N°18
AVRIL . MAI . JUIN 2016
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REPORTAGES & BRÈVES
1. EXPOSITION "EXHIBITIONISM" THE ROLLING STONES. Du 5 avril au 4 septembre 2016. Par Jean-Louis Guinochet.
2. 6ème EUROPEAN BLUES CHALLENGE à TORRITA DI SIENA. ITALIE. Les 7, 8 & 9 avril 2016. Par Richard Nivet.
EXHIBITIONISM
THE ROLLING STONES
Par Jean-Louis Guinochet
Des images, des souvenirs ravivés et des émotions se bousculent encore dans ma tête. Je rentre de Londres où j’ai passé une journée dans les murs de la Saatchi Gallery (1) qui
présente la plus vaste exposition jamais consacrée aux papys du rock dont Ron Wood, à 68 ans, est le benjamin.
Pour les amateurs de blues que nous sommes, nous ne pouvons qu'être admiratifs de ce groupe icônique et phénomène de société, dont la genèse fut le blues, toujours présent après cinq décennies a
marquer et séduire des générations.
Presque 55 ans de carrière pour le groupe le plus endurant du monde qui a débuté avec des reprises de la plupart des grands standards du blues et qui vient de mettre aujourd’hui le feu à Cuba avec sa musique pop-rock toujours actuelle.
Avaient-ils besoin d’une telle rétrospective ?
Au delà de la musique, pour m’être promené de salle en salle avec impatience et jubilation, pour m'être plongé dans les archives du groupe avec curiosité, étonnement et délectation, je peux vous
dire qu’assurément oui !
En tout cas pour le public c’est une évidence.
550 objets rares présentés par thème dans neuf salles sur deux étages de presque 2000 mètres carrés au total. Prêtés par les Rolling Stones ou tirés de la "Collection of the Rolling Stones Archives" , des guitares et instruments rares, des photos et films inédits, des costumes de scène emblématiques, des contrats, des courriers et carnets intimes, des vidéos, des cahiers de chansons, des maquettes de pochettes d’album, des dessins et des maquettes en volume des scénographies de tournées, des affiches originales…tout est là !
En prime, la reconstitution minutieuse et hyperréaliste de leur tout premier appartement commun de Chelsea que Keith Richards avait déjà décrit dans son livre « Life »(2), et que nous découvrons ici «grandeur nature» dans les moindres détails, un deux pièces crasseux où traînent des LP Chess de Muddy Waters et d’Howlin’Wolf parmi une chaises cassée, deux lits, un fauteuil éventré, de la vaisselle sale et des monceaux de mégots, nous immergent dans une réalité impressionnante.
Il en va de même pour la reconstitution de l’Olympic studio de Londres traité avec le même souci du détail, où le groupe a enregistré son tout premier single "Comme On" et six autres albums par
la suite, qui nous montre la disposition du matériel d’époque avec entre autres "la" Les Paul Custom 1957 de Keith qui précise :
"Bien que ce soit sur les Rolling Stones, ce n'est pas uniquement sur les membres du groupe, c'est aussi l'attirail et les équipements technologiques associés au groupe, ainsi que sur les
instruments qui nous sont passés entre les mains au fil du temps, qui font le véritable intérêt de cette exposition ».
Une salle est donc réservée aux guitares où nous découvrons les fameuses « cinq cordes », la Fender Telecaster 1972 à laquelle Keith avait fait supprimer la corde Mi grave (dans la 2ème vitrine sur la photo en partant de la gauche) et la Ted Newman Jones Custom dark wood 1971 à laquelle la corde Mi aigu est supprimé.
Une autre salle est consacrée aux costumes dont beaucoup sont dessinés par les plus grands couturiers en vogue des moments, et à ce propos il est important de préciser que l’exposition souligne l’interaction de toutes les formes artistiques qui ont entourées les Rolling Stones : la mode, le cinéma, la peinture, les arts graphiques ou le design.
Nous terminons cette immersion en passant par la reconstitution d’un backstage qui témoigne avec quel soin le matériel et particulièrement les guitares étaient transportées avant d'être conduit dans une salle de projection où, munis de lunettes 3D, nous sommes bousculés par Mick Jagger et Keith Richards qui jaillissent d’un écran géant en chantant "I Can’t Get No Satisfaction », un grand moment d’émotion.
