N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS 1016

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Photo Brigitte Charvolin.
Photo Brigitte Charvolin.

SOMMAIRE

 

PAGE 1.   ÉDITO

                   NOSTALGIE :  LES POMPES DE DAIM BLEUES.  CARL PERKINS par Gilbert Béreau.

                   DU CÔTÉ DE LA PRESSE : par André Fanelli.

 

DOSSIERS  :

PAGE 2.    HÉROS LÉGENDAIRES DU BLUES. Deux géants bien oubliés... BLIND BLAKE ET LONNIE JOHNSON. Par André Fanelli.

PAGE 3.    OTIS GRAND. Par André Fanelli et Jean-Louis Guinochet.

 

REPORTAGES & BRÈVES :

PAGE 4.     1. LES JAM SESSIONS HEBDOMADAIRES DU MARINE BAND CLUB : LE RETOUR. le 1er mars à Bordeaux (33)

                     2. POSSUMS. LE CAPHARNAÜM. Bordeaux (33).

                     3. La BISE qui fait jaser sur le Net.

                     4. LENNY LAFARGUE. 35 ANS DE CARRIÈRE. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33).


PAGE 5.     1. INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE. 32ème Édition. Memphis. USA.

                     2. LE MARINE BAND CLUB AU COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). LA DER.

                     3. BLUES IN VINILE. Pienza en Toscane (Italie).

                     4. BLUES AU SECOURS POP FESTIVAL. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33).

 

COMPTES-RENDUS DE CONCERTS :   

PAGE 6.    1.  SAN PEDRO SLIM. Blues Station, Salle de l'Abescat à Tournon d'Agenais (47). Le 30 janvier 2016.

                    2. Mike GREENE & Youssef REMADNA.  SAN PEDRO SLIM. Salle de l'Eden à Oraison (04). Le 31 janvier 2016.

                    3. JOHN PRIMER. MUDDY WATERS 100. Théâtre Félix Martin. St Raphël (83). Le 14 Octobre 2015.

                    4. BLUES AT THE JUKE JOINT # 4. Cérons (33). Raw Wild / Loretta & The Bad Kings. Le 17 octobre 2015.               

                    5. 23ème NUIT DU BLUES. Léognan (33) Eric Lavalette Band & Mighty Mo Rodgers. Le 21 octobre 2015.

                    6. A.z.B. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Le 14 novembre 2015.

 

PAGE 7.    1. LOUISVILLE.  ERIC McFADDEN.  LE BOOTLEG. Bordeaux (33). Le 27 janvier 2016.

                    2. FESTIVAL JALLOBOURDE. Banlieues bordelaises (33). Les 16/22/23 et 29 janvier 2016.

                    3. CHICAGO BLUES FESTIVAL 2015 . BLUES STATION. Tournon d'Agenais (47). Le 06 décembre 2015.

                    4. ONLY CIGAR BOX. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (83). Le 23 octobre 2015.

                    5. WOODS. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Le 24 octobre 2015.

                    6. RICHARD RAY FARRELL. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Le 19 novembre 201
PAGE 8.    1. HOMMAGE À LEAD BELLY.  ERIC BIBB ET JEAN-JACQUES MILTEAU. L'ENTREPÔT. Le Haillan (33). Le 10 mars 2016.

CHRONIQUES : 

PAGE 9.     ALBUMS À DÉCOUVRIR.

PAGE 10.  ALBUMS À DÉCOUVRIR : LIVE. AUTOPRODUITS. RÉÉDITIONS.

                    LIVRES À DÉCOUVRIR.

 

PAGE 11.  DERNIÈRES INFOS.

PAGE 12.  PROCHAINS CONCERTS RÉGIONAUX.


Président d'honneur : Bruce Iglauer, Fondateur et Président du blues record label Alligator Records, Chicago. Il. USA.
Co-fondateur et Président : André Fanelli.
Co-fondateur, Rédacteur en chef & Webmestre : Jean-Louis Guinochet.
Contact : feelingblues@orange.fr


ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :

 

Rédaction et crédits photos : 

Gilbert Béreau - Christian Boncour - Jean-Yves Cadiou - Brigitte Charvolin - André Fanelli - Michel Faton -
Catherine Foret - Paul M. Gettleman - Jean-Louis Guinochet - Elise Lacoste - Pascale Maire - Jean-Pierre Vinel -

 


ÉDITO :

Ce numéro 17 est le premier à être mis en ligne sous son nouveau design.
Le but recherché est d'optimiser et rendre plus confortable l'utilisation, la navigation et la lisibilité de Feeling Blues pour ceux qui utilisent toutes sortes d'écrans tactiles.
Les retours que nous avons eus sont très positifs, des améliorations nous ont été suggérées, nous en tiendrons compte bien-sûr !


