WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

   CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

              Trimestriel

 

     octobre / novembre / décembre 2015

 

 

          PAGE 6


 COMPTES-RENDUS DE CONCERTS

1. Hommage à Billie Holiday par Gilbert Béreau

2. Jean-Jacques Milteau & 24 Pesos et Only Cigar Box par Gilbert Béreau

3. Foolish King par Gilbert Béreau


 

 HOMMAGE À

BILLIE HOLIDAY

 

        DOMINIQUE MAGLOIRE & MICHEL PASTRE QUARTET

 

                     LE 25 JUILLET À ANDERNOS-LES-BAINS (33)

 

                                             Par Gilbert Béreau                                   Photos Thierry Dubuc  

 

 

Née le 7 avril 1915, Billie aurait été centenaire cette année si les vicissitudes de la vie ne l'avaient conduite sur une pente bien glissante qui ne lui permit pas de dépasser les 44 ans (article de Jean Louis, n°15-p4). La mode étant aux hommages, autant vous dire que ceux-ci ont démarré dès 2014, qu'ils furent nombreux et que de très grands noms s'y sont mis – au hasard, Molly Johnson ou Cassandra Wilson.
En France, c'est Dominique Magloire qui a souhaité rendre hommage à la grande dame et qui, pour cela, a fait appel au concours du saxophoniste Michel Pastre ; un bien bel album est sorti le jour même de l'anniversaire de Billie. A noter que Dominique avait déjà tenu le rôle principal d'un spectacle autour de Billie Holiday en 2012 qui avait été produit par, et joué à 'Blues sur Scène'.

                                                                                       Photo Thierry Dubuc. 2015.

 

D'origine antillaise, Dominique est née en 1968 et après des débuts dans le gospel, elle étudie le chant lyrique au conservatoire où elle maîtrise sa voix de soprano avant d'en sortir bardée de récompenses. Active depuis 1992, elle a touché à presque tout, depuis les concerts classiques jusqu'à la variété française et étrangère en passant par les musiques traditionnelles américaines, blues, jazz, soul ou gospel. Ses qualités l'ont naturellement conduite au métier de comédienne avec les comédies musicales comme tremplin. En 2012, elle participe à la première édition de l'émission TV, 'The Voice' qu'elle quittera en demi-finale ; pas sûr que cette info permette à nos lecteurs de se remémorer la voix et le look de Dominique, eux qui ne devaient pas être très friands de ces soirées devant le petit écran.

                                                                                               Photo Thierry Dubuc. 2015.

 

Quant à Michel Pastre, son associé dans l'hommage, il a mené une carrière toute parallèle dans le temps puisque né en 1966 (coïncidence, le même jour que Billie Holiday !), il est sur scène depuis 1991. Après avoir tâté de la batterie, c'est vers le saxo qu'il se tourne, d'abord l'alto puis le sax ténor. Ses influences sont à chercher chez les premiers saxophonistes de l'orchestre de Count Basie que furent Herschel Evans, trop tôt disparu et Lester Young que justement Billie Holiday avait surnommé 'Prez'. Au-delà, lorsque je l'écoute jouer je pense aux sonorités de musiciens comme Buddy Tate ou Illinois Jacquet, eux aussi influencés par les deux premiers. Michel a créé son 'Big Band' en 1998 et son quartet en 2002 tout en continuant à jouer dans d'autres formations.

        Photo Thierry Dubuc. 2015.

 

Le spectacle commence entre 'chiens et loups' en un lieu idyllique. Imaginez une scène de hauteur réduite tout contre une plage du bassin d'Arcachon et les spectateurs assis sur le sable de la dune, le bois de pins et les cigales derrière eux. Emmené par Michel, le quartet se présente, composé de Pierre Christophe au piano, Raphaël Dever à la contrebasse et François Laudet à la batterie. Ils attaquent et c'est sur fond musical que Michel présente les membres de la formation avant d'appeler Dominique. Avec un blouson de cuir sur sa robe rouge à pois blanc, sa belle carrure et sa tête rasée, elle impressionne le public ; moins toutefois que ne le fera sa voix lorsqu'elle attaquera "Swing, brother swing".

