Robert tend son micro à bout de bras par le pied pour faire chanter un public qui jubile...

Dr Feelgood. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Pour ce qui concerne les reprises, on est allé du "Rollin' & tumblin'" de Muddy chanté par le guitariste à une vision bluesy et avec harmonica de "See you later, alligator" en passant par une version endiablée du "Give me one more shot" de J B Lenoir. La foule était énorme et compacte devant la scène ; le temps est passé vite, bien trop vite, au point que les spectateurs réclament vigoureusement une prolongation. Le rappel sera musclé, à l'image du concert, avec "Riot in cell block # 9" popularisé par les Coasters en 54 et le "Bony Maronie" de Larry Williams durant laquelle ils feront une petite digression charmante vers "Tequila". Chapeau bas, les artistes !!!

Site du groupe :

http://www.drfeelgood.org/
Extrait de cette soirée :   

https://www.youtube.com/watch?v=Avhld_zcBl8
https://www.youtube.com/watch?v=qMjo1dxVzYY
Le lendemain à Mont de Marsan :   

https://www.youtube.com/watch?v=BlVVjnHKEWs
2 jours plus tard dans le Vaucluse :
"Who do you love" : https://www.youtube.com/watch?v=ad1KR9AzxGs
"If my baby quits me" : https://www.youtube.com/watch?v=eeRGsd0_kUc
"Route 66" : https://www.youtube.com/watch?v=gVacuhNL9H8

 

 

 

La dernière partie de soirée devait être consacrée au blues et être l'affaire du duo No Money Kids. Composé de Félix Kazablanca (chant/guitare) et Jean-Marc Pelatan (bassiste/sampler/électronicien …), il s'agit d'un duo qui propose une musique abâtardie de blues et d'électro à laquelle je n'ai pas réussi à accrocher et j'ai trouvé nos deux gaillards un peu démonstratifs.


No Money Kids. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Force est cependant de constater qu'il s'agit d'un vrai travail de pro, surtout de la part de Jean-Marc qui doit jouer de la basse tout en se précipitant en permanence sur le jeu de pédales, le clavier ou l'ordinateur. De ce point de vue, c'est parfaitement réglé, et pendant ce temps, Felix saute sur place en proie à une étrange danse de Saint-Guy. L'important est que le public présent ait aimé, et il semble que ce fût le cas !


Site du groupe :

http://www.nomoneykids.com/
En public - 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=Jp-PJRNAp8g

 

 

 

VENDREDI 21 AOÛT. Parc aux Angéliques.

 

Encore une soirée à la programmation variée, et donc des shows sur lesquels nous passerons vite.
Le premier groupe de la soirée s'appelle 'P'tite Histoire' et il naquit dans la lointaine banlieue bordelaise. Porté sur les fonts baptismaux par David Urban, il propose un répertoire de chansons françaises plus ou moins festives. Donc un spectacle pas désagréable mais loin du blues qui constitue la matière première de ce webzine.
Site du groupe : http://www.ptitehistoire.com/

Le deuxième spectacle de la soirée était confié à 'Alexis Evans Band' pour un show R&B, soul et blues avec quelques petites escapades vers le funk. Du haut de ses 24 ans, Alexis est comme chez lui sur une scène, tout à fait à l'aise et pour cause …

                                                                                  Alexis Evans. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Il a grandi auprès d'un père musicien qui n'a négligé aucun effort pour l'aider, on le retrouve avec une guitare en main avant sa dixième année et dès 13 ans, il participe aux 'blues jam sessions' organisées sur la place de Bordeaux. En particulier, il va s'affûter les canines aux mardis du 'Marine Band Club' (voir n°14 p7) au contact de guitaristes comme Sam Chang, Lonj ou Tony Stelmaszack. C'est dans ces jams qu'il rencontre Thibault Ripault, ils ont le même âge, ils aiment le blues, ils jouent tous deux de la guitare et ils chantent, n'est-il pas naturel que des liens se créent ? Thibault a un copain d'enfance, Bastien Cabezon qui taquine la batterie alors c'est parti pour former un groupe ; ce sera 'Jumpin' to the Westside' et la basse sera l'affaire de Lonj qui tiendra aussi le rôle du mentor sage et expérimenté.