Nous devons ce résultat à Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood qui ont participé à l’élaboration de cette exposition durant trois ans, aux côtés de Tony Cochrane et Thea Jeanes-Cochrane, directeurs de iEC Exhibitions et producteurs de Exhibitionism, un jeu de mots entre «exhibition» signifiant «exposition» en anglais et la tendance naturelle des Stones au «tout est possible».
Donc, si "tout est possible", si vous en avez l’envie, les moyens et le temps, n’hésitez pas à y faire un saut, c’est le moment, c’est jusqu’au 4 septembre 2016. Ensuite l’exposition tournera pendant quatre années dans le monde entier, onze villes dont New York, Los Angeles ou Tokyo. On ne nous parle pas de Paris, Londres étant certainement la seule ville européenne à l'accueillir.
Jean-Louis Guinochet
Photos et vidéos étant interdites durant l'exposition, les photos ci-dessus proviennent du net.
(1). Installée dans un ancien bâtiment militaire, la Saatchi Gallery est à la pointe de l’art contemporain. Les expositions sont
généralement d’excellente qualité, et on y fait de très belle découvertes. Si Charles Saatchi a fait fortune dans la publicité et comme conseiller de Margaret Thatcher, il est aujourd’hui le
grand mécène de l’art contemporain britannique, et il le prouve avec chaque nouvelle exposition.
Guide Le Routard 2016. Éditions Hachette. page 186.
(2). « Les Rolling Stones ont passé la première année de leur existence à essayer de rester au sec, à voler de la bouffe et à répéter. Ça coûtait, d’être les
Rolling Stones. L’appart où on vivait, Mick, Brian et moi, au 102 Edith Grove à Fulham, était vraiment répugnant, et pour nous c’était presque une activité professionnelle d’aggraver encore son
état, mais de toute façon, on n’avait pas les moyen de l’arranger. On y a posé nos sacs à l’été 1962 et on est restés un an, survivant à l’hiver le plus froid depuis 1740. Les quelques shillings
qu’on glissait dans le compteur pour avoir un peu de chaleur, du gaz et de l’électricité n’étaient pas faciles à dénicher. Il y avait deux lits, des matelas à même le sol, pas de meubles
pour ainsi dire, et un tapis usé jusqu’à la corde. On ne décidait jamais à l’avance qui dormirait où, et ce n’était pas très important parce qu’on finissait en général par se réveiller tous les
trois par terre, à côté de l’énorme meuble radio-tourne-disque que Brian avait apporté avec lui, superbe prouesse technologique des années 50.»
Keith Richards. Life. Éditions Les Inrockuptibles. Page 135-136.
6è EUROPEAN BLUES CHALLENGE
TORRITA DI SIENA. ITALIE
Par Richard Nivet. Photos Jean-Michel Rock'n Blues
Torrita di Siena, petite ville toscane d’environ 8000 âmes, est devenue la capitale européenne du blues durant quelques jours.
Mon hôtel n’est pas à proximité, qu’importe, Il fait beau, la campagne est agréable.
La ville "connait la musique". Elle accueille tous les ans le Festival Torrita Blues qui aura lieu cette année les 23, 24 et 25 juin.
JEUDI 7 AVRIL
Une première soirée conviviale, « Gran Gala’del Blues », est réservée au gratin international du blues italien que
Carlo Massarini,
habitué des shows télévisés, présentera avec sa verve habituelle.
Les meilleurs groupes nationaux se succéderont, avec au passage les incontournables
Luca Giordano, Gennaro Porcelli, Fabrizio Poggi ou Linda Valori.
C’est Nick Becattinni à la guitare et le house band qui ouvre la soirée, suivi par Luca Giordano et Gennaro Pocelli, tous les deux toujours superbes dans leurs chorus. Marco Landolfi poursuivra avec sa guitare et son habituel porte harmonica, puis Mike Sponza.
