N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS  2016

 

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LES DERNIÈRES INFOS


 

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE FRANCE BLUES

 Après Versailles en 2012, Nargis en 2013, L’Isle d’Abeau en 2014 et Tremblay en France en 2015,

l' Assemblée Générale Annuelle se tiendra

le 4 juin 2016

près de Bordeaux, en marge du Jazz & Blues Festival de Léognan (33).

Voir la programmation du Festival en page 13.

www.jazzandblues-leognan.fr

Le site de France blues :

www.franceblues.com

 

Catherine Foret


3ème CHALLENGE BLUES FRANÇAIS

 

un  jury composé de représentants de la presse blues, d’animateurs de radios, de programmateurs de festivals, etc., a déterminé parmi 33 concurrents la liste des finalistes qui se produiront le vendredi 26 août 2016 sur la Scène Blues des Rendez-Vous de L’Erdre à Nantes (44) :

Dans la catégorie « solo / duo » :
    Bobby & Suehttp://www.bobbyandsue.com/
    Vicious Steelhttp://www.virguleprod.com/vicious-steel/

Dans la catégorie « groupes » :
    Cotton Belly’s . http://www.cottonbellys.com/
    Kathy Boyé & The DTG Gang  . http://www.kathyboye.com/fr
    Red Beans & Pepper Sauce . http://www.redbeansandpeppersauce.com/
    Scarecrow  . http://www.blueshiphop.com/

Ce challenge national, officiellement reconnu par la Blues Foundation et l’European Blues Union pour l’inscription à ses épreuves internationales, désignera les représentants Français aux évènements suivants :

    International Blues Challenge à Memphis (USA) en février 2017 – catégorie solo/duo
    International Blues Challenge à Memphis (USA) en février 2017 – catégorie groupes
    European Blues Challenge à Horsens (Danemark) en avril 2017

La finale se déroulera  le 26 août au Festival des Rendez-Vous de L’Erdre, à Nantes. Festival entièrement gratuit.

 

 

Catherine Foret


THE EUROPEAN BLUES CRUISE 2016

DU 27 AOÛT AU 01 SEPTEMBRE 2016

 

Lisa Panoyan, avec son association Blues in Marseille, organise pour la troisième année consécutive l'European Blues Cruise.

Comme les années précédentes, attendez-vous à ce que l'ambiance vous remplisse de bonheur, que les nuits musicales soient longues et l'hébergement particulièrement confortable. Cette année encore l'affiche est copieuse et comme les années précédentes nous seront présent et vous raconterons ensuite l'aventure dans Feeling Blues.

 

Les destinations sont italiennes et corse :

Jour 1 : 27 Août – Embarquement au départ de Marseille à 17h00
Jour 2 : 28 Août – Journée en mer avec concerts de blues et activités à bord
Jour 3 : 29 Août – de 08h00 à 18h00 à Naples
Jour 4 : 30 Août – de 08h00 à 19h00 à Rome
Jour 5 : 31 Août – de 07h00 à 15h00 à Bastia
Jour 6 : 01 Septembre – Arrivée à Marseille à 9h, fin de l'European Blues Cruise 2016

 

À l'affiche :

 

Billy Branch

And The Sons Of The Blues

Chanteur et harmoniciste.

Il est devenu l’ambassadeur du Chicago Blues. Lui et son groupe ont livré cet héritage culturel à travers le monde, ayant fait plus de 70 tournées internationales.

Eddie Shaw

Chanteur, saxophoniste et hamoniciste, une des dernières vedettes du blues de Chicago

Mitch Woods
Chanteur et pianiste, un habitué des croisières blues organisées aux Etats-Unis.

Stacy Brooks
Chanteuse surnommée la Reine du blues de Washington.

 

 

 

 

Stacy Brooks à l'International Blues challenge 2014. Photo Marilyn Stringer.

Bill Howlnmadd

& Shy Perry

Certains pensent qu’il est actuellement le meilleur chanteur de blues dans le Mississippi.

Hat Man Session

composé notamment par deux Artistes exceptionnels Hat Man (Chant / Guitare) et Marko Balland (Un des meilleurs harmonicistes français, endossé par la Marque Suzuki).

 

Tous les renseignements sont sur :

europeanbluescruise.com

 

Catherine Foret


 La fin de 'Blind Pig Records'  ???