 

Alexis Evans Band. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

La notoriété du groupe explosera durant la période 2010-13 avec le prix 'Jeunes Talents' aux Cognac Blues Passions de 2010, un premier CD en 2011 et dès 2012 la sélection par France Blues pour représenter la France à l'International Blues Challenge' dans la catégorie 'jeunes pousses'. Depuis, 'Jumpin' to the Westside' est en hibernation bien que tous ses membres se croisent régulièrement ; chacun d'eux est parti pour une nouvelle aventure. Thibault a emmené Bastien pour former l'ensemble 'T Bo & The B Boppers' (voir n°15 p12) et Alexis a lancé la formule 'Alexis Evans Trio' avec Olivier Perez à la basse et Eric Boréave à la batterie, ce dernier étant plus souvent appelé Bo (ou peut-être Beau pour ces demoiselles …).

 

 

De haut en bas : Olivier Perez, Éric Boréave et Damien Daigneau. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

 

Du côté d'Albi, nos musiciens rencontre un nommé Damien Daigneau pour qui les claviers n'ont plus de secrets et dès 2013 un EP de cinq compositions originales voit le jour qui bénéficiera de l'apport d'un sax et d'un trompette. L'idée que le groupe doit s'étoffer pour la scène germe rapidement et ne cesse de prospérer ; c'est Damien qui, du côté d'Albi, trouvera les deux cuivres qui vont venir compléter le sextet. Un combo qui se compose donc aujourd'hui de trois girondins, Alexis, Eric et Olivier (qui au départ venait de Lyon) et de trois tarnais, Damien, Alexandre au sax et Maxime à la trompette.

Maxime et Alexandre. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Ce soir et pour un concert en plein air, ils se présentent en scène parfaitement “propres sur eux” comme aurait dit Coluche. Costardés et cravatés voilà qui ne manque pas de surprendre quelques spectateurs plus habitués à voir rappliquer des jeunes gens torse nu ou en short et pourquoi pas les deux. Je pense que leur but premier est de montrer du respect à un public qui a fait l'effort de se déplacer, et je trouve que c'est très bien ainsi …


Damien Daigneau. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


C'est avec "I've been around", un titre plutôt funky qu'ils font depuis longtemps qu'ils lanceront leur concert et commenceront à faire monter la pression. Ils vont nous interpréter trois des cinq titres de leur EP, soit "Dream world", "I wanna get over you", leur morceau de bravoure et ce bien joli "Nobody home" qui lorgne vers Wilson Pickett - pour info, des compositions d'Alexis. Les autres morceaux n'ont pas encore rencontré le bonheur de la gravure mais la dizaine d'autres chansons sont également toutes sorties de la plume d'Alexis, à l'exception de la jolie reprise de "Think it over", titre bien rythmé de B B King.


                                                                                       Alexis Evans. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Lorsqu'on voit le nombre de concerts que le groupe donne chaque année, on se demande comment Alexis peut bien trouver le temps nécessaire à peaufiner ses inspirations ! C'est ainsi qu'on remarquera "Keep the good times", un bien joli blues lent qu'Alexis semble aussi compter parmi ses compos préférées ou le mélodieux "There's always someone" qui, avec le plus funky "C'mon let's do it", laissera une grande place à l'orgue de Damien. On a apprécié des solistes impeccables, une rythmique efficace et par-dessus tout cela, Alexis et sa gueule d'angelot charmeur qui vous interpelle de sa voix de plus en plus assurée. Il n'essaye jamais de vous en mettre plein la vue avec toujours plus de célérité sur le manche de sa guitare, il vous joue parfaitement les notes nécessaires à sa musique, mettant en pratique la remarque d'un immense jazzman à la fin de vie : “A quoi servait de jouer toute ces notes, il suffisait de jouer les plus jolies”. Bref, ils sont meilleurs à chacune de leur sortie et le public qui les a ovationnés ce soir ne s'y est pas trompé.