Qu'allez-vous y découvrir  ?
Otis Grand était venu en fin d’année nous apporter des instants de bonheur dans le sud. André Fanelli lui rend hommage à sa manière dans un portrait où les citations du bluesman en interpelleront plus d’un.
« …juste trois accords et c’est déjà assez difficile comme ça…Croyez-moi, le Blues peut sembler simple mais c’est le style le plus difficile à jouer comme il convient. »
Côté « nostalgie », puisque c’est le 60ème anniversaire de "Blue suede shoes », Gilbert Béreau nous retrace la vie de Carl Perkins qui a écrit, interprété et porté toute sa vie l’un des morceaux les plus connus de toute la musique populaire américaine.
Et puis, toujours à propos des Héros Légendaires du Blues, André Fanelli revient sur deux géants, Blind Blake & Lonnie Johnson, deux artistes dont la dimension et l'impact sont aujourd'hui bien oubliés du public.


Si vous n’avez pas pu vous y rendre, beaucoup de comptes-rendus de concerts dans le sud vous attendent et vous retrouverez toujours dans les dernières pages les chroniques d'albums, les dernières infos et l’agenda des prochains concerts.
Que le printemps vous apporte de bonnes vibrations !

La rédaction

 


NOSTALGIE

LES POMPES DE DAIM BLEUES

Par Gilbert Béreau

 

 

 

Et si après le blues nous parlions un peu de l'un de ses enfants, le rock and roll ? Celui des 50's qui a fait bondir le cœurs de nos lecteurs les plus âgés lesquels, ne sont pas venus au blues portés par la vague anglaise bien plus tardive. En majorité, ils ont été sevrés à la chanson traditionnelle française de la TSF des parents, puis un peu bousculés par des gens comme Bécaud avant que des radios et surtout la télévision ne leur présentent des adaptations françaises de premiers titre rock and roll venus d'outre Atlantique.

Les plus curieux ont cherché les origines de ces titres plus ou moins traduits en français et ils ont découverts ce qu'on nomme aujourd'hui les pionniers du R' 'n' R'.  Puis, déroulant la pelote à partir des morceaux et de leurs interprètes, ils ont emprunté des chemins qui fleuraient la bonne musique et qui les ont conduits au blues, à la musique country, à la soul voire à certains aspects du jazz. Il est fort probable que beaucoup d'entre eux continuent à écouter toutes ces musiques qui ont bercé leur jeunesse avec, acquises au cours des ans, des préférences pour certains styles musicaux ou pour certains interprètes en dehors des genres. Ceci étant posé, ceux qui ne supporte vraiment pas le R' 'n' R' originel peuvent passer leur chemin dès à présent … mais que celui qui me jettera la première pierre exhibe la preuve qu'il n'a jamais bougé les jambes, voire dansé sur la chanson dont nous allons parler.
Je vous observe à travers la lucarne de votre écran d'ordinateur, la grande majorité d'entre vous n'a pas bougé, est toujours bien attentive et c'est un grand bonheur.

Pourquoi vous parler R' 'n' R' maintenant ?

Parce que ce numéro se positionne pile-poil pour fêter le 60eme anniversaire d'un titre emblématique : les pompes en daim bleues ou "Blue suede shoes". Écrit, interprété et porté toute une vie durant par Carl Perkins, dont l'anniversaire tombe aussi ce trimestre, c'est l'un des morceaux les plus connus du rock and roll et même de toute la musique populaire américaine.

 

Carl Perkins
Carl Perkins


Ce Carl, cadet d'une fratrie de trois garçons, était né en 1932 à Tiptonville, petite bourgade du Tennessee d'à peine plus de 1300 âmes à cette époque. Zone agricole au bord du Mississippi et d'un lac, Carl et ses frères furent élevés à la limite de la misère par des parents qui étaient métayers dans une plantation de coton.

Nous n'allons pas détailler toute la jeunesse de Perkins, d'autant qu'au cours des sa vie certaines de ses déclarations furent contradictoires. Simplement, nous retrouvons le schéma mainte fois évoqué par les chanteurs de cette époque, la radio avec le samedi soir le programme du 'Grand Ole Opry' et bien sûr l'émerveillement et le rêve.