 

C'est en 1977 que Jerry Del Giudice  et Edward Chmelewski  s'associaient pour créer la société 'Blind Pig Records' qui démarrait dans le petit sous-sol d'un café-club de Ann Arbor (Michigan). Il s'agit d'une ville moyenne mais universitaire de la lointaine banlieue de Detroit ( 50 km) dont quasiment le tiers de la population est constitué d'étudiants. Petit à petit, le succès étant au rendez-vous, l'entreprise est devenue l'un des plus importants labels de blues au monde qui est partie grossir à Chicago et San Francisco.
Un communiqué alambiqué des co-fondateurs est tombé à la mi-décembre dans lequel ils annoncent qu'après ces 38 années de challenges gratifiants, ils s'apprêtent à fermer les portes de la maison, tant à Chicago qu'à San Francisco. Suit un baratin conventionnel sur la fierté d'avoir produit des artistes de blues déjà établis mais aussi sur les chances données à de nouveaux entrants – la liste des artistes du label est accessible à partir des liens ci-dessous.

 

 

Le communiqué précise que l'héritage du label est confié à la société 'The Orchard', une société déjà lancée vers le futur. Fondée en 1997 à New York, 'The Orchard' serait le plus gros réseau mondial de distribution numérique et physique ; un essor pris en 2003 après le lancement de 'iTunes' et poursuivi, entre autres, avec YouTube.
      

L'affaire avait démarré en début d'année et bien moins poétique, le Bilboard titrait le 9 mars : “The Orchard rachète le catalogue de Blind Pig Records”. Il était précisé que, bien que les termes de l'accord soient encore scellés, la direction de 'The Orchard' indiquait que l'acquisition s'est faite comptant.
Dans sa politique d'acquisition, 'The Orchard' a déjà récupéré des catalogues, mais en matière de blues, celui de 'Blind Pig Records' est de loin le plus important. Il était dit à l'époque que cinq albums devaient encore voir le jour en 2015 qui seraient réalisés par The Orchard et l'équipe restante de 'Blind Pig Records'. Par contre, après cette échéance, il était question de discussions pour savoir s'il pourrait y avoir des collaborations futures ou si chacune des deux parties iraient son propre chemin. Nous voici en décembre, les cinq albums concernés sont dans les bacs, et le communiqué des fondateurs de 'Blind Pig Records' laisse à penser que ce label est arrivé en fin de vie … à suivre tout de même en 2016.

 

Gilbert Béreau

Site du label : http://www.blindpigrecords.com/
Liste des artistes: http://www.blindpigrecords.com/index.cfm?section=artists



La 'Blues foundation' honore deux français pour leur action en faveur du Blues

La récompense 'Keeping the Blues alive' (KPA award) est décernée chaque année par la 'Blues foundation' depuis 1981. Elle rend hommage à un homme, un groupe, une institution pour son travail en faveur du Blues, bien évidemment en dehors de la pratique musicale qui, elle, donne lieu à moult Awards (voir FB n°15-p5). En 1981 il y avait sept récipiendaires mais le nombre s'est considérablement accru et varie chaque année ; on a ainsi connu des années maigres avec seulement 2 élus (1983) et de grosses années comme 2009 avec 22 promus. Contrairement aux Awards attribués aux musiciens, ce KPA n'est généralement donné qu'une seule fois dans la vie du récipiendaire. On note bien sûr quelques bizarreries comme le choix d'Alan Lomax seulement 13 ans après la création des KBA et bien après des responsables de labels !!!
Depuis 1981 et parmi 515 KBA, 5 français ont reçus cette récompense :

- Le festival de Blues sur Seine, et donc Jean Gillermo en 2008 dans la catégorie 'International' ;
- Didier Tricard pour son rôle d'organisateur de spectacles de blues, en particulier le 'Chicago Blues Festival' (2011 en catégorie 'Promoteur') ;
- Le magazine 'Soulbag', et donc Jacques Perin en 2012 dans la catégorie 'Média imprimée' ;
- Mike Lecuyer toujours en 2012 mais dans la catégorie 'International' ; un KBA qui récompense tout son travail en faveur du Blues mais en particulier le site internet 'La Chaîne du Blues' (http://www.bluesfr.net/) ;
- Gerard Herzhaft en 2014 et dans la catégorie 'Littérature' pour la somme de ses écrits et en particulier sa 'Grande encyclopédie du Blues' (1979), ses permanentes révisions et son édition aux US.

 

Le 26 janvier 2016 à Memphis, deux nouveaux français seront honorés parmi 15 autres récipiendaires :

 

- Le 'Festival de Blues de Cahors', que la 'Blues Foundation' qualifie de plus vieux festival français de Blues ; il sera honoré dans la catégorie 'Festival international'.

 

 

 

- Fred Delforge pour ses photos et ses écrits, mais plus encore pour son site Zicazic (www.zicazic.com) dont la réussite a stupéfait la 'Blues Foundation' (catégorie 'International' ?)
Croisé récemment, Fred se sent très honoré du choix qui s'est porté sur lui et il a reçu les félicitations des précédents récipiendaires.

 

 

Gilbert Béreau.

 


NOUVEAU BUREAU POUR LE COLLECTIF DES RADIOS BLUES

 

Le Collectif des Radios Blues vient de choisir son nouveau bureau exécutif.