Indiscrétions aux Angéliques : le groupe doit entrer en studio dès septembre pour l'enregistrement d'un album dont la sortie est prévue au début de l'année 2016. On peut penser qu'il sera l'occasion de graver un certain nombre des compositions dont ils nous ont régalés ce soir … de toute façon Feeling Blues suivra l'affaire pour vous.

Site du groupe :

http://alexisevans.fr/
"Nobody home" et quelques images de la soirée :

https://www.youtube.com/watch?v=KpkhuR5TkXQ
Alexis par Alexis :

https://www.youtube.com/watch?v=TE1ewOn3Vgg
"I wanna get over you" : https://www.youtube.com/watch?v=bnQuf8I78Uk
"Dream world" : https://www.youtube.com/watch?v=sPQ39fhpcIc
De l'histoire avec 'Jumpin' to the Westside' en 2013 :

https://www.youtube.com/watch?v=AhLO3Sip8bQ
Il y  a quelques mois, Alexis et Thibault se retrouve pour un duo acoustique, une reprise des Everly Brothers :

https://www.youtube.com/watch?v=IiSojEUSs8o

 

Le troisième groupe de cette soirée s'appelle 'Jim Murple Memorial' , un septuor parisien qui se consacre aux musiques de la Jamaïque et de quelques îles voisines interprétées en anglais et parfois en français. Depuis quelques temps, cet ensemble est emmené par la jeune chanteuse Célia ; empêchée ce jour, elle était remplacée par Nanou, sa maman, mais aussi la chanteuse originelle du groupe lors de sa création. Bien qu'ils emploient régulièrement l'expression 'R&B de la Jamaïque' et qu'ils proposent une musique festive, on est loin des notes bleues de Chicago.
Site du groupe : http://www.jimmurplememorial.com/

La clôture de la soirée était confiée au groupe 'Vaudou Game' qui avait déplacé la foule probablement en raison du succès du titre "Pas contente". Il s'agit d'un groupe lyonnais d'afro-beat emmené par le togolais Peter Solo qui prétend faire revivre un 'voodoo funk' d'il y a presque un demi-siècle. En scène, il en profite pour défendre une culture vaudou dont il dénonce les clichés véhiculés par le cinéma. Ce n'est pas ma musique, mais force est de constater que nous avions affaire à de bons professionnels.
Site du groupe : http://metiola.com/artist/vaudou-game/

 

 

Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

 

VENDREDI 28 AOÛT. Square Dom Bedos.

 

Cette soirée était le bouquet du grand feu d'artifice tiré par 'Allez mes Filles' pour ce festival Relâche # 6 ; même si nous savons déjà que, comme lors de tout bon séisme, il y aura une réplique dans deux semaines dans un parc de la banlieue bordelaise.

The Lightnin' Rockets. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

La première fusée était tirée par le groupe bordelais 'The Lightnin' Rockets'. Depuis deux jours j'avais fouillé tous les recoins du Net pour avoir quelques infos sur ce groupe, j'avais fait chou blanc et j'avais longuement pesté contre les moteurs de recherche. C'est donc un peu dépité que j'entrais dans l'arène ce soir-là et de loin je fus interloqué en reconnaissant la silhouette de Mig Toquereau, bluesman bordelais de longue expérience, compagnon et bassiste de Loretta (celle des Bad Kings - n°13/p 7), chanteur/guitariste du groupe 'Three Gamberros' … mais que peut-il bien fichre là ? Et en m'approchant, j'entends une voix connues et c'est alors que je reconnais les deux autres : Thibault Ripault et Bastien Cabezon de 'TBo & the B Boppers'. Voilà comme tu te mets à regretter de n'avoir pas pressé la mécanique, d'être un chouïa en retard et d'avoir raté les premiers morceaux.