L'institutrice qui l'encourage à faire de la musique, la première guitare faite par papa avec une boite de cigares et un manche à balai, le vieux voisin noir, oncle John, qui lui apprend les premiers accords et cède sa vieille guitare usée pour une paire de dollars. Nous passerons vite sur l'installation dans le comté de Madison, à quelques encablures au nord de Nashville, l'abandon de la vie agricole mais c'est là, qu'encore adolescent et après l'acquisition d'une guitare électrique bon marché, il démarre une carrière musicale locale à partir d'un groupe crée avec ses frères Jay et Clayton. Il écrit ses premières chansons et à la fin des 40's, les 'Perkins Brothers' forment le groupe country probablement le plus connu de la région de Jackson – mais pas de quoi nourrir son homme. Jackson c'est justement l'endroit où s'installe la famille en 1950, Carl dégote un nouveau boulot qui lui permet de s'offrir une Gibson Les Paul et commence à grandir la renommée du trio qui passe en radio et écume les 'honky tonks' locaux. Il a 21 ans lorsqu'il épouse Valda, une amie de longue date qui sera absolument décisive dans la poursuite de sa carrière. Pianiste amateur, c'est elle qui le poussera à partir jouer de plus en plus souvent et, selon certains, c'est elle qui l'aurait convaincu d'aller à Memphis pousser la porte des studios Sun. En effet, durant l'été 54 Carl entend à la radio la version que vient d'enregistrer Elvis du "Blue moon of Kentucky" de Bill Monroe; il réalise que c'est le style de musique qu'il pratique et, de son fait ou donc sous la pression de Valda, il part pour Memphis à la recherche du label qui a enregistré ce disque. Nous sommes en octobre 54, après une fin de non-recevoir de Marion Keisker, la maintenant célèbre secrétaire de chez Sun, Carl bute sur Sam Phillips qui accepte une première audition et au second titre la décision est prise. Quelques séances et le premier single "Movie magg / Turn around" sortira en mars 55, non étiquetée Sun mais Flip (n°501), la sous-marque. Le succès n'a pas vraiment été au rendez-vous mais c'est le début des tournées, principalement en première partie d'Elvis et de Johnny Cash. Le second single "Gone gone gone / Let the jukebox keep on playin' " sortira, sans plus de succès, sous la marque Sun (n°224) le 1er août 55; ironie du sort; en même temps que le dernier single d'Elvis pour cette marque.

 

Carl Perkins Band.
Carl Perkins Band.

Puis c'est l'hiver 55 et nous revenons à la naissance de "Blue suede shoes" ! Sur le sujet, la légende est riche et diverse, avec probablement autant de variantes que de journalistes et d'organes de presse consacrés à la musique; Carl lui-même a parfois varié dans ses déclarations. La petite histoire veut que les paroles aient été inspirées à Carl en voyant un danseur se foutre en rogne après sa cavalière qui marchait sur ses pompes de daim bleues. Selon une des explications les plus communément admise, l'épisode ci-dessus aurait certes bien eu lieu mais il n'aurait servi qu'à rappeler à Carl une anecdote racontée quelques temps plus tôt par Johnny Cash lors d'un concert à Armory (Mississsipi), ou ailleurs. L'anecdote faisait référence à un souvenir de Cash durant son service militaire en Allemagne où un sergent noir avait l'habitude de dire "Be careful, don't step on my blue suede shoes' pour se frayer un chemin dans la file de la cantine. Bref, le soir de la réflexion du danseur, Carl a tourné, puis retourné l'histoire dans sa tête et au milieu de la nuit il a attrapé sa guitare et commencé à travailler le morceau. Là encore l'histoire est bien belle, alors faisons comme si tout était parfaitement exact! Après plusieurs essais, il opte pour un rythme de boogie et fredonne les premières paroles. De quoi réveiller son épouse qui, gardant sa bonne humeur, l'encourage à continuer car elle dit pressentir un tube.

Il récupère en cuisine un sac de papier kraft qui a servi à ramener les courses de l'épicerie et c'est écrit là-dessus que ce tube mondial naîtra !

La partition papier.
La partition papier.

