N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS  2016

 

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REPORTAGES & BRÈVES

1. INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE. 32ème Édition. Memphis. USA. Par Gilbert Béreau.

2. LE MARINE BAND CLUB AU COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). LA DER. Par Gilbert Béreau.

3. BLUES IN VINILE. Pienza en Toscane (Italie). Par  André Fanelli.

4. BLUES AU SECOURS POP FESTIVAL. COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33). Par Gilbert Béreau.


 

INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE

32ème ÉDITION. DU 26 au 30 janvier 2016 à MEMPHIS.

Par Gilbert Béreau

 

 

Organisé par la 'Blues Foundation', il s'agit de la plus importante affiche de blues au monde puisqu'entre les participants aux différents concours et les spectacles associés, plus de 250 artistes ou groupes escaladent la grosse vingtaine de scènes accueillant l'évènement. Booster de carrière, cette compétition est fréquentée par beaucoup de jeunes musiciens de blues qui espèrent que l'IBC sera un tremplin vers une reconnaissance par un large public ; mais pas que … on y rencontre aussi bien des artistes dont la carrière est déjà largement établie.

 

 

Cette année, la 'Blues Foundation organisait son 32eme IBC, et accueillait 213 participants répartis en 119 groupes et 94 solos/duos ; globalement un peu moins que l'an dernier, mais avec un peu plus de groupes.
Après les prestations d'échauffement du 26 janvier, les éliminatoires, appelées quarts de finale, se sont déroulés les 27 et 28 janvier dans 20 établissements de 'Beale street' dont 12 étaient dédiés aux groupes et 8 aux solos/duos. 'Feeling Blues' vous avait décrit un déroulement type lors de la précédente édition, faisons rapidement un rappel pour les retardataires.

Durant ces quarts-de-finale, chaque artiste ou groupe était attaché à un lieu et les deux soirées le verront monter sur la même scène ; par contre, l'ordre de passage était bouleversé d'un jour à l'autre. Chaque set ne devait pas excéder 25 mn sous peine de pénalisation pour dépassement et deux prestations étaient séparées par 5 mn pour les 'solos/duos' et 10 mn pour les groupes. C'est un jury de 3 personnes qui attribuait des points en jugeant la qualité du blues, le chant, le talent, l'originalité et la présence sur scène. La composition des jurys était différente lors de chacune des deux journées et les résultats des deux soirées étaient considérés pour une sélection en demi-finales. Après calculs et délibérations, les résultats ont été annoncés dans chaque établissement où quatre élus ont eu la joie d'être retenus. Restaient donc 80 sélectionnés après ce premier écrémage.

Le lendemain, 29 janvier, tout ce beau monde se remettait en piste pour les demi-finales avec, cette fois, des sets pouvant durer jusqu'à 30 mn. Les 80 rescapés se partageaient en 48 groupes et 32 solos/duos qui étaient respectivement accueillis par 8 et 4 sites de Beale street. La répartition donnait donc six groupes par site et huit solos/duos par établissement. A l'issue des prestations les résultats étaient annoncés sur place avec un seul élu pour chacune des scènes accueillant les groupe et avec deux sélectionnés par lieu présentant les 'solos/duos'. La finale regroupait donc 16 rescapés répartis en 8 solos/duos et 8 groupes.
 

En ce samedi 30 janvier, c'est à l'Orpheum Theatre et à midi que démarrait ce dernier round, soit une heure vraiment peu raisonnable pour des musiciens !!! Ils monteront en scène de manière alternée, un candidat solo/duo succédant à un compétiteur en catégorie groupe et ainsi de suite ; les jurés étaient bien sûr différents pour chacune des catégories.

France Blues présentait la formation nantaise des 'Bad Mules' dans la catégorie 'groupe' et le musicien lyonnais 'They call me Rico' dans la catégorie 'solo/duo' tandis que l'album 'Ngueme & Smiling Blues' de Roland Tchakounte concourait pour le 'meilleur CD autoproduit'.

Nos amis nantais effectuèrent leur quart de finale chez Alfred's et n'ont malheureusement pas réussi à s'extraire pour les demies-finales. Il faut dire que lors du premier round des quarts, ils passèrent tôt dans l'après-midi … pas une situation idéale, même s'il en faut bien un pour attaquer.