                                                          Thibault Ripault. Photo Jean-pierre Vinel. 2015.

 

Thibault est au chant sur un répertoire qui oscille entre R&B traditionnel et rock and roll tout en faisant la part belle à la musique country ; concernant cette dernière on entendra, entre autres, la reprise de "On the road again", pas celui de Canned Heat ni celui de Dylan, non le monument de l'inoxydable Willie Nelson. Autrement, des compositions de Thibault et de Mig dont deux titres extrait de l'album "Endless night" (n°15-p 12), "Good ol'days" et "Sorry girl (I'm not a single man)" et des reprises de la bonne époque comme "Kiddio". Sur la fin du set Thibault laissera le micro à Mig pour un "Till it's too late" bien adapté à sa voix rocailleuse.

                                                                                                                                                                                                           En haut : Mig Toquereau. En bas : Bastien Cabezon. Photos Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Une bien belle mise en bouche qui a satisfait les vrais amateurs de musique arrivés à l'heure. Mais je gage que, vu la réussite de la prestation, les retardataires auront rapidement l'occasion de revoir ce trio sur une scène. L'idée de ce groupe n'a pris corps qu'en début d'été, mais ces trois-là ont tellement l'habitude de jouer ensemble qu'il leur aura suffi de deux séances de répétition pour parfaitement réussir cette première sortie en public.



Thibault au chant : https://www.youtube.com/watch?v=NwcIIRP6cRE
Mig Toquereau au chant : https://www.youtube.com/watch?v=Dvn18LyvTHE
Site de Mig Toquereau : http://www.migtoquereau.com

 

Le second plateau de la soirée nous propose la charmante Nina Attal pour laquelle nous ferons plutôt court puisque 'Feeling Blues' lui a récemment consacré beaucoup de place avec la critique de son dernier album dans le n°13, puis une interview et un compte rendu de concert dans le n° 15 ; les gourmands peuvent aussi la retrouver au Bagnols Blues Festival en page 10 du présent numéro.

Yann Cuyeu et Nina Attal. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Elle est soutenue par un sextet profondément remanié où le guitariste Yann Cuyeu a remplacé Philippe Devin, le compagnon de longue date, mais dans lequel on retrouve toujours le facétieux Sylvain Fétis et son sax. Notre breton Yann avoue être flatté d'avoir ainsi été remarqué puis choisi par Nina ; vu la montée en puissance de la belle et le nombre croissant de ses concerts, lui sera-t-il possible de les gérer avec ses prestations dans les Sweetpeas de Karl W Davis ? Tous les musiciens portent pantalon et chemise noire sur laquelle éclate une cravate rouge vif tandis que Nina saute en scène avec un jean et un chemisier sans manche couleur argent ; cheveux au vent, elle est jolie comme un cœur !

Nina et son band. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

C'est parti, au chant et sans guitare, avec "Baby" extrait de 'Wha' le tout dernier album dont elle va nous offrir sept autres titres ; la seule exception de la soirée concernera "Run away" emprunté à 'Yellow 6/17', l'opus précédent. Parmi les moments forts, on notera son passage au clavier pour interpréter "Good guy" tandis que les cuivres oublient sax et trompette pour assurer des percussions. Dans la foulée, se sera "Stop the race" et elle ira se grandir en grimpant chanter sur le plateau Samia du batteur avant de descendre sur la pelouse, guitare en main, pour se frotter à la foule durant "Everything you say". "Bring me back that love" donnera à Yann l'occasion d'un premier très long solo qui démarrera doucement pour finir vitaminé à la pédale wah wah avant que lui et Nina ne fasse un numéro à deux guitares.

Nina et Sylvain Fétis. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


C'est carré, bien fait et tout ce beau monde est talentueux, je ne sais pourquoi cette musique ne parvient pas à me rendre plus enthousiaste.

