WEBZINE FEELING BLUES N°16
CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD
Trimestriel
octobre / novembre / décembre 2015
PAGE 10
1. CAHORS BLUES FESTIVAL. Cahors (46) par Alain Hiot
Léo Bud Welch
Laurence Jones
Lil' Ed Williams
Ruthie Foster
Leo Bud Welch
Candye Kane
Shawn Holt
Ana Popovic
Kussay and The Smokes
Lorenza / Roland Tchakounté
Dwayne Dopsie
les Campbell Brothers
King King
The Two
Aurélien Morro et ses Checkers
Charles Pasi
Louis Bertignac
2. BAGNOLS BLUES FESTIVAL. Bagnols-sur-Cèze (30) par Jean-Louis Guinochet
Scarecrow
Nina Attal
Mighty Mo Rogers
Manu Lanvin & The Devil Blues
JJ Thames
Arthur Adamd Blues Band
Texte et photos d'Alain Hiot.
MARDI 14 JUILLET
Cette 34ème édition, qui restera incontestablement comme un excellent cru, aura été marquée dès son ouverture par l'inauguration de l'allée Johnny Winter. Un an jour pour jour après avoir donné son ultime concert ici même, la mairie de Cahors rendait ainsi un très bel hommage au guitariste albinos.
L'après-midi était ensuite entièrement consacrée à la finale du Challenge Blues Français , organisée par France
Blues et visant à désigner, entre autre, les artistes qui défendront nos couleurs à Memphis pour l'International Blues Challenge, et en Italie pour l'European Blues Challenge en
2016. D'autres prix étaient également attribués dont la liste complète est détaillée ici : http://www.franceblues.com/?p=4479, la plus émue de tous ces heureux récipiendaires étant sans conteste Gaëlle Buswel dont la prestation a été fortement remarquée. Tous ces artistes se sont
ensuite produits un peu partout en ville pour le traditionnel "Blues dans la ville", où bon nombre de groupes
viennent jouer en live dans des rues rendues aux piétons pour la soirée.
MERCREDI 15 JUILLET
Autre évènement incontournable de ce festival, la Master Class de l'école de musique de Cahors a vu cette année un parrain d'exception en la personne de Léo Bud Welch. C'est un jeune homme de... 83 ans qui va ainsi accompagner les élèves Cadurciens et si l'on s'en réfère à ses yeux pétillants il y a pris énormément de plaisir. Nous y reviendrons pour la journée du jeudi puisque Léo Bud Welch y donnera cette fois-ci son propre concert.
Avec 60 ans de moins c'est au tour de Laurence Jones de monter sur scène. S'il n'est pas sans rappeler un peu Jonny Lang à ses débuts, il était en revanche visiblement absent le jour de la distribution d'humilité ! Et si ce jeune guitariste est indéniablement un virtuose de la six cordes, il ne suffit pas de jouer avec le volume à fond et d'aligner les notes pour être crédible. Si l'on ajoute à cela un jeu de scène répétitif avec un tête contre tête incessant avec le bassiste, cela nous donnera un concert bruyant sans aucune originalité musicale et à oublier bien vite.
Les deux concerts de la soirée vont en revanche nous amener du bonheur à l'état pur ! C'est Lil' Ed Williams qui va ouvrir le bal de la plus belle des manières avec un vrai charisme, une convivialité notable, et une musicalité au top niveau. Beaucoup de finesse dans le jeu... ce qui va nous changer du précédent concert...et un écho extrêmement favorable dans le public.
Cerise sur le gâteau, c'est Shakura S'aïda, la marraine du festival cette année, qui va ensuite rejoindre le band sur scène ainsi que Shawn Holt pour une Jam incendiaire ! Quel plaisir d'avoir de tels artistes qui se donnent sans compter pour un set qui restera incontestablement gravé dans la mémoire du public.
Changement de registre avec Ruthie Foster qui va nous offrir un subtil mélange de Folk, de Soul, de Blues et des envolées Gospel à faire frémir n'importe quel individu possédant deux oreilles en état de marche. Un concert plus intimiste que le précédent mais avec une artiste formidable dotée d'une voix exceptionnelle et, là aussi, d'un charisme redoutable qui va entraîner un véritable enthousiasme du public. À noter également l'excellent pianiste, Scottie Miller, qui va apporter la petite touche Jazzy à un répertoire particulièrement riche. Une première soirée de toute beauté qui nous annonçait de bien belles choses à venir !