Cette voix s'élève, superbe mais au-delà, Dominique sait occuper la scène, elle danse et a des yeux très expressifs au fur et à mesure que tombent les paroles. Ajoutez à cela les sonorités suaves du sax de Michel, le phrasé de Pierre au piano, la présence d'une section rythmique point trop envahissante et vous pourrez comprendre l'émotion qui a soudainement saisi l'assistance.

                                                                                       Photo Thierry Dubuc. 2015.

 

Ils vont nous interpréter tout le disque hommage que justement elle présentera au public en entonnant "Travelin' light", le titre phare de la galette ; mais de longues intro en solos variés, 1es 1:05 du disque deviennent 1:35 de concert ! Parmi les grands moments, "God bless the child" qui démarre avec juste le duo voix/contrebasse, où les yeux de Dominique expriment alternativement joie et tristesse et qui verra un gros solo de piano qu'elle encourage vivement. Notons également une version plutôt gaie de "My man" qu'elle fait précéder d'un baratin sur Billie et la môme Piaf et qu'elle interprète d'une voix capable de toutes les nuances.

Elle aura tombé le blouson lorsqu'elle ira de son petit couplet féministe pour introduire le fameux "Don't explain", et dans la foulée elle partira dans le public, une lampe de poche à la main, laissant les musiciens interpréter le thème de "The man I love". De fait, c'était bien cet 'homme qu'elle aime' qu'elle est partie chercher dans le public avec sa lampe ; elle le ramène en scène, le met à l'aise, lui caresse torse et visage avant de l'enlacer langoureusement pendant qu'elle chante la chanson.

                                                                          Photo Thierry Dubuc. 2015.

 

Une bien belle soirée de musique ! Dans ces conditions, comment voulez-vous que le public ait envie de les voir quitter la scène ? Alors ils reviennent pour le rappel et ils nous avaient gardé au chaud "Strange fruit", le morceau de bravoure considéré comme la première 'protest song'. Ils le feront suivre par "I can't get started" pour finir sur une note moins sinistre.

 

 

Texte de Gilbert Béreau & Photos de Thierry Dubuc

 

 

Site officiel de Dominique Magloire :

http://dominique-magloire-officiel.com/medias/
Extraits de ce concert :

https://www.youtube.com/watch?v=Q8NAu3nyHDc
"God bless the child" avec Big Band :

https://www.youtube.com/watch?v=rCqUOCziYfs
"I cried for you" :

https://www.youtube.com/watch?v=ak9swquKJD0

 


En marge du concert :
'Travelin' Light' with Billie' est le titre de cet album hommage sorti le 7 avril, jour du centenaire de la naissance de Billie Holiday. Il offre 17 plages pour 1:05 de bonheur ; 7 titres sont avec le 'Big Band ' de Michel Pastre (17 musiciens) et 9 avec le quartet. Bien sûr on retrouve quelques titres incontournables comme "God bless the child", "Strange fruit", "Don't explain" ou "Fine and mellow" mais aussi des chansons qu'on entend bien moins souvent.
Enregistré comme à l'époque, soit avec toute la formation dans une pièce et une prise directe par morceau. Le résultat est une grande réussite pour un album qui a beaucoup de peine à quitter une platine lorsqu'il y a été introduit une première fois !!! (Label : Gospel sur la Colline)


 

 

   JEAN-JACQUES MILTEAU

                & 24 PESOS

                                ET

                    ONLY CIGAR BOX

 

 LE 23 JUILLET.  PORT DE LARROS À GUJAN-MESTRA (33)

 

                                             Par Gilbert Béreau                             Photos d'Etienne Mortini

 

A Gujan-Mestras, les 'jeudis de Larros' existent depuis plusieurs années qui, à travers la musique, permettent d'offrir des animations aux vacanciers et autres autochtones n'éprouvant pas le besoin de partir chercher ailleurs ce qu'ils ont déjà chez eux. Mais point de blues jusqu'à cette année et il aura fallu l'obstination d'une poignée de membres de l'association 'Larros Blues' pour que cette première manifestation voit le jour … et avec quel succès d'audience !