Selon Carl, il aurait composé ce morceau le 17 décembre 1955 et l'aurait enregistré le 19. Le 19 est aussi la date indiquée sur les notes de Sam Phillips mais ce délai de 2 jours apparaît bien court pour travailler le morceau et sa face B avec ses frères. Peu d'importance à quelques jours près, "Blue suede shoes" est mis en boite avec ses frères Jay (guitare rythmique) et Clayton (contrebasse) renforcés par WS 'Fluke' Holland à la batterie ; il y aura 3 prises. Dans la foulée, dès le 1er janvier 1956, Sam Phillips édite la seconde prise  de "Blue suede shoes" et "Honey don't" sur le 78 trs Sun n° 234, vite remplacé par le single 45 trs. La petite histoire voudrait que Carl n'ait jamais disposé d'un seul exemplaire du 78 trs qui lui serait parvenu brisé …


Le 11 février, le single atteignait la seconde place du hit-parade country de Memphis avant de prendre la pole position et de s'y maintenir 3 mois. Le 17 mars, la chanson montait à la troisième place du hit-parade Rythm & Blues et à la seconde du classement Pop; comme quoi les barrières … Les ventes dépassaient le million dès le mois d'avril et c'était la première fois qu'un 'disque d'or' était présent à la fois dans les classements pop, R&B et country. La voie royale s'ouvrait devant Carl qui avait maintenant une audience nationale et passait à la TV, tout d'abord à 'Ozark Jubilee' du chanteur Red Foley sur ABC. Il n'allait pas profiter longtemps de l'embellie car deux revers l'attendaient au détour de sa route vers la gloire.

 

Carl Perkins à l'Ozark Jubilee.
Carl Perkins à l'Ozark Jubilee.
Carl Perkins, l'embellie.
Carl Perkins, l'embellie.


Le premier revers prend racine dès l'automne 55, soit avant l'enregistrement de "Blue suede shoes". Sam Phillips a des problèmes financiers et pour sauver la baraque, il cède à la proposition de RCA de racheter son chanteur vedette; Elvis change alors d'écurie pour 25 000 $. Dès le 10 janvier Elvis entre en studio et RCA met en boite "Heartbreak hotel". Le morceau est bien différent des productions Sun d'Elvis et dans le même temps le "Blue suede shoes" de Carl fait un tabac … alors le producteur Steve Sholes se pose des questions. Il continuera à se les poser malgré le grand succès de "Heartbreak hotel" qui a pris la première place du hit-parade pop et le 30 janvier Sholes organise une session pour qu'Elvis enregistre "Blue suede shoes" en compagnie de Scotty Moore (guitare solo), Shorty Long (piano), Bill Black (contrebasse) et DJ Fontana (batterie). Il semblerait qu'Elvis ait cédé à la volonté de Sholes d'enregistrer "Blue suede shoes", mais faisant valoir ses rapports avec Carl et Sam Phillips, il aurait demandé qu'en contrepartie le titre ne soit pas édité en single tant que celui de Carl aurait du succès - joli geste, s'il est vrai.

 

Le titre sortira seulement en mars sur les disques intitulés 'Elvis Presley', un EP 4 titres et un LP pour lesquels il y a beaucoup moins de demandes; le single ne verra le jour qu'en toute fin de mois d'août couplée à "Tutti frutti" (en 78 et 45 trs). Le problème, c'est qu'Elvis est déjà connu et passe beaucoup à la télé où il aura l'occasion d'interpréter la chanson de Carl avant même son auteur et pour beaucoup de jeunes de l'époque "Blue suede shoes" est devenue une chanson d'Elvis. En 1960, Elvis réenregistrera une version stéréo du titre qu'il ne chante pas mais qui est joué par un jukebox dans le film 'GI Blues'.

 

Elvis et ses blue suede shoes.
Elvis et ses blue suede shoes.
Carl et Elvis.
Carl et Elvis.

 

Le second revers pour Carl se présentera sur une petite route du Dalaware au petit matin du 22 mars 56. Ils ont joué en Virginie, à Norfolk, en compagnie du Rock 'n' Roll Trio des frères Burnette et après le concert, ils prennent la route pour New York afin de préparer le 'Perry Como Show' du 24 mars sur NBC-TV. C'est alors l'enchaînement fatidique, fatigue, endormissement et le voyage se termine dans un grand fossé rempli d'eau après avoir percuté l'arrière d'une camionnette transportant des volaille. Le fermier qui conduisait la camionnette est tué net, Carl a failli finir noyé immobilisé par un traumatisme crânien et des fractures multiples, dont des vertèbres cervicales. Quant à ses frères ils sont tous deux grièvement blessés et ne se remettront jamais vraiment de cet accident. Vingt jours plus tard, dont un de coma, Carl sort de l'hôpital mais le rêve d'une grande carrière est déjà derrière lui. Il continuera à composer de bien beaux morceaux, à enregistrer chez Sun puis chez Columbia, à tourner et à beaucoup travailler avec ou derrière son vieux pote Johnny Cash qui veillera un maximum sur lui.