Marie De Beyter, animatrice de l'émission "TELLIN' YOU" sur Radio RQC en Belgique en est la nouvelle Présidente.

De gauche à droite et de haut en bas :

Marie DE BEYTER - Présidente

Francis RATEAU - Vice Président

Gérald AUBEPART - Trésorier

Alain ENJALBERT - Membre

Pierre Sabater - Membre

Mickaël MAZALEYRAT - Membre

 

www.radioblues.com

Catherine Foret


 37eme Blues Music Awards

La cérémonie se déroulera le jeudi 5 mai 2016 au 'Cook Convention Center' de Memphis. La 'Blues Foundation' a procédé aux premiers écrémages et ce 16 décembre a communiqué les listes des candidats retenus pour concourir à la récompense finale. Vous trouverez la liste complète des heureux élus avec le lien donné à la fin de ce paragraphe, notons toutefois que les mieux lotis de ce gratin sont James Harman (5 sélections) suivi de Sugaray Rayford et Anthony Geraci (4 sélections chacun).

 

James Harman
James Harman
Antony Geraci
Antony Geraci

Sugaray Rayford. Photo Jean-Pierre Vinel
Sugaray Rayford. Photo Jean-Pierre Vinel

 

Par ailleurs, 'Felling Blues' est satisfait de voir dans cette liste bien des artistes qui font souvent le bonheur de ses colonnes.
Nous rappelons à nos lecteurs que le processus de sélection a été décrit dans notre n°15.
Liste des nominés : http://www.blues.org/2015/12/3425/

Gilbert Béreau

 

 


 58 éme Grammy Awards : 15 février 2016

 

Les amateurs de blues ne sont généralement pas les plus friands de cette grand-messe ; reste que si on prend le temps de faire le tour des heureux élus à une possible nomination, le blues est bien redevenu le parent pauvre de la musique populaire américaine.

Il vous faudra chercher après quasiment tous les styles de musique et arriver à la 49eme catégorie pour voir enfin les possibles récipiendaires à la récompense d'un “Best Blues album”. Une honte eu égard à l'influence qu'a eu le blues sur toutes les musiques actuelles !

A mon sens, cet évènement n'étant pas dénué de tout objectif mercantile, on peut considérer, quelques regrets qu'on en ait, que ce classement reflète les goûts du public américain !!!

Pour information, sont donc retenus dans cette catégorie :

 



Shemekia Copeland avec 'Outskirts Of Love'
Bettye LaVette avec 'Worthy'
Buddy Guy avec 'Born To Play Guitar'
Cedric Burnside Project avec Descendants Of Hill Country'
- Une douzaine d'artistes autour de John Primer pour 'Muddy Waters 100' (centenaire de la naissance)


Buddy Guy est également retenu pour l'award 'Best American Roots Performance' avec la chanson qui donne son nom à l'album (Born to play guitar). Il sera en compagnie de Mavis Staples pour la chanson 'See that my grave is kept clean' (album 'Your Good Fortune').
On trouve encore, de ça de là, quelques trucs qui pourraient être raccrochés à la famille du blues, mais qui concerne photos, présentation … rien à voir avec la musique.
Ceci dit le jazz est à peine mieux loti qui n'apparait qu'à la 31eme catégorie ….mais ce style musical est divisé et donne lieu à 5 récompenses différentes !!!
Le lundi 15 février vous n'êtes pas obligé de zapper pour rechercher la retransmission en direct, glissez plutôt un bon album sur votre platine ; le 'Muddy Waters 100' par exemple …

 

Gilbert Béreau


Liste complète des nominations : www.grammy.com/nominees
Pour courageux, les 3 heures des Grammy's 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=vKzOaEXU010


ILS NOUS ONT QUITTÉ


30 novembre 1956             Smokin’ Joe Kubek         11 octobre 2015

C'est dans le tout récent n° 15 que Feeling Blues vous avez dit tout le bien que nous pensions du dernier album de Smokin' Joe Kubek ! Une galette comme toujours, ou presque, enregistrée avec son ami Bnois King.
Il s'en fallait d'un mois avant que Joe ne puisse fêter ses 59 ans, malheureusement il est parti des suites d'une attaque cardiaque survenue peu de temps avant de monter sur la scène du 'Pleasure Island Seafood & Blues Festival' à Wilmington, en Caroline du Nord.

 

Bien que né en 1956 à Grove City (Pennsylvanie), il semble qu'il écumait toutes les étapes du circuit musical du Texas dès ses 14 ans. A 17 ans il dirigeait son premier groupe avant que d'accompagner Freddy King jusqu'à la disparition de ce dernier. Il jouera avec beaucoup de pointures dont Stevie Ray Vaughan et aussi avec bien d'autres 'King', comme B. B. ou Albert. Mais le King de sa vie professionnelle fût sans conteste Bnois King qu'il rencontre dans les 80's. L'un est blanc et l'autre noir, le jeu de guitare de Smokin' Joe est tourné vers le rock, celui de Bnois lorgne vers le jazz et pourtant, ils réussiront l'amalgame parfait !