 

Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Jean-Jacques avait une quinzaine d'années lorsqu'il découvre l'association du blues et de l'harmonica grâce à un album de Sonny Boy Williamson II. Mais c'est la pleine époque de la montée en puissance des artistes britanniques qui avaient longuement infusé blues et rock and roll venus d'outre Atlantique. Force est de constater qu'à cette époque, la musique qui entrait et était diffusée en Europe continentale venait essentiellement de chez les grands bretons et beaucoup moins des US. Au cours des décennies, Jean-Jacques est devenu le musicien hors pair que nous admirons mais il a probablement gardé une nostalgie de cette époque. Il considère que le groupe de ce soir, avec lequel il a choisi de travailler, est le plus représentatif de la tradition de cette 'british explosion' ; d'où le nom du spectacle, 'British but blues' qui répond au sarcasme de certains musiciens américains vis-à-vis de cette mouvance anglaise.

 

                                                                                Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Le groupe, c'est '24 Pesos' … et pourquoi pas un compte rond à 25 ? Je ne peux répondre à cette question mais simplement vous dire que la formation apparaît sur la scène blues britannique en 2008, qu'ils ont rapidement gagné la reconnaissance de leurs pairs et que leur discographie compte déjà 4 albums.

Jean-Jacques & 24 Pesos. Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Sur scène ce soir, nous aurons donc cinq musiciens formant un groupe homogène avec Julian Burdock (guitare/chant), Jean-Jacques Milteau (harmonica), Moz Gamble (claviers), Silas Maitland (basse) et Bryan McLellan (batterie). Cependant et en raison de la langue, c'est bien sûr Jean-Jacques qui s'adressera au public. Nos braves anglais arborent tous un couvre-chef, deux galures et deux casquettes, au fil de la soirée, nous comprendront que chez le batteur c'est pour cacher une calvitie … pour les autres ?

Jean-Jacques & 24 Pesos. Photo Etienne Mortini. 2015.


Jean-Jacques attaque seul en scène avec le classique "I almost lost my mind" et durant le morceau, les musiciens de '24 Pesos' le rejoignent. Julian le soutient seul avec une petite guitare carrée, genre 'cigar box guitar' sauf que celle-ci n'est pas artisanale mais bien manufacturée par la marque 'Cigarcaster'. La chanson se finit avec tout le groupe par un long solo d'orgue puis d'harmonica …  C'est parti fort !

                                          Photo Etienne Mortini. 2015.

 

 

Puis ils nous feront "A girl like you", un titre du premier album du groupe qui donnera lieu à un beau duo guitare/harmonica et qui sera suivi d'une courte blague de Jean-Jacques sur les dames d'un âge certain et B. Bardot ; lui qui jusque-là apparaissait si sérieux au public féminin !!! Ensuite, Julian troquera sa 'Cigarcaster' contre une 'Seventy seven' noire de taille normale et ira s'assoir en bord de scène pour "Day becomes night", un joli blues lent de l'avant dernier CD et sur lequel Jean-Jacques contribuera par un long et beau solo.

Moz Gamble & Jean-Jacques. Photo Etienne Mortini. 2015.


Et le concert se continuera, superbe grâce à un judicieux entrelacement de titres rythmés et doux, de compositions et de reprises. Les compos seront extraites des premiers albums comme "Neckbones & gumbos", quant aux reprises, on a apprécié "Gimme some lovin'" (Steve Winwood), "Miss you" (Stones) ou l'instrumental "Mercy, mercy, mercy" (Jimmy Smith) qui donnera lieu à de longs solos de batterie puis de clavier.

Photo Etienne Mortini. 2015.