Plaque commémorative dans le Tennesse.
Plaque commémorative dans le Tennesse.

"Blue suede shoes" fait maintenant partie de 'l'american song book' mais nous avons vu avec Elvis que les toutes premières reprises ont suivi l'immédiate parution du single de Carl. Bien évidemment presque tous ceux qu'il est convenu d'appeler 'les pionniers du R' 'n' R' ont mis ce titre à leur répertoire; parmi les plus connues, citons Eddie Cochran, Buddy Holly, Bill Haley ou Jerry Lee Lewis. Mais dès 56 on retrouve des versions country telle l'interprétation 'western swing' du célèbre Pee Wee King et, dans le style country, elle sera suivie par les reprises de Johnny Cash, du jeune George Jones ou Merle Haggard entre autres. Côté swing et R&B il existe dès 56 des reprises de Roy Hall ou Boyd Bennett; plus tardivement Albert King bluesera le titre en hommage à Elvis et on trouve même la vision folky du grand maître Doc Watson. Il y a aussi des versions que je n'ai jamis pu écouter jusqu'à la fin, telles celles de Jimi Hendrix, Black Sabbath ou Motörhead. "Blues suede shoes" est un titre qui a été certainement traduit dans tous les langages de ce monde, peut-être à l'exception de cette langue artificielle qu'est le volapük.

Je me souviens d'un show de Carl quelques années avant son décès survenu en 1998; une bien belle soirée avec bien sûr "Blue suede shoes" !!!
Et 60 ans plus tard, les pompes en daim bleues ne sont toujours pas éculées !!!

Gilbert Béreau

 


DU CÔTÉ DE LA  PRESSE

Par André Fanelli

Nous avons décidé de transformer la traditionnelle Revue de Presse en rubrique « Du côté de la presse ». Nous pourrons ainsi, en continu, vous signaler « à chaud » ou presque (mais aussi de manière intemporelle, affranchie de l’actualité) des magazines, des articles, etc...

 

Pour cette fois c’est vers le Sud que je mets le cap. Donc, si vous aimez le Sud…
Attention, ce n’est pas de notre Sud qu’il s’agit. Ne sortez pas le pastis, pas davantage les boules et encore moins galoubets et tambourins.
Le cap est mis au South aux USA. Au pays qui vit naître tant de magnifiques musiques… dont le Blues.

 

THE OXFORD AMERICAN

 

The Oxford American est un magazine fondé, à Oxford Mississippi, en 1992 par un apôtre des arts populaires du Sud, Marc Smirnoff. Le sérieux et la qualité de ce magazine dédié donc à toutes les expressions artistiques du Sud ont été tels que rapidement il a accueilli dans ses pages écrivains, photographes, chercheurs et autres passionnés. Ce magazine évoque un peu, par son haut niveau et son exigence, des revues comme le New Yorker par exemple.

 

Chaque année, depuis 2009, la musique, est à l’honneur au travers d’un numéro se focalisant sur un Etat et offrant, même au travers des publicités et annonces, un dépaysement bien séduisant. Arkansas, Mississippi, Alabama et autres ont ainsi été mis en lumière.

Le numéro actuel est consacré à la Georgie.
Le retour sur les parutions anciennes devrait vous donner une furieuse envie de ne plus rater cet extraordinaire magazine. Chaque numéro nous ouvre des portes vers mille et une destinations, vers des visages très divers et tous très enrichissants de l'expression musicale du Sud américain.



 

Chaque année, depuis 2009, la musique, est à l’honneur au travers d’un numéro se focalisant sur un État et offrant, même au travers des publicités et annonces, un dépaysement bien séduisant. Arkansas, Mississippi, Alabama et autres ont ainsi été mis en lumière.
Le numéro actuel est consacré à la Georgie.
Le retour sur les parutions anciennes devrait vous donner une furieuse envie de ne plus rater cet extraordinaire magazine. Chaque numéro nous ouvre des portes vers mille et une destinations, vers des visages très divers et tous très enrichissants de l'expression musicale du Sud américain.