 

Bnois King et Smokin'Joe Kubek.
Bnois King et Smokin'Joe Kubek.

 

Ils commencent à tourner ensemble dès la fin des années 80 sous le nom de 'Smokin' Joe Kubek Band' et ils signent chez 'Bullseye Blues' en 1991 ; année qui voit la sortie de leur premier album "Steppin' Out Texas Style". Jusqu'en 2003, les albums seront produits sous le nom de 'Smokin' Joe Kubek Band featuring Bnois King', les suivants seront plus justement étiquetés 'Smokin' Joe Kubek & Bnois King'. Très prolifiques, leur discographie compte près de 20 albums sur une période de 24 années et sur les labels 'Bullseye Blues', 'Blind Pig records', 'Alligator records' ou 'Delta Groove Music' ; aucun d'entre eux ne saurait dépareiller une discothèque d'amateur de Blues !
   
Smokin' Joe Kubek & Bnois King Live au '20th Anniversary North River Blues Festival' (29/8/15) :
https://www.youtube.com/watch?v=Ho1R3d7eqYg
Même festival, avec Ronnie Earl :

https://www.youtube.com/watch?v=ba4gP6T3Xlw


 

  14 janvier 1938                     Allen Toussaint                10 novembre 201

 

Après plus de 60 de carrière, Allen Toussaint était certainement le personnage le plus célèbre et le plus respecté de la sphère musicale de la Nouvelle Orléans. Il s'en est allé le lundi 10 novembre des suites d'une crise cardiaque survenue en son hôtel, juste après un concert au Teatro Lara de Madrid ; il avait 77 ans.

 

Allen était né juste avant la seconde guerre mondiale dans une banlieue de la Nouvelle Orléans (Gert Town) et il a commencé à pratiquer le piano dès sept ans. Il puise ses premières influences chez l'éminent Professor Longhair, vénérable ancien de la cité du croissant et c'est encore un tout jeune ado de 13 ans qui rejoint l'immense bluesman Snooks Eaglin, de deux ans son aîné, au sein du groupe The Flamingoes. Il a tout juste 17 ans lorsqu'il s'amarre à un groupe de musiciens qui, dirigés par Dave Bartholomew, joue régulièrement dans une boite appelée Dew Drop Inn ; c'est donc le groupe Dew Drop Set. C'est encore un jeunot de 19 ans que Dave Bartholomew propulse pour un premier enregistrement sur un disque de Fats Domino, avant qu'il ne connaisse son premier succès comme arrangeur et organiste pour le saxophoniste Lee Allen et le très prisé 'Walkin' with Lee'. Il est alors beaucoup utilisé par Dave Bartholomew, devient très demandé et se retrouve aux côtés des célébrités locales, ainsi Fats Domino, Smiley Lewis, Lee Allen, Alvin 'Red' Tyler et bien d'autres.

Dès 1958 enregistre le premier album à son nom, une façon de parler puisque le LP est titré 'The Wild Sound of New Orleans' par … Al Tousan. Un disque de 12 instrumentaux de R' 'n' R' et R&B mis en boite avec le gratin des musiciens orléanais ; ces titres sont disponibles sur la compil "The complete 'Tousan' sessions" chez Bear Family, ils sont accompagnés de 15 autres morceaux gravés en 59. La petite histoire dit qu'Allen les aurait enregistrés sous la forme "chanson 1", puis 2, etc. et que c'est seulement à la fin qu'il ait appris que le producteur avait choisi des titres à partir de différents chevaux de course. A partir de là, la légende est en route, même probablement à son insu au tout début.

Il compose des tas de chansons, tant sous son nom que sous celui de Noemi Neville, nom de jeune fille de sa maman ; beaucoup parmi eux seront des tubes pour des nombre d'artistes de la Nouvelle Orléans et bientôt de plus loin. Au hasard, le fameux "Mother-in-law" (Ernie K Doe), "I like it like that" (Chris Kenner), "Fortune Teller" (Benny Spelmann puis tant d'autres) et bien sûr, on le retrouve dans l'équipe de musiciens pour les différents enregistrements. Il connait également ses premiers succès de producteur avec le "Ooh poo pah doo" de Jessie Hill mais il n'a encore que 25 ans et l'oncle Sam l'appelle à servir son pays.
Il ne partit pas bien loin et c'est à Fort Hood (Texas) qu'il fera son temps militaire et il ne se coupa point de la musique puisqu'il forma un groupe à l'existence éphémère, 'The Strokes', avec qui il continua à jouer et même à enregistrer quelques démos pour le label Instant records. Ces raretés sont d'ailleurs disponibles, parmi d'autres, sur une compil Charly de 2011 (Everything I do is gonh be funky).