Site de l'artiste :

http://www.ninaattal.com/
Nina Attal à Relâche # 6 :

https://www.youtube.com/watch?v=54lMWJdgr5Y
3 titres à Bagnols Blues Festival :

https://www.youtube.com/watch?v=zQipuywmXig
Courte rencontre avec Nina :

https://www.youtube.com/watch?v=7Z6g1UEj9dU

 

 

Little Bob Blues Bastards

Puis ce fût le tour de celui que beaucoup attendaient ce soir avec impatience tant il est peu programmé sur nos scènes du Sud-Ouest. Issu du grand port du Havre, ce Bob pour Roberto Piazza, a plutôt un gabarit de mousse, même si avec l'âge il commence à avoir la gueule burinée d'un vieux boucanier. 70 carats à l'arrivée des premières fraises de l'année, ce fils d'anar émigré de l'Italie du Nord a posé ses valises dans le port normand à la fin des 50's alors qu'il n'avait que treize ans. J'entendais autour de moi des spectateurs parler d'un artiste qu'ils avaient apprécié dans les 70's ou 80's mais c'est faire une grande impasse ; dès ses 16 ans et à peine acclimaté à la Normandie, il joue dans son premier groupe avec sa grande sœur. La formation s'appelait 'les Apach's' et dans son nouveau disque (Howlin' – 4/15) il a glissé un morceau titré "Apaches" dont il nous dira au cours du spectacle qu'il s'agit d'un hommage à ce premier groupe.

 

 

Little Bob. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Puis c'est la pleine ascension du rock and roll et du yé-yé dans l'hexagone et la mode est à l'adaptation française de tubes anglo-saxons ; Bob veut chanter en anglais et il se retrouve marginalisé – autre époque, autres mœurs ! Il ira toujours au bout de ses projets et ce sera Little Bob & The Red Devils , puis Little Bob & The Crazy Road. Il n'avait pas encore 20 berges lorsque début 65 il se présente pour la seconde fois face au public du Golf Drouot; vous dire s'il sait ce que signifie le mot scène !!! Mais c'est effectivement au début des années 70 qu'il forme son groupe resté le plus célèbre à ce jour, 'Little Bob Story'. Il va connaître des succès d'estime auprès d'un certain public et surtout auprès de ses pairs, mais 'Little Bob Story' restera dans les esprits comme un groupe de scène et jamais les quelques disques gravés ne feront un tabac.


Little Bob Blues Bastards. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Avec un répertoire plus orienté rock british et jusqu'à la limite du punk plutôt que rock and roll des origines, cette formation se disloquera en 89 et Little Bob continuera sa route. Après un film avec le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki et un peu grâce à celui-ci, il se consacre surtout au blues et, en 2012, coucou le revoilou avec cette nouvelle formation appelée 'Little Bob Blues Bastards'. Bob affirme que son tout premier achat de disques concernait un album des Animals plus un LP d'Howlin' Wolf et que son attachement au blues date de cette époque où la voix du loup hurleur “a explosé dans ses neurones”


                                                                                                                                                                                Gilles Mallet et Mickey Blow. Photos Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Enfin, ils entrent en scène et c'est d'abord notre p'tit Bob tout de noir vêtu et avec une belle grosse crinière blanche et des lunettes noires qu'il quittera rapidement. A ses côtés, Gilles Mallet arbore un chemise à gros pois et tient sa guitare bien basse, en cache-sexe ; c'est un vieux routier avec qui Bob travaille régulièrement depuis l'époque 'Story'. Autre vieux fidèle, Mickey Blow à l'harmonica qui avec son jean de cuir clouté, sa chemise noire brillante et sa paire de Rayban est dans la caricature du vieux rocker. Plus sobre sont Bertrand Couloume à la contrebasse et le petit jeune, Jérémy Piazza, neveu de Bob et batteur.

Bertrand Couloume et Mickey Blow. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.