 

 

Robert Mauries et Fred Delforge.
Robert Mauries et Fred Delforge.

They call me Rico' a parfaitement réussi son quart au Mr. Handy's Blues Hall avant que de chuter en demi-finale.
Consolation pour les français, le vendredi 29 eut lieu la remise des prix 'Keep the Blues Alive' à, et par ordre alphabétique, Fred Delforge (Zicazic) et Robert Mauries (festival de blues de Cahors).

And now … the winner is …


Dans la catégorie 'groupes' :

 

The Delgado Brothers Band.
The Delgado Brothers Band.

1. The Delgado Brothers Band représentant la 'Ventura County Blues Society' (Ventura se situe à mi-chemin entre Santa Barbara et Malibu).
Le groupe est constitué de Bob Delgado (frère ainé et bassiste) du cadet Joey D au chant et à la guitare, du benjamin Steve à la batterie et de David “B” Kelley derrière l'Hammond B3.
Site du groupe : http://www.delgadobrothers.com/
A Memphis durant l'IBC : https://www.youtube.com/watch?v=kPfVaVvrUa4
Au printemps dernier : https://www.youtube.com/watch?v=P_a4dGqZMhc
Ecoute de quelques titres : https://www.reverbnation.com/delgadobrothers/songs

 

 

 

 

The Paul DesLauriers Band.
The Paul DesLauriers Band.

2. The Paul DesLauriers Band représentant la 'Montreal Blues Society'
Il s'agit d'un trio composé Paul DesLauriers (guitare et chant) entouré de Greg Morency (basse) et de Sam Harrisson (batterie).
Site du groupe : http://www.pauldeslauriersband.com/
Vidéo officielle de promo : https://www.youtube.com/watch?v=YNiyEWaqSPw#t=13
Extrait de concert mi-janvier : https://www.youtube.com/watch?v=8KRN5moaqVQ

 

Paul Deslaurier. Comptoir du Jazz à Bordeaux 2012. Photo Jean-Pierre Vinel.
Paul Deslaurier. Comptoir du Jazz à Bordeaux 2012. Photo Jean-Pierre Vinel.

Note personnelle : je me rappelle avoir vu plusieurs fois Paul lorsqu'il se produisait en duo avec la chanteuse Dawn Tyler Watson et je conserve le souvenir d'un magnifique faiseur de musique à la guitare et d'un homme charmant et joyeux.

 

 

 

 

 

 

The Norman Jackson Band.
The Norman Jackson Band.

3. The Norman Jackson Band représentant la 'Lake of the Ozarks Blues Society' (le lac Ozarks est situé dans le Missouri, à mi-chemin et un peu au sud d'une ligne St Louis – Kansas City).
Le groupe se compose de Norman Jackson (guitare et chant), de Rick Shortt (sax), Danny Williams (basse) et Ron Brown (batterie)
Site du groupe : http://thenormanjacksonband.com/
En début d'année : https://www.youtube.com/watch?v=RwlpvsnHNTM
Il y a environ un an : https://www.youtube.com/watch?v=LZc-9dLDaYc
Ecoute de quelques titres : https://www.reverbnation.com/thenormanjacksonband417/songs

 

The Norman Jackson Band à l'IBC. 2016.
The Norman Jackson Band à l'IBC. 2016.

 

 

Dans la catégorie 'Solo/duo' :

 

Ben Hunter & Joe Seamons.
Ben Hunter & Joe Seamons.

1. Ben Hunter & Joe Seamons présentés par la 'Washington Blues Society' (de l'état de Washington).
Le premier joue essentiellement du violon et le second du banjo et de la guitare.
Site du duo : http://www.benjoemusic.com/
A l'automne dernier : https://www.youtube.com/watch?v=MWR-0dhOcbk
Il y a environ un an : https://www.youtube.com/watch?v=2fmdBx7RVz4
Même époque, avec Dom Flemons (ex Carolina Chocolate Drops) :
https://www.youtube.com/watch?v=MIbQz_ubShQ
Ecoute de quelques titres : https://www.reverbnation.com/rhapsodyproject/songs

 

 

 

 

 

  Sam Sheperd et Genene Blackwell.
Sam Sheperd et Genene Blackwell.