Ensuite, la prestation de Fabrizio Poggi sera particulièrement remarquée. Histoire de prouver que sa réputation acquise aux E.U n’est pas usurpée, il a tout donné.
Maurizio Gnola et sa virtuosité aura plus de mal à s’imposer. C’est donc Angelo Leadbelly Rossi qui fera remonter les émotions, puis la voix de la grande Linda Valori et la guitare de Maurizio Pugno.
Nous terminerons la soirée avec les chants italiens du beau patriarche Mario Insenga et la guitare de Tolo Marton avant un boeuf final sur l’incontournable "Sweet Home Chicago ».
VENDREDI 8 AVRIL
Les deux soirées seront présentées par Veronica Sbergia, gagnante de l’European Blues Challenge 2013 à Toulouse.
Onze groupes vont se succéder sans relâche.
Nous découvrirons très vite l'organisation impeccable des changements de plateaux.
Jusqu’à la fin, le son restera bon et les lumières agréables.
Le spectacle est retransmis en direct sur grand écran pour une plus grande visibilité du public.
1
POLOGNE. BLUES JUNKERS
La chanteuse Natalia Abłamowicz apporte toute la personnalité à ce groupe que le pianiste-harmoniciste Dominik Abłamowicz et le guitariste Maciek Sych soutiennent avec efficacité. Grzesiek Zawilińsk est à la batterie.
2
BULGARIE. BLUESTREAM
Miroslav Naydenov à la guitare attaque plutôt du côté blues rock, d’autant que la section rythmique avec Nikolay Bakalov à la
batterie et Venci Pavlov à la basse basse envoie vraiment du lourd, incitant Miroslav à jouer les virtuoses.
3
ROYAUME UNI. RED BUTLER
Jane Chloe Pearce, la deuxième chanteuse de la soirée, va faire tout ce qu’elle peut pour exciter une salle encore loin d’être pleine, et le son monte en puissance avec Alex Butler à la guitare, Mike Topp à la basse et Charlie Simpson à la batterie.
4
ESTONIE. TANEL PADAR BLUES BAND
Nous avons Raul Ukareda à la guitare, Ülo Krigul au Hammond, Argo Toomel à la basse et Kristjan Kallas à la batterie pour accompagner le chanteur Tanel Radar dans un répertoire Blues-Soul-R’n’B.
C’est bien fait et plutôt réussi.
5
FRANCE. GAS BLUES BAND
Gaspard "Gas" Ossikian attaque le set par un instrumental bien ficelé, suivi par des morceaux où la voix sera présente et les guitares de Gas et Pierre Cayla bien mises en avant. Yannick Urbani assure à la batterie.
6
SLOVAQUIE. JURAJ SCHWEIGERT & The Groove Time
Le band est emmené par Juraj Schweigert pour une prestation légèrement éloignée du blues.
C'est agréable, le guitariste et le contrebassiste qui l'accompagnent apportent une belle musicalité.
7
DANEMARK. CHRISTIAN BUNDGAARD TRIO
Christian Bundgaard, James Harmen et Junior Watson, c'est un piano droit, un tuba et une batterie.
C'est plus du boogie woogie bastringue énergique que du blues mais c'est agréablement fait.
8
HONGRIE. MOJO WORKINGS
Très belle et subtile prestation exécutée avec peu de moyen par les Hongrois du Mojo Workings. Nous avons János Horváth au chant, à la
guitare et au diddeley bow , Tamás Szabó au chant et à l'harmonica, Csaba Pengő à la contrebasse.
9
SUISSE. JOHNNY FONTANE & The Rivals
Les quatre suisses ont un professionnalisme évident que Tom Marcozzi au chant et la guitare, Lukas Zürcher à la batterie,
Philipp Lüdi aux claviers et Christian Spahni à la basse font tourner avec beaucoup bonheur.
10
SUÉDE. IDA BANG & The Blue Tears
Soutenue par deux très belles guitares, la suédoise Ida Bang a des ressources qui volent du blues au rhythm’n’blues en passant par le blues rock. C’est personnel et inventif.