 

De retour à la vie civile il continue à pourvoir la scène R&B de la Nouvelle Orléans avec moult tubes et on note quelques associations particulièrement profitables comme avec Irma Thomas (Ruler of my heart) ou Lee Dorsey (Ride your pony ou l'immortel Workin' in a coalmine"). Avec un associé, il se lance dans la création d'une société de production et d'une maison de disque. 'Sansu enterprises', c'est son nom, engage dès 1966 un groupe maison qui assurera l'accompagnement dans la quasi-totalité des productions de la société ; baptisé The Meters et comprenant les frères Neville, Art et Cyril, cette formation fera beaucoup parler d'elle entre 69 et 77, avec Allen comme producteur.
A l'orée des 70's sa musique se devient de plus en plus funky et il recommence à enregistrer sous son nom ; 'From a whisper to a scream' est son premier album depuis plus d'une décennie. Il faut noter que si on tient compte de sa notoriété, de la longueur de sa carrière, de ses talents de musicien et de sa productivité en tant que compositeur, sa discographie est relativement peu garnie qui compte moins de 15 albums studio. Vu que les 60's et 80's furent sans enregistrement solo, restent trois ou quatre disques par décennies ; mais le reste du temps fût largement occupé par des productions et des participations à d'autres projets. En analysant la musique de la Nouvelle Orléans, on est en droit de penser qu'à partir des années 70, le rôle d'Allen peut se comparer à celui qu'avait eu Dave Bartholomew durant les décennies précédentes.
Pas un instant bridé par les frontières musicales, il a travaillé avec des célébrités aux productions les plus variés ; entre autres, et la liste n'est pas exhaustive, Etta James, Bonnie Raitt, Albert King, John Mayall ou Joe Cocker, Solomon Burke, Willy DeVille mais aussi Robert Palmer, Elvis Costello, les Pauls Simon et McCartney, The Band. A propos de The Band, c'est d'ailleurs Robbie Robertson qui l'a accueilli lors de son intronisation au 'Rock and Roll Hall of Fame' en 1998.
Dans un entretien publié par le 'Wall Street Journal' en 2013, Allen, modeste, avouait qu'il ne parvenait pas vraiment à réaliser ce qu'il avait accompli au cours des ans depuis son quatorzième anniversaire. On peut donc supposer qu'il estimait avoir eu une belle vie, il aura aussi eu un bel enterrement. Ses obsèques ont été suivies par la grande foule de la Nouvelle Orléans, en la présence d'une armée de musiciens ; parmi eux, Trompette Shorty jouait dans la rue avec d'autres porteurs de cuivres plus anonymes et Cyril Neville portait le cercueil en compagnie d'autres musiciens du groupe d'Allen. Devant le corbillard, la famille ouvrait la marche dans sa jolie Rolls cabriolet bleue dont l'immatriculation, "SONGS", résume toute la vie d'Allen.

 

Gilbert Béreau


A. Toussaint & friends - le club 'Dew Drop Inn' revisité (1992) :
https://www.youtube.com/watch?v=fIr5O6Jx7oM
Avec Etta James et Dr. John :

https://www.youtube.com/watch?v=PO5h6cLwlt8
Un de ses grands succès qui franchit les barrières musicales :
https://www.youtube.com/watch?v=FWEKKN1TAms
Le côté jazzy avec l'album 'The bright Mississipi' (2009) et Brad Melhdau au piano (1 heure d'écoute) :
https://www.youtube.com/watch?v=qNAp0igLZIs
Documentaire (1 h) de la BBC :

https://www.youtube.com/watch?v=mLMI5Oag1nY
Son concert, à Madrid le 9/11/15 :

https://www.youtube.com/watch?v=rrUDOHjOiJ0
Extraits des funérailles :

https://www.youtube.com/watch?v=nURb5geCD5w

 


11 juillet 1926                                   Joe Houston                            28 décembre 2015

C'est le jour des innocents que ce saxophoniste de R&B nous a laissé tomber, à 89 ans et après une série de crises cardiaques. C'est déjà une attaque semblable qui l'avait conduit à interrompre sa carrière il y a maintenant dix ans.