Nos bâtards du Blues se baladent avec leur ingénieur du son et durant la préparation du plateau, ce dernier  va couper la chique à la musique du DJ Francis pour nous proposer leur bande son ; ce sera une entrée en matière bien agréable avec, entre beaucoup d'autres, Elmore James, John Lee Hooker ou Bo Diddley.

Mickey Blow, Jérémy Piazza à la batterie, Little Bob et Gilles Mallet. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


En guise de présentation, c'est tout de suite "We are the Blues Bastards" qui est aussi le morceau d'ouverture du dernier CD, un opus dont il nous fera encore 7 autres titres durant ce très long set. La voix est toujours là tandis que les arrangements, les musicos et la sono sont parfaits, du coup l'assistance est conquise dès le second morceau qui sera "Apaches", dédié au groupe de ses débuts. Entre les chansons, Bob parle au public, se raconte, explique la genèse de certains titres, plaisante et les spectateurs apprécient cet homme qui n'est pas qu'une machine à chanter. Du dernier album, j'ai bien apprécié "Sleepin' in a car", le joli blues lent qu'est "I'm howlin'", le blues rock "Dirty Mad Asshole" ou les rythmes africains de "Kissed by Lightning". Entrelacé aux huit titres du nouvel opus, il a judicieusement choisi des morceaux plus anciens et de style varié. Il fera un rapide retour sur l'album précédent avec la reprise du "Who's been talking" d'Howlin' Wolf qui laissera beaucoup de place à l'harmonica de Mickey et il extraira de son répertoire relativement récent le très rock "Gift of the devil" mais surtout "Libero", une bien belle chanson en hommage à son père dont c'était le prénom - 'Libre', quel beau prénom !


Little Bob. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Il n'hésitera pas à revenir à Little Bob Story avec "Sweet blade Julie", un vrai R' 'n' R' enregistré en 80 ou "Too young to love me" à peine plus jeune. Au titre des reprises, il fera "I wanna be free", un vieux R&B des débuts de Joe Tex avec beaucoup d'harmonica et de guitare saturée.
C'est toujours caustique qu'il clôturera le show en s'en prenant résolument aux décisionnaires de ce monde en interprétant la chanson "Only liars". Le public est KO debout et une petite pause sera bien nécessaire pour reprendre ses esprits.

Site de l'artiste :

http://www.littlebob.fr/
Présentation de Little Bob Blues Bastards :

https://www.youtube.com/watch?v=rhsmKACtmk8
En Savoie au printemps 2015
"Only liars" : https://www.youtube.com/watch?v=SNxpefqTiTA
"Howlin' : https://www.youtube.com/watch?v=aqgDQ-Wew7M
"Sleepin' in a car" : https://www.youtube.com/watch?v=nWHav7u3mKQ
Reprises de classiques du R' 'n' R' :

https://www.youtube.com/watch?v=4u2tMaH0EnU
Du R' 'n' R' en 80 :

https://www.youtube.com/watch?v=aG5lmXPQizU#t=57


Le soin de clôturer la soirée était confié à Sugaray Rayford qui n'est vraiment plus un inconnu pour les lecteurs de 'Feeling Blues. Une bio et un long compte-rendu de concert ont été publiés en notre n°12 (p 6), ce qui nous permettra de faire plus court cette année. Lorsque Sugaray est venu faire un tour sur scène tandis que le groupe préparait ses instruments, j'ai pensé, à voir sa belle tenue orange, qu'il sortait d'un pénitencier US.

 

 

                                                   Sugaray Rayford. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

A y regarder de plus près, j'ai opté pour Guantanamo eu égard à l'énorme cigare sur lequel il tirait. Puis j'ai abandonné toutes ces idées, la première raison étant que je connais la gentillesse naturelle de Sugaray, pas du gibier de centrale et la seconde est que je vois mal les agents américains offrir des cigares aux détenus …
Par contre, il a peaufiné son sens de la communication et, avant même le concert, il soigne sa popularité auprès des spectateurs des premiers rangs par des gestes, des mimiques, des mots ; une assistance qui aime cela et qui en redemande.