Un grand moment sera l'interprétation de "Sweet Malina" que Jean-Jacques dédie à Manu Galvin, le compositeur et par ailleurs, son ami guitariste ; ce sera l'occasion pour Julian de nous délivrer un solo de guitare particulièrement mélodieux. Terminée sur le "Gloria" de Them, voilà une première partie de soirée fort réussie, merci messieurs ! Il faut dire qu'arrivé tôt, j'avais vu ces musiciens, qui ne jouent pas tous les jours ensemble, ne rien laisser au hasard durant une longue répétition.

Sites des artistes :   

http://www.jjmilteau.net/   

http://24pesos.com/
Rendez-vous de l'Erdre 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=FAEQSqR3o-s
https://www.youtube.com/watch?v=pwMwitcUVqU
En studio :

https://www.youtube.com/watch?v=PyiajTJPeqU
Fin 2013 :

https://www.youtube.com/watch?v=566nChaKdJ4

 

 

La première partie de soirée avait reçu un public assis, les couche-tard pouvaient finir la soirée en trépignant debout devant une seconde scène placée juste derrière, face à la buvette et au restaurant. Ce nouveau spectacle démarrait dans la foulée avec les membres du groupe 'Only Guitar Box' comme maîtres de cérémonie.

Teddy et Orville. Photo Etienne Mortini. 2015.

 

'Feeling Blues' vous a déjà parlé à deux reprises de ce groupe original ; une première fois pour une prestation au festival de Léognan 2014 (n°11-p5), puis pour la sortie de leur album 'Soul stealers' (n°13-p12). Rappelons rapidement qu'Orville Grant, chanteur d'americana depuis de nombreuses années, s'est davantage tourné vers le blues durant ces derniers temps et qu'il s'est toqué pour les guitares faites à la maison à partir de boites de cigares, de vins ou même de bidons. Comment a-t-il convaincu Teddy Costa, bluesman bordelais dont les harmonicas ne sont en rien bricolés … je n'ai pas la réponse ; rappelons que Teddy fût à la base de la création du Marine Band Club bordelais (n°14-p3). Toujours est-il qu'OCB est né de leur association et à partir de musiciens issus de leur groupe respectif.

Le groupe. Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Ainsi retrouve-on, et les hommes m'excuseront, Erika Pascal au chant et aux chœurs où elle est associée à Corinne Gireau, dite Coco. A la guitare solo officie Stéphane Barincourt, lequel n'utilise pas une 'cigar box', la caisse est faite à partir d'un vieux gros bidon d'huile Castrol, osons donc l'appellation de 'Tank dobro' ? Patrice Feugas et Denis Bielsa assure la section rythmique, le premier sur une 'cigar bass' à la caisse assez conséquente et le second sur son maintenant célèbre Gigpig' suédois (cochon de concert … non, non, je qualifie l'engin car le mec c'est 'Lapinou').

Orville. Photo Etienne Mortini. 2015.


Orville et Teddy vont partager le chant solo à tour de rôle et on entendra quelques titres de leur album comme "I told my little woman" (Lazy Lester) mais aussi une majorité de morceaux qu'ils n'ont pas encore gravés. Ainsi le "Teddy's swamp" au rythme 'jungle beat' et qui rappelle "Willie & the handjive" ou "Cut my wings" de Seasick Steve, lui aussi grand utilisateur de 'cigar box guitars'. Mais nos deux compères laisseront le vocal à Steph pour le "Who's been talkin'" (Howlin' Wolf) et à Erika pour "Angel man", une composition d'Orville qui dans la foulée nous en chantera lui-même une autre, "She was a lady".

                                             Teddy. Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Pour contrecarrer toute diabolique influence, c'est sur le "Crossroad" du vieux Robert Johnson qu'ils démarrent et tout au long du set, Orville, qui a déplacé une belle partie de sa collection, changera d'outils, allant de 1 à 3 ou 4 cordes, souvent avec un vrai 'bottleneck', pour aboutir à un jeu plus classique sur une 6 cordes. Le public, et plus encore les jeunes, sont surpris par ces instruments d'un autre âge, mais surtout par tout ce que nos artistes sont capables d'en tirer. Orville fera d'ailleurs un baratin de présentation de ce matériel original en introduction du "We can't end this way" de Ben Harper et Charlie Musselwhite.