 

 

Il était né en 1926 à Bastrop (Tx), petite cité située à une cinquantaine de kilomètres d'Austin ; il s'intéressa très tôt à la musique et tout d'abord à la trompette avant de choisir le sax alto. C'est avec cet instrument qu'on le retrouve après-guerre dans l'orchestre du trompettiste King Kolax dont, à la même époque, la section de saxophones semble aussi compter dans ses rangs un certain John Coltrane. Peut-être obscur le dénommé Kolax, mais dans sa formation version 39 apparaissait déjà un jeune qui portait nom de Charlie Parker !
A la fin des 40's, notre saxophoniste va passer au ténor et se retrouver à tourner au Texas dans les formations d'Amos Milburn et Big Joe Turner, puis en Louisiane avec Wynonie Harris. En 52, peut-être appâté par les succès de Big Jay McNelly, étoile montante des 'sax hurleurs', il part s'installer en Californie où il forme et dirige le groupe des Rockets. Il va enregistrer pour une multitude de labels mais ne connaîtra que deux succès notables, "Worry, worry, worry" et "Hard time baby" ; ils grimperont jusqu'à la dixième place des classements. Lorsque le 'jump blues' déclinera, il se fera rock 'n' roller sans pour autant changer quoi que ce soit à son style lequel consiste à faire hurler le sax autant qu'il lui est possible et ce dans toutes les positions, couché sur le dos, à genoux et j'en oublie.

 

En 1998, à 79 ans !!!
En 1998, à 79 ans !!!

 

Une éclipse durant laquelle il continuera à être actif avec un groupe appelé 'The Defrosterz' et ce sera un retour remarqué en 94 avec 'The Return of Honk!', une galette en compagnie d'Otis Grand suivi d'un dernier album encore plus tourné vers le blues (The Blues & Nothing Else).
En 2005, c'est la première attaque dont il mettra un an à sortir mais sans pouvoir vraiment rejouer, rebelote en 2011 où il perd toutes facultés avant la série qui abrège sa vie entre noël et premier de l'an 2015.

 

Gilbert Béreau


"All night long" : https://www.youtube.com/watch?v=i7Vw7Y-ghAM
"Chukin' N a jivin' : https://www.youtube.com/watch?v=JNvygkQESW4
"Jumpin' the blues" : https://www.youtube.com/watch?v=i1ncsiPqgoM

 

 


6 février 1950                                     Nathalie Cole                         31 décembre 2015
 

Avant que de me chercher pouilles, que ceux qui n'ont vu chez Nathalie qu'une chanteuse d'un jazz mâtiné de pop jettent un coup d'œil à sa carrière ! Ce n'est qu'au début des 90's qu'elle essaye d'enfiler les bottes de papa Nat qui, bien évidemment sont trop grandes pour elle. On n'est pas non plus obligé d'apprécier le père chanteur, mais le pianiste était d'une sacrée trempe !

Premier Grammy en 1976.
Premier Grammy en 1976.

 

Elle était tombée petite dans la marmite et commence à chanter au collège vers ses 11 ans, probablement sous l'œil attentif de son pianiste de père. Celui-ci disparu, elle a 23 ans lorsqu'elle rencontre la paire de compositeurs Chuck Jackson/Marvin Yancey. Même s'ils sont tous deux issus de Caroline du Nord, le premier ne doit pas être confondu avec un homonyme, chanteur fort agréable, qui a souvent hanté les hit-parades R&B durant toutes les 60's. Le second épousera Nathalie, sera le père de son fils et Chuck et Marvin seront ses compositeurs attitrés et les producteurs des albums de la première partie de sa carrière.

En 2007
En 2007

Cette première partie de carrière est de nature à satisfaire une partie des lecteurs de 'Felling Blues', les amateurs de soul et d'un R&B qui commence, pour moi, à partir à vau-l'eau. C'est d'abord 'Inseparable', un premier album en 1975 et d'entrée, double 'Grammy award' ; celui de 'meilleur nouveau talent' et 'meilleure performance vocale féminine de R&B' pour le titre "This will be". C'est le début des comparaisons avec Aretha Franklin et cette réussite permettra la réalisation d'un album par an toujours produit par la paire Jackson/Yancey qui signera la grande majorité des plages. Certains titres rapides doivent autant à la technique qu'à la musique mais au milieu de tout cela on trouve des chansons bien agréables. A partir de 'Don't look back' (1980) la production devient de plus en plus pop et/ou ce que les spécialistes nomment pudiquement 'contemporary R&B' (?) ; Chuck Jackson disparait du paysage suivi de Marvin Yancey à la suite d'un divorce dans lequel la toxicomanie de Nathalie ne serait pas pour rien … mais cela ne nous regarde pas ! Nathalie se met alors plus sérieusement à la composition et les disques continuent à voir le jour au rythme d'un tous les deux ans mais sous différents labels ; dedans, on y trouve un peu tout et parfois n'importe quoi.

En 2015
En 2015

A partir des 90's, elle produira surtout des albums plus jazzy, reprendra des classiques de la chanson américaine souvent avec de grandes envolées de violon … reste que la voix est généralement bien belle.
Elle n'est certes pas une locataire assidue de ma chaine, reste que la production est tellement conséquente qu'il y a plein de bonnes choses à écouter … et découvrir.
C'est dans un hôpital de Los Angeles qu'elle s'est éteinte avec l'année 2015 en raison de complications cardiaques suite à une greffe de rein réalisée en 2009, le tout associé, selon certains, à une hépatite C .