                                                                                                            De h en b : Ralph Carter, Gino Matteo, Lavell Jones, Cedric Le Goff et Fabio. Photos Jean-Pierre Vinel.

 

 

Et pendant ce temps, le groupe finit de s'installer, on reconnait ses musiciens de base : le directeur musical Ralph Carter et sa basse sont entrés les premiers, l'excellent Gino Matteo a suivi avec sa Gibson, laquelle paraît toujours aussi petite entre ses mains et Lavell Jones s'est glissé derrière les fûts, chapeau vissé sur le crâne. Leo, l'habituel clavier de Sugaray, avait été victime d'un accident de santé juste avant la tournée de l'an dernier et il avait été remplacé par le talentueux Cedric Le Goff qui occupe ce même emploi au sein des 'Flyin' Saucers Gumbo Special' ; la mayonnaise ayant bien pris, l'expérience est reconduite cette année. Autre changement, la soirée se fera sans cuivre, lesquels seront remplacés par l'harmonica de Fabio, chanteur, harmoniciste, accordéoniste, et plus encore, au sein de ces mêmes 'Flyin' Saucers Gumbo Special'.

Dans le public. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Et c'est avec "Cold sweat", un incontournable de ses spectacles, qu'ils attaquent leur soirée ; qu'après tous les plateaux précédemment décrits, le mot 'soirée' ne vous choque pas, mais ils vont rester en scène plus de deux heures … n'est-ce pas une soirée ? Sugaray joue de plus en plus avec les spectateurs, la voix est toujours aussi impressionnante et on retrouve ses tics, en particulier le fait de souvent relever les jambes de son pantalon en tirant au niveau des poches. Dès le second morceau, "Early in the morning", il arpente longuement la scène et, n'y tenant plus, il descend sur la pelouse. Il ne se contentera pas des premiers rangs mais partira tout au fond du terrain en ayant beaucoup de peine à se frayer un chemin parmi les milliers de spectateurs ébahis ; heureusement, son imposante stature permettait de ne pas le perdre de vue.
Puis tout le monde se retrouve sur scène, Fabio attaque à l'harmonica un bouillant "Shake rattle and roll" qui donnera lieu à un gros solo de Gino. Et comme il faut bien se remettre des efforts, ce sera "I'll play the blues for you", un titre qu'il fait depuis le début des années 2000, d'abord avec les 'Aunt Kizzy’z Boyz', son premier groupe.

Le Band. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Les titres sont longs, Sugaray bouge beaucoup, danse, saute gesticule, tape dans les mains, bref, il occupe vraiment la scène. Impressionnants sont les pas de danse qu'il entreprend malgré ses mensurations de colosse, parfois, on le prendrait presque pour James Brown ressuscité … enfin un double James Brown ! Seul moment de grand calme lorsqu'on rapproche quelques caisses et que tout ce beau monde s'assoit pour une paire de titres plus calmes dont "Need a little more time". Le show se continuera, toujours aussi prenant et aux titres habituels, il mêlera quelques chansons de son nouvel opus comme le beau blues "Slow motion" ou "Texas bluesman" dont il vient de faire une nouvelle version mais qui figurait déjà sur le second CD des 'Aunt Kizzy’z Boyz' (2007).


                                                    Sugaray Rayford. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Le spectacle a vraiment duré et Sugaray a tellement donné qu'il est vraiment trempé de sueur, alors il finit par enlever la chemise et à l'essorer sur scène ; il ne parvient pas à clore son show pour autant : “et je vous en fais encore une, et puis non, deux !”. Et il attaque des trucs, stoppe pour parler au public, reprend ou change de morceau ; il aurait probablement fallu un canon de 75 sans recul pour le forcer à arrêter … Bref, plus de deux heures se sont écoulées lorsque la scène se vide, mais surprise, il réapparait subitement avec seulement Cédric qui reprend place derrière ses claviers et ils nous attaquent le "What a wonderful world" de Louis Amstrong.