JEUDI 16 JUILLET
Cet après-midi caniculaire va voir remonter sur la scène "village" notre doyen Léo Bud Welch. Sous une chaleur à l'extrême limite du supportable il va nous embarquer au fin fond du Mississippi pour 2 sets empreints de tradition. Accompagné par André Neufert, le batteur entre autre de Kathy Boyé, et par une chanteuse de l'école de musique dont je ne connais malheureusement pas le nom sur quelques titres, il va nous démontrer que la passion de l'octogénaire est intacte, et si quelques personnes ont pu comme moi croiser son regard à un moment donné elles y ont forcément vu cette joie d'être sur scène et ces yeux pétillants de bonheur ! Merci Léo Bud Welch, vous êtes un très grand Monsieur !
Un inter-plateau un peu plus long qu'à l'accoutumée va permettre, autant que faire se peut, d'attendre que la température soit un peu plus supportable pour accueillir Candye Kane dont la santé, ce n'est un secret pour personne, est très fragile. Cela faisait presque trois ans que je n'avais pas revue Candye sur scène et c'est avec le même plaisir et la même admiration que j'ai assisté à ce moment exceptionnel ! Accompagnée d'un band particulièrement efficace avec un bassiste au look "PopaChubbiesque" et la fabuleuse, et le mot n'est pas trop fort pour celle que je considère personnellement comme la meilleure guitariste qu'il m'ait été donné de voir, Laura Chavez, Candye va nous transporter d'émotion. Là aussi chapeau bas Madame Kane, vous forcez le respect de tous et toutes !
Après ces deux superbes moments de l'après-midi nous attendions avec une certaine impatience les concerts du soirs, très alléchants sur le papier. C'est Shawn Holt, le fils de Magic Slim, qui va s'y coller avec un band, les Teardrops qui officiaient déjà derrière son célèbre Papa, et où l'on pourra d'ailleurs reconnaître le bassiste Russell Jackson qui accompagna également BB King durant plusieurs années. Un Blues de facture assez traditionnelle mais particulièrement plaisant et efficace, et délivré par un artiste absolument charmant ce qui ne gâte rien ! Le public d'ailleurs ne s'y trompera pas en faisant grimper l'applaudimètre !
Place maintenant à celle qui restera, pour moi qui avait pourtant bien apprécié son concert donné à Vauréal il y a à peine quelques mois, l'énorme déception de ce Cahors 2015, Ana Popovic, malgré la présence d'une section cuivres. Pourtant ce concert s'annonçait comme l'un des sommets de la semaine avec un invité d'exception et dont c'était la toute première en France, Eric Gales. Un set qui s'est finalement résumé à une avalanche de notes en constante démonstration de son incontestable dextérité mais sans aucun feeling, et par la suite une battle de solos interminables avec le gaucher Américain au toucher très Hendrixien. Lorsque l'on a vu Laura Chavez l'après-midi l'on peut regretter qu'Ana Popovic ne s'en inspire pas davantage ! Un peu plus de feeling et un peu moins de technique et de démonstration redonneraient sans doute un côté un peu plus humain à l'ensemble. En revanche il faut souligner la prestation hors norme de Stéphane Avellaneda qui reste pour moi l'un des meilleurs batteurs mondiaux.
VENDREDI 17 JUILLET
La belle découverte de la semaine ouvrait cette journée sur la scène village, le groupe Kussay and The Smokes, connu également sous l'acronyme KATS. Un Blues-Rap très efficace, des textes en Français intelligents, un frontman charismatique et sachant se mettre le public en poche en un rien de temps, des musiciens talentueux, que demander de plus ? Ces Montpelliérains sont promis à un bel avenir et j'engage vraiment tout le monde à les découvrir, c'est du très bon !