2. InnerVision présenté par la 'Columbus Blues Alliance' (association de l'Ohio)
Il s'agit d'un duo mixte de non-voyants ; elle est Genene Blackwell, noire et pianiste, il s'appelle Sam Sheperd, blanc, chanteur, harmoniciste et guitariste.
Site du duo : http://www.innervisionmusic.com/home.html
À l'enregistrement : https://vimeo.com/148575078
"You Have Loved Me Through It All" :  https://www.youtube.com/watch?v=HuQ_4WaxOIc#t=16
"Hallelujah" : https://www.youtube.com/watch?v=WchHYiDHXAg

 

 

Récompenses individuelles d'instrumentistes :

 

InnerVision.
InnerVision.

1. Le prix des harmonicas Lee Oskar est attribué à : InnerVision  via Sam Sheperd
(Second dans la catégorie 'solo/duo' - voir ci-dessus)

2. Le prix 'Gibson Guitar' (groupe) va à Joey Delgado member de 'The Delgado Brothers Band'
(Gagnant de la catégorie 'groupe' - voir ci-dessus)

 

 

 

Bing Futch à l'IBC.  Photo Paul M Gettleman.
Bing Futch à l'IBC. Photo Paul M Gettleman.

3. Le prix 'St. Blues Guitar'  (solo/duo) : Bing Futch présenté par la 'Orange Blossom Blues Society' (association du centre Floride). Chanteur, multi-instrumentiste mais essentiellement joueur de dulcimer.
Site de l'artiste : http://www.bingfutch.com/
A Memphis durant l'IBC : https://www.youtube.com/watch?v=Qa7Guco7l_U
En concert avec son dulcimer en début d'année : https://www.youtube.com/watch?v=788OMKK66k8
Ecoute de quelques titres : https://www.reverbnation.com/bingfutch/song/23311013-sweet-river

Meilleur CD autoproduit :

28 albums avaient réussi à passer un premier écrémage, dont celui de Roland Tchakounte. Il n'a pu se glisser parmi les cinq finalistes retenus et le trophée a couronné :

 

 

CD de Rob Lumbar.
CD de Rob Lumbar.

"Blues in a Bottle" de Rob Lumbard
Site de l'artiste : http://roblumbard.com/music-1/
Remise du prix à l'IBC : https://www.youtube.com/watch?v=yxDO7_cGRWk
En 2014, reprise de John Lee Hooker : https://www.youtube.com/watch?v=MVCUa_gCuTc

Rob Lumbart.
Rob Lumbart.

 

 

 Jeunes pousses :

Comme chaque année, l'organisation avait ouvert une vitrine afin de présenter des talents de moins de 21 ans à l'attention des médias, labels, représentants des festivals, et autres professionnels. Comme les séniors, ces jeunes devaient être présentés par une association de blues affiliée à la 'Blues Foundation'.
Les prestations ont eu lieu le vendredi 29 janvier en ouverture des demi-finales et dans les mêmes lieux. On a compté 41 participants, soit 30 dans les 8 sites qui accueillaient les demi-finales des groupes et 11 dans les 4 sites réservés aux 'solos/duos.
A l'exception d'un trio australien et d'un jeune canadien, les participants étaient présentés par des sociétés de blues US,  j'ai été surpris de noter une très faible proportion d'artistes noirs !!! Font-ils tous du rap, hip hop ou ce que les radios nomment R&B et qui n'a plus rien à voir avec le Rythm and Blues ???

Une seule des statuettes distribuées durant cet évènement majeur du Blues sortira du territoire US. Elle n'ira pas bien loin puisque sa destination finale est Montréal grâce à Paul Deslauriers, notre ami québécois.
Regardez bien ces nouvelles têtes, écoutez bien leur travail car il est probable que vous les applaudirez bientôt lors de tournées en France et en Europe. Ainsi, Selwyn Birchwood, vainqueur en 2013 dans la catégorie 'Groupe', qui est souvent dans notre pays et qui a même ouvert les dernières 'Cognac Blues Passions'. Egalement Eddie Cotton Jr, précédent gagnant de la catégorie 'Groupe' et qui fera partie du prochain, et 47eme, 'Chicago Blues Festival Tour' où il rejoindra Grady Champion, harmoniciste vainqueur de la même catégorie en 2010

Gilbert Béreau

 