 

Stephane. Photo Etienne Mortini. 2015.


Erika reviendra au chant solo pour un titre tout à fait country, "I can't get you off of my mind", emprunté à Hank Williams. Mais entre-temps, tous les hommes avaient enfilé une longue barbe blanche postiche pour attaquer le "Gimme all your lovin'" de ZZ Top ; un grand moment de rigolade dans le public !

Les choristes. Photo Etienne Mortini. 2015.


Les casquettes. Photo Etienne Mortini. 2015.

 

Grâce à la proximité des musiciens et d'une foule compacte, l'ambiance était chaude ; et puis il faisait beau et c'était les vacances, alors personne ne voulait les voir partir. Il fallut pourtant conclure et au rappel nous entendîmes "American trilogy" en version épurée par Erika et Orville puis le "My babe" par Teddy. A noter que ce dernier, qui avait attaqué le concert en chemise, l'a terminé en marcel ; avec son chapeau et ses bretelles, il semblait sorti d'un film sur le Chicago des années 30 … peut-être John Dillinger !

Présentation officielle du groupe :

https://www.youtube.com/watch?v=teJ0ep9RWUY
La 'Cigar box guitar' présentée par Orville :

http://www.cigarboxguitar.fr/index.html
Dax motors 'n' blues-7/2015 :   

https://www.youtube.com/watch?v=0qfviw1QmKA
https://www.youtube.com/watch?v=9bq0J7BKLE4
https://www.youtube.com/watch?v=H8ByPFjtvUY

 


La conclusion de cet essai transformé s'impose d'elle-même :

du blues sur deux jours en 2016 !
Madame la sénateur-maire nous vous avons tous entendu le répéter à deux reprises et, au regard de cette soirée, Gujan mérite largement cela. Si les vacanciers étaient au rendez-vous, qui n'étaient probablement pas tous mordus pour les petites notes bleues, je puis certifier avoir croisé de vrais amateurs venus tout exprès de l'agglomération bordelaise et d'au-delà.



Texte de Gilbert Béreau                      Photos d'Etienne Mortini

 

 

 

 


 

 

             FOOLISH KING

 

LE 27 AOÛT. GUINGETTE "CHEZ ALRICQ". BORDEAUX (33)

 

                                                                Texte et photos par Gilbert Béreau

 

 

Deux bonnes raisons d'aller promener mes tongs 'Chez Alricq' ce soir-là et la première était que je n'avais pas remis les pieds en ces lieux depuis la réouverture. En effet, cette guinguette idéalement placée en bord de rive droite de la Garonne, pile-poil en face du vieux Bordeaux classé, avait dû fermer ses portes l'an dernier suite à arrêté préfectoral. La politique et l'économie n'étant pas l'essence du moteur de votre webzine, nous ne débattrons pas ici des raisons floues de cette interdiction qui ont conduit l'ami Alricq à passer la main.

 

La scène de la guinguette. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

L'important est que sa nièce ait relevé le défi, entreprenant une remise en état qui a permis une première ouverture saisonnière et nous espérons tous une ouverture à temps plein dès l'an prochain. Comme toujours, l'établissement propose des concerts dans beaucoup de styles musicaux et parmi, ceux qui font le pain quotidien de 'Feeling Blues'.

 

Foolish King. Photo Gilbert Béreau. 2015

 

Et ceci m'amène à la seconde raison qui était la venue du groupe 'Foolish King' et parmi eux, des gens dont nous vous avons déjà parlé, mais peut-être ne faites-vous pas la relation. Reportez-vous aux n°13-p9 et n°15-p8 pour retrouver des comptes-rendus de concerts du trio instrumental 'Electric Boots' lequel a depuis gagné le prix de la 'Note Bleue' au tremplin 'Action Jazz' 2015. Composé de Julien Bouyssou à l'orgue Hammond, Julien Lavie à la batterie et Charlie Dufau à la guitare, 'Electric Boots' devient le quintet 'Foolish King' lorsque viennent s'amarrer la chanteuse bordelaise Charlie Dales et le bassiste Victor Bérard, Deux Julien, deux Charlie, une chance que le bassiste ne se soit pas appelé Charlie ou Julien histoire de nous compliquer encore la tâche !!!