On passe d'un univers à l'autre avec en ouverture du second concert Lorenza et ses influences Navajo, dont l'un des représentants va d'ailleurs l'accompagner au Bodhran. Puis c'est Roland Tchakounté qui va prendre possession des planches dans un répertoire interprété en dialecte "Bamiléké" qui lui donne ce relief si particulier. Lorenza et ses musiciens reviendront ensuite sur scène pour le final collégial d'un concert particulièrement apprécié dans le public. Voici une fin d'après-midi bien riche, et l'on attend avec un réelle impatience les non pas deux mais trois concerts de la soirée qui vont tenir toutes leurs promesses !
Attention ! Déferlante sur Cahors, énorme ambiance, convivialité maximale, répertoire génial et des musiciens absolument incroyables !
Dwayne Dopsie et son groupe ont mis le feu à l'espace Bessières pour ce qui restera comme le plus beau concert de cette édition. Le genre musical "Zydeco", caractérisé par la mise en avant de l'accordéon et du frottoir, a pris tout le monde aux tripes. L'on pourrait disserter des heures sur le plaisir d'avoir assisté à ce concert exceptionnel avec en point d'orgue une descente dans le public dont je ne suis pas encore tout à fait remis, et je convie tout le monde à aller découvrir les vidéos de ce band sur la toile, bien plus parlantes que n'importe quel discours !
Dans un registre mélangeant à merveille le Blues, le Rock, la Soul et les intonations Gospel, les Campbell Brothers vont eux aussi rallier sans difficultés le public à leur cause, même si à titre personnel j'ai toujours un peu de mal avec les guitaristes jouant assis, surtout quand ça envoie le bois comme cela. La montée de l'incroyable Shakura S'aïda de nouveau sur scène va amener ce brin de folie qui manquait peut-être au début du set. Encore un superbe moment de ce festival et de ce vendredi qui va vraiment rester comme la grande journée de 2015 !
Depuis la veille tout à chacun pouvait aborder Alan Nimmo, très disponible au milieu du public et d'une gentillesse à toute épreuve. C'est donc avec un réel plaisir que l'on allait retrouver King King et son Kilt légendaire, même si d'aucuns dans le public considéraient que ce n'était pas du Blues ! L'éternel débat "Blues - pas Blues ?" qui finit par me lasser sérieusement et auquel je préfère très nettement la notion de "plaisir - pas plaisir ?". Et en l'occurrence plaisir maximum pour la clôture de cette magnifique journée avec ce band que j'avais découvert l'année dernière à Bagnols sur Cèze, et un set très largement plébiscité par le public ce qui finalement est bien le principal !
SAMEDI 18 JUILLET
Dernière ligne droite et la canicule ne recule pas sur la cité Cadurcienne, bien au contraire, et c'est de nouveau sous une chaleur accablante que le duo Helvéto-Mauricien The Two va donner son concert. Deux artistes dont le charme n'a laissé personne indifférent et dont le talent a inondé la scène du village. Du talent, du charisme, des superbes voix, voici une nouvelle découverte importante pour moi et particulièrement plaisante. À suivre sans modération !
Aurélien Morro et ses Checkers avaient raflé tous les prix du tremplin l'année dernière, et il revenaient sur cette édition renforcés par une section cuivre. Plus orienté Funky-Blues, Aurélien va connaître un petit soucis de corde avant de nous balancer lui aussi du lourd dans les oreilles ! Voici un groupe que j'apprécie tout particulièrement et que j'ai toujours un plaisir sans nom à voir et revoir, et là aussi j'invite celles et ceux qui ne les connaissent pas encore à les découvrir sans tarder !
L'affiche du soir était la même que celle de 2011, à savoir Charles Pasi puis Louis Bertignac. Je n'avais vu Charles qu'une seule fois auparavant, et encore pour un guest sur l'un des concerts justement de Bertignac à l'Olympia. C'est donc avec un regard curieux et plein d'intérêt que j'ai pu constater l'engouement des jeunes filles nombreuses aux premiers rangs, m'attelant pour ma part à la partie musicale davantage qu'à l'anatomique. Difficile de définir le style de Charles tant il est parti tous azimuts passant de la soul au blues, du folk à la chanson Française, mais toujours avec talent. À noter le final très original où tous les musiciens se sont retrouvés autour de la batterie puis à Capella autour du micro.