11
LETTONIE. JOHNNY B BEAST
Seul avec sa cigare box et son footstomping, Johnny B Beast terminera la soirée en chantant de sa bonne voix des morceaux roots que le public délaisse bien à tord après s’être repu de sons fortement électrifiés.
SAMEDI 9 AVRIL
Un tour au traditionnel Blues Market pour découvrir des stands qui témoignent, si besoin est,
de la bonne santé du blues européen.
Une bonne et joyeuse ambiance s'est installée avant le début de la seconde soirée
et certains impatients, sûrs de leur intuition, parient déjà sur de futurs résultats.
Cette longue soirée leur donnera t-elle raison ?
12
BELGIQUE. TINY LEGS TIM
Exercice difficile que d'ouvrir devant un public aussi clairsemé.
Tiny Legs Tim s'en sort bien.
Les retardataires se seront privés du niveau exceptionnel de l'harmoniciste Steven Troch.
Tant pis pour eux !
13
FINLANDE. LENA & The Slide Brothers
La chanteuse et bassiste Lena ne manque pas d'atouts pour séduire d'une voix puissante le public
qui commence à remplir doucement la salle. Le guitariste, à la slide, en fait beaucoup !..Trop ?
14
AUTRICHE. ULRICH ELLISON & TRIBE
Le trio d'Ulrich Ellison pratique un blues rock bruyant, ça envoie sans pour autant me convaincre plus que ça !
15
ITALIE. PAUL VENTURY & The Junker
Une belle prestation pour les italiens qui jouent à domicile.
L' ambiance barrelhouse que propose Paul Ventury avec piano droit et contrebasse n'est pas forcement comprise par un public qui décidément semble n'être venu que pour du gros son électrique.
16
NORVÈGE. ERIC »SLIM» ZAHL & The South West Swingers
À l'évidence le dynamisme de ces nordistes peut faire la différence.
Les deux leaders, Eric"Slim" Zahl, chant et guitare, et "Boogiemen" Undem au piano vont enflammer le public qui adore !
17
ESPAGNE. WAX & Boogie Rhythm Combo
Une chanteuse élégante et puissante, un saxophoniste inspiré, un pianiste talentueux, un contrebassiste qui swingue...
Cette formation nous apportera beaucoup de plaisir.
18
PORTUGAL. BUDDA POWER BLUES
Pour sa première participation à l'European Blues Challenge le Portugal se défend bien.
Budda au chant et guitare, Piedro Fierrera à la basse et Nico à la batterie et leur gros son vont faire vibrer
la salle d'une musique qui dépote !
19
ALLEMAGNE. WEELBAD
Lors des derniers challenges, l' Allemagne nous avait habitué à une autre musique.
C'est créatif et bien fait, mais est-ce suffisant ?
Personnellement j'aime cette musique.
20
PAYS BAS. PHIL BEE’S FREEDOM
Joli cocktail de blues, rock et rhythm'n'blues.
C'est l'orgue hammond de l'excellent Pascal Lanslots qui signera finalement cette prestation.
21
CROATIE. ZAMBA
C'est donc à la Croatie de conclure, ce qu'elle fait avec beaucoup de puissance physique et sonore.
Il est dommage que le groupe qui clôture la fête ne soit pas plus blues, c'est le hasard de la programmation.
AND THE WINNER IS...
Comme chaque année, en attendant les résultats des votes du jury, des personnalités du blues se verront attribuer un
Blues Behind The Scene Award
pour récompenser leur engagement dans la promotion cette musique.
2016 distingue Andrzej Matysik (média), Miikka Porkka (promoteur) et Hannes Anring (production).
L'heure a enfin sonné pour les résultats
La première marche du podium revient à
ERIC "SLIM" ZAHL And The South West Swingers
pour la Norvège.
suivi par
PHIL BEE'S FREEDOM pour les Pays Bas
et de
WELL BAD pour l'Allemagne
Il est bien tard, les organisateurs laisseront toutefois les groupes gagnants terminer ensemble sur scène pour la joie de tous.
MERCI À LA TOSCANE
RENDEZ-VOUS L'ANNÉE PROCHAINE À HORSENS AU DANEMARK
Par Richard Nivet. Photos Jean-Michel Rock'nBlues
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