 

 

                                                                         Charlie Dales. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Cette jeune artiste fût immergée dans la musique dès son plus jeune âge au travers de l'ambiance familiale et ce fût dix années d'étude de piano classique puis, une volte-face vers le Rock. Avant de rencontrer les joyeux lurons qui sévissent dans 'Electric Boots'', Charlie a été chanteuse durant quatre ans d'un groupe appelé 'Les Vaches Folk’s' avant que d'être rebaptisé 'Charlie and the Freshmen'. L'expérience de la scène lui fût bénéfique et on remarque rapidement l'aisance avec laquelle elle fait sien l'espace qui lui est laissé.

                                                Julien Bouyssou et Charlie Dales. Photo Gilbert Béreau. 2015.

 

Après un démarrage instrumental musclé de ses compagnons, elle surgit sur scène, perchée sur de bien hauts talons et avec un superbe costume de marin ; une tenue dont on aimerait qu'elle donne des idées au ministère des armées pour l'uniforme de ses recrues féminines. Bref, la voyant apparaître ainsi vêtue, des rêves de croisières vous embrument le cerveau et on se dit qu'on la suivrait bien au bout du monde ; de fait, c'est tout le groupe qui va nous emmener en voyage.

Julien Lavie et Charlie Dales. Photo Gilbert Béreau. 2015


Ils vont rapidement donner le ton de la soirée avec une belle reprise d'un "Rock steady" emprunté à Aretha Franklin qui, outre la voix puissante et la présence scénique de la chanteuse, permettra de mettre en valeur les qualités de Julien aux claviers et de Charlie à la guitare. L'autre Charlie, la chanteuse, bouge beaucoup et bien, danse, s'amuse avec ses coéquipiers et s'adresse beaucoup au public ; bref, tout ce qui faut pour séduire des spectateurs. Dans la suite du premier set, nous entendrons "Black heart" et "Groove your ass up", deux de leurs compositions qui figurent sur leur EP, 'City Lifetime'. Ils proposent des versions longues de leurs titres car il ne s'agit pas d'une chanteuse soutenue par un quartet mais bien d'une œuvre de groupe où tous les musiciens occupent une belle place.

Foolish King. Photo Gilbert Béreau. 2015.


Et c'est sur "No charity" que se clôt un premier set réjouissant ; un titre avec lequel 'Electric Boots' termine souvent ses prestations.
Modération oblige, c'est une seule bière et quelques discussions plus tard que je me repositionne pour un second set qui démarre avec un titre plutôt funky durant lequel Charlie partira, tambourin en mains, faire le tour de la guinguette pendant un très long solo de son homonyme guitariste. Mais cette chanteuse va nous montrer qu'elle est aussi à l'aise dans le répertoire soul ou blues que dans le funk puisqu'on entendra le "Messin' with the kid", morceau de bravoure de Junior Wells & Buddy Guy.

                                                       Victor Bérard et Charlie Dales. Photo Gilbert Béreau. 2015

 

Dans cette même veine, une berceuse dont le titre m'a échappé mais qui pourrait bien être "You left me" et que les deux Charlie démarrent seuls, en duo, avant le retour de leurs compères. Le second set se poursuivra toujours aussi excitant avec "Strange life", un titre qui devrait figurer sur le prochain EP et jusqu'à une dernière présentation en musique des membres de la formation. Puis ce sera le rappel réclamé par l'assistance ; "vous en voulez, alors faite-le avec nous", semble dire Charlie qui va donc faire chanter le public, lequel a répondu comme un seul homme.