Le concert de clôture a été gâché par plusieurs choses, tout d'abord le son au volume insupportable et que Bertignac fera même remonter encore un peu plus et les lumières aveuglantes. Etant venu avec ses propres techniciens, et ceux-ci ayant été plutôt désagréables avec l'équipe technique en place, on peut vraiment regretter cette débauche de décibels alors que le son avait été très bon tout le long de la semaine, et les lumières excellentes avec juste un petit coup de moins bien sur la première journée. C'est finalement un très fort coup de vent qui va interrompre définitivement le concert pour des raisons évidentes de sécurité, sous les huées de quelques aficionados inconscients du danger.
Photo Alain Hiot. 2015.
Pour ma part je regrette essentiellement l'impossibilité due à cette interruption de faire monter les bénévoles sur scène, comme il est de tradition à Cahors, afin de leur rendre l'hommage qui
leur est dû. Rappelons sans cesse que sans bénévoles aucun festival ne pourrait avoir lieu et qu'ils méritent tout notre respect pour tout le travail qu'ils fournissent gracieusement. Alors un
immense Merci à Tous et toutes pour cette superbe édition, et rendez-vous l'année prochaine pour le 35ème anniversaire !
Texte et photos d'Alain Hiot
Texte Jean-Louis Guinochet Photos Alain Hiot
Le site magnifique du théâtre de verdure du Mont Cotton accueille encore cette année la troisième édition du nouveau Bagnols Blues Festival. L'ancien festival s'était arrêté durant sept ans après avoir été l'un des plus importants festivals de blues en France. Depuis 2013, Valerie Cegielski, présidente de l'association organisatrice, fait renaître ce festival avec des programmations de très belles qualités, rares et originales. Les portes se sont ouvertes à 18h30 et les premiers festivaliers investissent petit à petit les gradins de ce très grand théâtre dont l'échelle reste toutefois humaine et adaptée à la musique proposée.
Nous sommes au coeur de l'été, Il fait chaud, l'ambiance est à la détente, il y a de quoi flâner sous les pins ou se promener le long du petit village qui abrite des boutiques, des expositions,
un snack, un bar et une scène pour les groupes des inter-scènes. A 19h00, c'est donc Black OR White, un
jeune groupe originaire du Vaucluse qui s'y colle. Victor Teyssedre à la guitare, Emilliano Austruy à la batterie et au chant, et Ugo
Bougon à la basse font agréablement patienter le public en attendant la première partie de cette soirée.
VENDREDI 7 AOÛT
C'est Scarecrow qui ouvre la fête avec son original et très créatif blues hip-hop. Ce n'est pas encore un groupe très connu
du grand public, quoi que.., car le groupe toulousain tourne beaucoup et sa cote gagne tous les ans de nombreux points en notoriété. J'aime beaucoup leur musique même si ma préférence peut aller
à bien d'autres.
En tout cas, je trouve que c'est le groupe le plus inventif et créatif parmi les nouveaux groupes de blues ou de hip-hop que j'ai pu découvrir ces dernières années, et ce soir encore, sur la
grande scène du Bagnols Blues, ils ne m'ont pas déçu, bien au contraire.
Le blues de Slim Paul que le scratcheur Antibiotik Daw fait groover aidé d'une section rythmique implacable servie par la batterie de Le pap's et la basse de Jamo fonctionne parfaitement. Les morceaux s'enchainent très vite, sans blanc, les silences indispensables faisant partie de leur musique; quel plaisir !
La voix de Paul me procure autant d'émotion qu'un holler dans son champ de coton, la voix de Daw me renvoie l'echo des grandes métropoles, chacun revisitant les codes convenus. C'est du sang neuf
dans un paysage blues parfois trop conservateur et c'est tant mieux. Ils seront très ovationnés et feront de longs rappels.
La nuit tombe doucement et après un nouveau set de Black Or White sur l'inter-scène, place à Nina Attal.
Ici je ferai assez court puisque nous avons déjà beaucoup parlé de Nina Attal dans nos derniers numéros (Chronique de l'album Wha, n°13, Itw de Nina et CR de concert, n°15). Philippe Devin, le chef d'orchestre et guitariste de cette machine à groover est remplacé ce soir par Yann Cuyeu, guitariste de The Sweatpeas, le groupe qui accompagne régulièrement Karl W. Devis en France.