Quelle sacrée soirée de musique attaquée à 19:00 et qui se termine à plus de 1:30 !

Merci les filles …

Site de l'artiste : http://sugarayblues.com/
"A Texas bluesman", ce mois d'août en Californie :

https://www.youtube.com/watch?v=q5ERsCa72OU
En juin aux US :

https://www.youtube.com/watch?v=6gHRx9PyGaY (la choriste est la compagne du guitariste Ralph Matteo)
Avec Bob Corritore en 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=q5ERsCa72OU
Festival de Portland (Orégon), il y a un an :

https://www.youtube.com/watch?v=Yx1ZkHWVZuE
Voilà qui s'appelle “mouiller la chemise” :

https://www.youtube.com/watch?v=FBfjDvLymRA
Jeune, avec les 'Aunt Kizzy’z Boyz' à l'IBC 2006 :

https://www.youtube.com/watch?v=Ac-OQQRD9ek
Gino Matteo & Ron Carter il y a un an :

https://www.youtube.com/watch?v=xHOCVv4RYHo

 

Texte de Gilbert Béreau.

Photos Jean-Pierre Vinel ou Gilbert Béreau.

 

 

 

 


       Texte et photos de Laurent Sabathé

 

      SOIRÉE DU 31 JUILLET. L'ASTRADA. MARCIAC (32)

 

 

Enfin ! Une soirée avec  Nico Wayne Toussaint à Marciac !

 

Enfin une programmation officielle de Jazz in Marciac avec Nico Wayne Toussaint. Et il aura fallu attendre près de 20 ans après son dernier passage aux arènes. Ce qui ne date pas d'hier vous en conviendrez.

Photo Laurent Sabathé 2015.

 

Entre temps il y aura eu plus de 10 albums, des centaines de concerts, deux participations à l'International Blues Challenge dont une 3ème place avec le Mighty Quartet (sur 117 groupes) et le prix Lee Hoskar du meilleur harmoniciste 2015, des dizaines de concerts remarqués et remarquables sur le festival bis de Jazz In Marciac, dont un dernier sous la pluie mémorable, avec son groupe régulier le Mighty Quartet, mais rien n'y faisait, Nico n'était jamais programmé sous le chapiteau. 

 

 

                                               Michel et Nico. Photo Laurent Sabathé 2015.

 

 

Et puis il a fallu la construction en 2011 de L'Astrada la "petite" salle qui donnera la part belle à une programmation variée, éclectique, intimiste même dans toutes les disciplines du spectacle vivant pour enfin voir apparaître sur scène Nico Wayne Toussaint et Michel Foizon, tous 2 vêtus de beaux costumes et arborant le sourire des grands jours.

 

 


Photo Laurent Sabathé 2015.

 

 

Sans pression aucune, comme chez eux, avec cette incroyable aisance qui les caractérise. Peu importe le lieu, peu importe la scène les 2 amis de 20 ans connaissent le job et se connaissent par cœur et même s'ils étaient apparemment "attendus de pieds fermes" rien ne pouvait entraver ce passage et cette mise en lumière.

                             Photo Laurent Sabathé 2015.

 

 

Le concert se déroulera sur près de 2h. Avec 2 rappels dont le dernier a capella avec un sortie magistrale de la scène tout en continuant de chanter jusque dans les loges. Durant ces 2h chacun montrera l'étendue de son savoir-faire sans jamais prendre le dessus sur l'autre. Un véritable duo qui ne fait qu'un. Je me suis surpris à fermer les yeux pendant le concert, j'aurais juré n'entendre qu'un seul artiste sur scène. Un seul homme. Tantôt chanteur, tantôt musicien.

Photo Laurent Sabathé 2015.

 

Arriver à un tel niveau de maîtrise tout en réussissant à chaque concert à faire passer des émotions fortes au public, cela doit être ça le talent.

Texte et photos de Laurent Sabathé.