Site du groupe :

http://www.foolishking.net/
En 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=VwcpV1AK3c0
"Groove your ass up" (nouvel EP) :

https://www.youtube.com/watch?v=VwcpV1AK3c0

Les indiscrétions en bord de Garonne :
Dans notre n° 13 et en page des 'News', nous vous indiquions que le groupe 'Foolish King' s'était présenté au tremplin du fameux festival 'Blues sur Seine 2014'. Ce tremplin donne lieu à 3 récompenses dont le 'OFQJ-Festiblues international de Montréal' qui leur a été attribué avec, à la clé, une invitation pour participer au prochain Festival International de Blues de Montréal.
Ils sont partis pour neuf jours et c'est le 6 août qu'ils ont débarqués chargés et fourbus chez nos lointains cousins ; chargés certes, mais cela aurait pu être pire si la cousine Leslie Hammond avait été du voyage !

                                                                                   Dur dur la vie d'artiste.

 

Et dès le lendemain ils sont sur l'immense scène 'Loto-Québec' du parc Ahuntsic, parc public de plus de dix hectares sur l'île de Montréal, à proximité de la rivière des prairies (quel joli nom).


Mais qui peut mieux vous raconter cette escapade que Charlie elle-même ???
« Ecran 3*4 de chaque côté de la scène où on pouvait nous voir en gros plan, un son énorme, l'excitation et l'énergie qui montent lorsque l'heure approche. On envoie la purée à 18:30 devant une assistance un peu éparse au début mais qui se rassemble au fur et à mesure. On s’éclate, on savoure le moment, et le public Montréalais semble apprécier. Les 50 minutes qui nous étaient accordées filent à la vitesse d'un éclair mais nous sortons de scène aux anges. Pour ce qui concerne la fin de la soirée, de belles rencontres, des bières canadiennes Molson, des saucisses à la poutine et deux têtes d’affiches, Bernard Adamus et Lisa Leblanc qui offrent un show sympa devant 8000 personnes au pic !
Les 8 jours suivants du séjour ont été comme des montagnes russes, ébouriffantes avec des sommets ou moments de grâce et des creux, disons petites galères qui passent très vite et laissent un goût de revenez-y.

Foolish King sur la scène du Festiblues.

 

Dans la foulée du Festiblues, nous sommes partis 4 jours sur la route du Bas-Saint Laurent en direction de Moncton au Nouveau Brunswick pour jouer au 'Plan B', bar sympa bien qu’il y ait eu peu de monde ce soir-là. En tout 2500 bornes dans la mythique chaîne des Appalaches, où on essayait désespérément de croiser un orignal mais en vain. A la place des noms de villes improbables comme "Saint-Louis du Ha! Ha!", des lacs, des forêts, 'la cipaille', une copieuse spécialité d’hiver dans le style tartiflette, des cafés servis dans des vases, des burgers de compétition, des congestions, des services au volant, des flâneries et surtout, du fun !
Après 2 nuits passées dans une maison communautaire avec des musiciens mi punk, mi hippie, le séjour s'est achevé en apothéose avec un dernier soir au ' Bistro à Jojo ', une institution du blues à Montréal où se sont produites des pointures comme Pat Metheny pour ne citer que lui. Un bar plein à craquer, ambiance électrique, petite scène mais vrai gros orgue Hammond ; 3 sets envoyés jusqu’à l’os et on s’est sentis comme des étoiles dans la nuit Montréalaise !!! Il a cependant fallu reprendre le chemin du retour dans un avion plein de turbulences … rock’n’roll quoi ».

Tremplin Blues sur Seine 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=BkdeeoxB3mo

Pas le temps de souffler car la tournée estivale les attendait. Cependant, chacun d'entre vous se souvient que la jeunesse est souvent pleine d'énergie ; alors, même avec la tournée, ils se sont mis au boulot pour nous concocter un nouvel EP qui devrait tomber dans les bacs en 2016 et qui s'appellerait  'Strange life'; Bien évidemment, 'Feeling Blues' suivra l'affaire pour vous.

Texte et photos de Gilbert Béreau