Le reste du personnel est le même que depuis la sortie de Wha. Après une intro du groupe, la jeune Nina apparait très glamour vêtue d'une jupe courte pailletée et attaque de front le public avec les titres de son dernier album. Tout est parfait, c'est propre, carré, hyper en place et groovant, mais ce spectacle formaté, qui, les mois passant, transpire de plus en plus le produit marketing me laisse froid et sans émotion.
Mes bons moments de plaisir seront quand Nina chante "Good Guy" devant son piano ou "Freedom" presque a capella derrière sa guitare. Les seuls moments où je la ressens la plus sincère.
Un concert qui a toutefois comblé les fans de funk.
Nina Attal chante Freedom à Bagnols 2015. Vidéo de Jan Kokoblues86 :
Nina attal chante Good guy au Divan du Monde. 2014. Vidéo de Harris75 :
Une légère bise commence à rafraichir l'atmosphère. L'ambiance est amicale, familiale, et les passionnés qui reviennent chaque année ici en pèlerinage ont le plaisir de se retrouver un verre à la main en attendant Mighty Mo Rodgers.
Il est presque minuit !
Quelques mots sur Mighty Mo pour ceux qui ne le connaissent pas encore. "Maurice Rodgers (né à East Chicago, Indiana) était, dès le lycée, attiré par le blues en écoutant Willie Dixon, Jimmy Reed ou Eddie Boyd. Il apprend le piano, monte un groupe, abandonne assez vite ses études et part pour Los Angeles où il jouera avec Albert Collins, Bobby Blue Bland, T.Bone Walker ou Jimmy Red...Puis, très déçu par les changements de l'industrie musicale et la mode du disco, il retourne aux études pour y décrocher des diplômes et se tourner vers l'enseignement. Mais le Blues ne s'abandonne pas aussi facilement et il y reviendra en 1992."(extrait de la chronique de son dernier album "Mud' N Blood" sortie fin 2014 chez Dixiefrog, Feeling Blues n°13), mais pour en savoir beaucoup plus, reportez-vous à Soul Bag n° 217 de début 2015, dont il avait fait la couverture à l'occasion d'un très bel article et d'une longue conversation avec Daniel Léon.
Mighty Mo Rodgers entre enfin en scène. A plus de 70 ans, le personnage a l'allure d'un patriarche, presque d'un prophète majestueusement beau ; sa barbe est d'un blanc immaculé. Les musiciens qui ont la chance de l'entourer ce soir sont Pablo Leoni à la batterie, Paolo Legramandi à la basse et l'excellent Luca Giordano à la guitare.
Au delà de la musique, son comportement sur scène se révèle très vite être celui d'un prêcheur en mission. Il n'est pas un pianiste virtuose, c'est en revanche un bon chanteur à la voix chaudement éraillée et un homme de discours aux propos sans concession. Les morceaux défilent, les rythmes et les styles musicaux se succèdent, Gospel, Blues, Soul, Reggae, Funk, Boogie, Folk, Hawaii... mais tous respirent profondément l'âme blues de ce bluesman d'une grande humanité qui chante, parle et interroge le public avec émotion. "My songs are all about life, and the music comes directly from my heart and soul".
Je veux aussi vous parler de Luca Giordano, très à l'aise à la guitare, qui a joué merveilleusement toute la soirée, tirant de son instrument des sons parfaits et des phrases inventives.
Un grand concert que je n'oublierai pas de sitôt !
Les arènes du théâtre de verdure de Bagnols auront du mal a se vider. Il est pourtant déjà 1h30 du matin.
SAMEDI 8 AOÛT
Pour patienter, les festivaliers sont accueillis ce soir par le chanteur compositeur Thomas Khan, un bon chanteur à la voix
chaude, accompagné du clavietiste Martin Domas.
Une chaleur orageuse a alourdi l'atmosphère toutefois tempérée par quelques petits coups de vent bien venus. Les conversations tournent autour d'une pluie annoncée ravivant quelques souvenirs, nous croisons les doigts !
À 20h00 précise, Manu Lanvin, l'incontournable chanteur et guitariste de la scène blues-rock française ouvre la soirée accompagné par The Devil Blues, duo composé de Jimmy Montout à la batterie/choeurs et d'Antonella Mazza à la contrebasse/choeurs.