 

Gilbert Béreau


Site de l'artiste : http://www.nataliecole.com/
'Inseparable' – l'album entier (1975) : https://www.youtube.com/watch?v=yZDLFkL5zCI
'Thankful' – l'album entier (1977) : https://www.youtube.com/watch?v=9whackrsapc
Résumé de sa vie sur CBS : https://www.youtube.com/watch?v=nLxVZCtONwA
Période jazz – concert en 2009 : https://www.youtube.com/watch?v=ch1X6GOxS8k


13 juillet 1931                           Long John Hunter                       4 janvier 2016

 

Rien à voir avec la lassitude que peuvent provoquer mes écrits, mais simplement parce que c'est la vérité ; voici un bluesman dont je ne vous dirais pas qu'il s'est très tôt intéressé à la musique, et qu'il s'est aguerri rapidement pour éclater dans le gratin du monde du Blues.

 

 

Né John Thurman Hunter en Louisiane, il a grandi dans une ferme de l'Arkansas avant de venir, jeune adulte, trouver un boulot dur dans une usine du Texas. C'est là, à Beaumont, qu'il sort un soir pour assister à un concert de B.B. King et … c'est la révélation. Il va se lancer dans la musique ! Aussi se précipite-t-il pour acheter une guitare, on est en 53 et il a 22 ans. Un an plus tard, il se produit dans le même bar où il avait vu B.B. King et enregistre un premier single. Il déménage à El Paso en 57 et trouve un engagement au 'Lobby Club' de Juarez, la ville mexicaine de l'autre côté de ce Rio Grande qui vous a tant fait rêver dans les westerns hollywoodiens. Il y a loin de là à 'Carnegie Hall' ! Alors il va rester là pendant 13 ans à mener le bal sept nuits par semaine jusqu'à une heure bien avancée. Il aura l'occasion de graver quelques singles pour des labels locaux, mais qui resteront scotchés dans les bacs. Heureusement, ses titres préférés seront réenregistrés sur les quelques albums qui jalonneront sa future carrière.

Il va sérieusement se faire les dents dans ce coin frontalier où traînent une population interlope pour des commerces du même métal et il est vite réputé pour la sauvagerie de ses prestations. Heureusement il y a aussi des musiciens qui, passant par-là, assistent à ses soirées et sa réputation commence à grandir hors des frontières texanes. Selon la presse locale, des artistes comme Buddy Holly, Lightnin' Hopkins, Clarence "Gatemouth" Brown ou Etta James seraient venus assister à ses prestations à El Paso et la petite histoire voudrait que James Brown ait amené deux fois son groupe pour leur montrer ce que devait être un show ! Certes, je n'y étais pas, mais par contre, tout à fait crédible est le fait qu'il ait pu, un temps, être le professeur du jeune Bobby Fuller qui habitait alors El Paso avant d'aller mourir mystérieusement à 23 ans à LA. Plus récemment, Billy Gibbons (ZZ Top) se prétendait être parmi ses fans.

Il lui faudra attendre 1988 et 57 ans pour admirer la jaquette de son premier album dont le nom résume toute sa vie antérieure : 'Texas border town blues'. Six autres CDs verront le jour en vingt ans dont deux chez 'Alligator Records' et la consécration est enfin venue puisqu'il y aura aussi une compilation en 1999 (Ooh Wee Pretty Baby). C'est en 2009, à la fin de sa carrière, qu'il fût introduit à 'l'Arizona Blues Hall of Fame'.

C'est dans son sommeil que Long John Hunter est décédé, ce 4 janvier, à son domicile de Phoenix et pour des raisons non précisées à ce jour ; mais il allait vers l'âge respectable de 85 ans.

Le titre qui résume sa carrière :

https://www.youtube.com/watch?v=0jndL-16th4
Premières compositions :   

https://www.youtube.com/watch?v=KldaUebETNA  (1954)
https://www.youtube.com/watch?v=KldaUebETNA
Avec son jeune frère Tom :

https://www.youtube.com/watch?v=Eb5ugZVzIi8
Son passage chez 'Alligator records' :   

https://www.youtube.com/watch?v=7hRIs-G77BQ
https://www.youtube.com/watch?v=eNoHsECkf00
Live à San Francisco :   

https://www.youtube.com/watch?v=rjrpPGYbvV0
https://www.youtube.com/watch?v=F0asOcHd8lY

Gilbert Béreau

 


11 février 1942                                                Otis Clay                                                    8 janvier 2016

 

Rien ne laissait entrevoir cette malheureuse issue ! Une crise cardiaque survenue à son domicile de Chicago vendredi en tout début de soirée aura empêché cet artiste de fêter ses 74 ans dans à peine plus d'un mois !