 

Cela pourrait bien rappeler à certains qu'avant le blues malien ou sénégalais, avant le blues des steppes ou celui du grand nord, avant même celui de notre pays avec ses blues ardéchois ou franciliens, il y a un fait qui s'impose, aujourd'hui comme hier, c'est bien l'Amérique et plus particulièrement les grands ghettos urbains et le Sud qui demeurent porteurs de l'histoire... mais aussi de l'innovation.
Quelques mots sur le CD qui accompagne chaque numéro. Un vrai trésor que vous aller écouter et réécouter. Pour retrouver les représentants des diverses traditions proches du blues bien sûr, mais aussi pour rencontrer d'autres expressions.
Oxford American est peut-être une des deux ou trois revues du monde qui comptent vraiment pour ceux qui aiment la culture américaine du grand Sud.
A vous de juger.


www.oxfordamerican.org

 

ABS magazine

 

Qu’est-ce qui me fait admirer ABS Magazine ? En y réfléchissant, c’est peut-être le ton général des articles. Certes la qualité des photos et de la mise en page, l’érudition, le sérieux sont là.
Mais il y a dans la manière de traiter les sujets un talent. Celui de nous rapprocher des artistes mis en lumière, de nous faire ressentir leur humanité en quelque sorte.

 

 

Des articles comme ceux consacrés à Hosea Leavy, Lil’ Jimmy Reed ou Big A Sherrod nous aident à comprendre la réalité du vécu de la condition de bluesman.
En outre, à l’inverse de Soul Bag, toujours aussi copieux que remarquable, ABS n’élargit pas sans cesse son horizon musical à des styles éloignés de ceux qui nous passionnent en priorité.

 

 

SOUL BAG

 

Mais Soul Bag reste un marqueur de la musique populaire afro-américaine ( et maintenant aussi européenne) qui ambitionne d’en saisir l’ensemble.
D’où la présence de Gregory Porter par exemple, bien éloigné à mes yeux (et mes oreilles) de ce que j’attends d’un chanteur de blues ou de jazz.

Question de goût et Soul Bag regorge tout de même d’informations de qualité et d’articles à l’avenant. Et de belles photos, comme celles prises par Bernard Hermann à la Nouvelle Orléans.

 

(Voir en page 10 de ce numéro de FB la présentation du livre "Bons Temps Roulés". Bernard Hermann.  Éditions Albin Michel.)

 

BLUES MAGAZINE

Blues Magazine met en couverture un artiste noir. Ce n’est pas si fréquent. Félicitons nous de cette mise en valeur d’un des Bluesmen qui comptent sur la scène actuelle : Joe Louis Walker.

 

Dans son interview, Walker exprime très clairement le souci qu’il partage avec une large majorité de ses confrères  : aller au-delà du public blues, voire de la communauté africaine-américaine pour toucher le public jeune.
La lecture de cet entretien est très édifiante pour ceux qui veulent comprendre l’évolution de notre scène musicale de prédilection.
Le poids des réalités économiques parvient peu à peu à éradiquer ce qui fut un grand moment musical.
Ce n’est pas nouveau. Il y a bien des années, Blues Unlimited avait publié une interview de B.B. par un sociologue.
B.B. y exprimait sa joie d’approcher un nouveau public et d’échapper au destin d’un musicien réduit à sa communauté. Il y développait une argumentation navrante pour les amoureux du blues originel mais compréhensible pour le chef d’entreprise qu’était B.B.King qui avait des bouches à nourrir…

 

J’ai bien aimé l’histoire des disques King. Lecture indispensable pour connaître un  label qui fut un acteur majeur du développement du Blues, du R&B et de la Country.
J’ai bien aimé la chronique de l’anthologie Frémeaux RACE RECORDS 1942-1955, par Patrick Dallongeville. Il y a des choses qui font plaisir à lire.

 

 

 

Et les Webzines ? On remplirait un solide bouquin s’il fallait parler de tous… C’est qu’il y en a pas mal, mais qui ne durent pas forcément très longtemps.
Je vais vous dire quelques mots d’un confrère finlandais

Blueswebzine, tel est son titre qui, s’il ne brille pas par l’originalité a le mérite de la clarté. J’avoue que je l’ai découvert un peu par hasard au détour de mes déambulations sur la toile. Article surprenant sur le Blues et la Terre Sainte débutant avec une évocation de Mezz Mezrow…

La chasse aux fanzines est passionnante et nous fait souvent découvrir des trucs inattendus.
Et le plus souvent, ces petits media sont in-dé-pen-dants… Une qualité qui tend à devenir rare.
Profitons donc de ce qui nous est offert.

 

André Fanelli

 

www.absmag.fr

www.soulbag.frwww.bluesmagazine.net