Manu est un bon chanteur et un excellent guitariste qui s'est écrit et composé un répertoire électrique beaucoup plus rock que blues, lui permettant, comme à ses acolytes, de s'exprimer sur scène avec la fougue, la rage, la puissance et l'énergie que requiert cette musique. Ce soir le public ne sera pas lésé, durant ce long set ils ont envoyé le meilleur de ce qu'on pouvait attendre d'eux. Bravo !
À la fin du concert, je me suis posé une question, et puisque nous parlons de blues, voici un aparté qui, bien sûr, n'engage que moi :
Pourquoi Manu Lanvin semble-t-il vouloir absolument se glisser parmi la scène blues-rock internationale qui est saturée de guitar-héros formatés, tous aussi
virtuoses, exubérants et prolixes, aux voix et aux guitares trop souvent trafiquées ? Personnellement j'ai le regret que Manu ne soit pas attiré par une musique plus blues que rock, lui qui nous
laisse entrevoir à chaque concert qu'il pourrait être un excellent et merveilleux bluesman, au chant comme à la guitare ? Pour moi, quand on a l'âme, l'étoffe et un modernisme dans son talent
pour devenir un des meilleurs bluesmen contemporains de sa génération, pourquoi s'en priver ? Mais je me doute bien qu'il ne s'en prive pas puisqu'il a fait un choix qui finalement est tout aussi
respectable ! C'est tout simplement tant pis pour moi !
Une longue pause permet de se ravitailler en frites et en boissons. La soirée ne fait que commencer. En attendant Thomas Kan remonte sur la petite scène du village pour un nouveau
set.
La scène est investie par les musiciens de JJ Thames, tous assez jeunes, mais croyez-moi, la phrase de Corneille "la valeur n'attend point le nombre des années" est parfaitement illustrée ici. Il s'agit de Fabrice Jossot à la guitare (des Flyin'Saucers Gumbo Special), Vince Cegielsky à la batterie, Yannic Villenave à la basse et Anthony Honnet aux claviers.
C'est la première apparition de JJ Thames et Europe et on peut d'emblée féliciter Valérie de l'avoir programmé car la chanteuse démontre très vite qu'elle n'est pas ici par hasard. Pourtant encore jeune, JJ Thames a le pouvoir d'envahir la scène et de capter le public comme seules les très grandes en sont capables. Sensuellement attirante, voluptueuse, énergique, cet attachant personnage dont la puissante voix a été façonnée par la musique classique nous donnera ce soir un concert fait de blues et de soul en chantant, racontant, murmurant et vivant avec passion toutes les histoires de ses chansons.
Le public est aux anges, il chante et danse avec elle devant la scène. Malheureusement, une indélicate pluie faisant son apparition sans avoir été invitée empêchera JJ Thames d'aller jusqu'au bout de ce qu'elle aurait pu encore nous offrir car après plus d'une heure de concert on en aurait bien redemandé.
Il paraît qu'elle doit revenir en France au printemps prochain, si vous n'étiez pas à Bagnols ce soir ne la ratez pas la prochaine occasion.
Le public est resté sur place à l'abri d'un arbre, d'un parapluie, d'un K-Way, d'une voiture. Les organisateurs et les techniciens ont tout essayé pour protéger la scène avec des bâches, des tentes, des parasols et autres abris de fortune...
Arthur Adams et ses musiciens étant toujours décidé à jouer.
Après plus d'une heure de combat contre des éléments naturels trop tenaces, Valerie Cegielsky était contrainte d'annoncer la clôture du festival et nous donnait rendez-vous pour 2016.
Nous garderons assurément un excellent souvenir de cette excellente 3ème édition dû a sa programmation riche et originale et aux qualités des artistes, mais également grâce à la très grande
gentillesse et la disponibilité de tous les bénévoles, souvent très jeunes. Merci encore et encore, Val, pour ce merveilleux week-end !
À l'année prochaine...
Texte de Jean-Louis Guinochet Photos d'Alain Hiot
Scarecrow :
Nina Attal :
Mighty Mo Rodgers :
Manu Lanvin :
JJ Thames :
Arthur Adams :
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