 

Otis jeune, chez One-Derful.
Otis jeune, chez One-Derful.

 

Il était natif de Waxhaw dans le Mississipi, toute petite bourgade à la population en majorité noire et située à proximité du grand fleuve. Pour une famille noire dans un tel petit bled, le phare qui guidait la vie de l'après-guerre s'appelait église et Otis dira “… Enfants, nous imitions tout ce que nous voyions et entendions à l'église, c'est ainsi que, pour moi, commença le chant”.              

Otis Clay à Cognac en 2015. Photo Jean-Pierre Vinel.
Otis Clay à Cognac en 2015. Photo Jean-Pierre Vinel.

 

En 1957 le jeune Otis s'installe à Chicago et il rejoint vite divers groupes de gospel dont les plus connus étaient les 'Gospel Songbirds' et les 'Sensational Nightingales'. Une première session d'enregistrement en 65 avec Columbia restera dans les oubliettes et, grâce à Maurice Dollison Jr/Cash McCall, il signera un contrat avec 'One-derful! Records', petit label de Chicago. Lui, le chanteur de gospel, connait ses premiers succès dès 1967 et ce, avec des titres R&B ; ce fût "That' how it is" puis "Lasting love", respectivement 34 et 48eme dans les charts R&B. (1)

 

 

En 1968 'One-derful!' met la clef sous la porte et le contrat est récupéré par Atlantic qui fera d'Otis la figure de proue de sa toute nouvelle filiale, 'Cotillion Records'. Là encore, son premier succès ne sera pas un titre gospel ou soul mais "She's about a mover", une reprise du rocker texan Doug Sahm. Au tout début des 70's on retrouve Otis chez 'Hi Records' où il rejoint 'Papa Willie' Mitchell qui vient de reprendre la boite en mains. Il y gravera de beaux succès dont "If I could reach out" et surtout "Trying to live my life without you". Difficile à tracer, on le retrouvera encore dans deux ou trois maisons de disques, dont Rounder, avant qu'il ne fonde son propre label, 'Echo Records', à la fin des années 70. Une création qui ne l'empêchera pas de sortir de nouveaux albums chez 'Bulleye blues' ou 'Blind Pig'.

 

A Cognac en 2015.  Photo Jean-Pierre Vinel.
A Cognac en 2015. Photo Jean-Pierre Vinel.

Probablement encore plus populaire à l'étranger qu'aux US, il jouissait d'une solide réputation en Europe et faisait carrément figure d'idole au Japon. En témoigne trois beaux albums enregistrés en concerts : 'Live! Otis Clay' (78) et 'Soul Man-Live in Japan' (83) furent gravés au Japon et 'Respect Yourself' restitue le concert du festival de blues de Lucerne en Suisse.
Otis reviendra régulièrement au gospel bon teint, avec des paroles dévotes, et ce sera 'The Gospel Truth' (1993) et 'Walk a mile in my shoes' (2007 réédité en 2014). Le titre du même nom sera abondamment repris.
'This Time for Real' est sa dernière production et date du printemps dernier. Il s'agit d'un bel album de duos enregistré avec son vieux copain Billy Price, un disque produit par Duke Robillard. Ce CD est nominé pour les 'Blues Music Awards' de mai prochain dans la catégorie 'Soul-Blues Album' tandis qu'Otis concourra dans la catégorie 'Soul-Blues Male Singer'.

Otis fût introduit en 2013 au 'Blues Music Hall of Fame'. Il clôturait, il y a à peine plus de six mois, la magnifique soirée d'ouverture des 'Cognac Blues Passions' sise à Jarnac (voir n°15).
Outre ses talents de chanteur et de musicien, Otis était réputé à Chicago, et au-delà, pour son extrême bonté  et ses actions charitables, en particulier en faveur des causes humanitaires.

 

Gilberet Béreau


(1) : 22 des premiers titres d'Otis enregistrés pour 'One-derful! Records' sont regroupés dans une compilation titrée 'Testify!' et produite en 2003 par le label 'Fuel 2000'.

http://otisclay.net/
'Gospel Songbirds' en 1964, avec Cash McCall :

https://www.youtube.com/watch?v=wPZdur0PxPY
"That' how it is", son premier succès :

https://www.youtube.com/watch?v=FTb0vkImknI
Otis chante aux obsèques de B.B. King :

https://www.youtube.com/watch?v=_efc07GaCV4
"Walk a mile in my shoes" en 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=eG_U1pDAJZ4#t=26
9/2015, avec Billy Price pour le nouvel album :   

https://www.youtube.com/watch?v=fJOVGA--G7w
https://www.youtube.com/watch?v=uLOG-gjtnwI