LE MARINE BAND CLUB AU COMPTOIR DU JAZZ

BORDEAUX (33)

LA DER

Il y a déjà un certain temps que l'épée était suspendue et menaçait ce lien qui unissait depuis plus de 15 ans, l'association 'Marine Band Club' au 'Comptoir du Jazz' pour l'organisation d'une jam-session gratuite chaque mardi soir (voir n°14-p7). Fin novembre on a su que la fin de ce compagnonnage était proche, qu'elle coïnciderait avec la nouvelle année et ce, après un dernier passage de chacun des 5 groupes différents qui animaient ces bœufs. Là ! Dès la semaine suivante, changement de cap et on annonça la dernière !

 

Notre propos n'est pas de chercher des responsabilités ou, à postériori, de délirer sur ce qui aurait pu être fait en tablant sur des conséquences difficilement imaginables. Il était patent depuis longtemps que ces soirées n'étaient plus rentables pour l'établissement hôte et donc, qui pourrait se permettre de maintenir une activité à perte ? Si, en ces périodes économiquement difficiles, la consommation au bar ne couvrait plus les frais, fallait-il augmenter les tarifs ? Ou bien fallait-il instituer un prix d'entrée minime pour un évènement gratos depuis plus de quinze ans ? On entendra divers avis, mais bien malin celui qui peut prétendre connaître les conséquences de telle ou telle action à une époque où beaucoup de gens serrent leurs budgets et où d'autres, mais aussi parfois les mêmes, n'envisagent plus qu'une fallacieuse économie de la gratuité.

Donc ce 8 décembre, les dés étaient jetés, le résultat n'était pas un lot gagnant et nous allions assister à la dernière jam-session hebdomadaire du 'Marine Band Club' au 'Comptoir du Jazz'. Les réseaux sociaux et les boites mail avaient fortement chauffé au fur et à mesure qu'avançait la journée et dès le début de soirée les habitués refaisaient le monde sur le trottoir tandis que pendant ce temps, se profilaient les silhouettes de quantité de musiciens, tant professionnels qu'amateurs, n'ayant pas d'engagements ce soir-là.

                                                                                              Le trio de base et les amateurs.

 

L'animation du bœuf de ce soir devait être confiée à Anthony Stelmaszack à la guitare, assisté de Nicolas Dubouchet à la contrebasse et de Yann Vicaire derrière les fûts. S'ils jouèrent bien ensemble pour démarrer les hostilités de début de soirée, les rangs extrêmement serrés de musiciens présents obligèrent à des compositions variées et hasardeuses de plateaux pour que tous puissent passer en scène sans qu'il y ait nécessité d'aller jusqu'au bout de la nuit.

Les pros

 

Même des musiciens qui ne participaient que très rarement aux jam-sessions du mardi étaient venus pour apporter leur soutien à une institution qui faisait à la fois le bonheur des amateurs régionaux et la fierté des musiciens de l'association. C'est ainsi qu'il fallut attendre le milieu de la nuit, très exactement 2:30, pour que tout ce beau monde ait eu l'occasion de jouer au moins une fois et encore, ne suis-je pas certain que quelques timides ne se soient discrètement esbignés, vaincus par la fatigue ou la perspective du lendemain!

La salle et le public.

 

 

Une grande soirée du Blues et de l'Amitié, telle que nous souhaitons en vivre beaucoup d'autres car tous les habitués comptent voir le Phoenix renaître de ses cendres. Les afficionados présents tournaient autour de Jean-Louis Fernandez, harmoniciste-chanteur et président de l'association 'Marine Band Club', pour savoir s'il s'était déjà mis sur la piste d'un nouveau  lieu où se replier. Avait-il noué des contacts ? Avait-il des idées précises ? Autant de questionnements qui montraient bien que dès ce soir la douleur du manque était déjà présente chez les drogués de la musique que nous sommes ! Alors, sans aucune précipitation mauvaise conseillère, que le prochain rendez-vous soit le plus tôt possible …

 

 

Gibert Béreau. Photos de Jean-Pierre Vinel.


       BLUES IN VINILE

L'Italie compte bon nombre de chanteurs et instrumentistes de blues et figure certainement dans les premiers rangs au niveau européen pour tout ce qui touche à cette musique.
C'est par hasard, en me promenant dans le Sud de la Toscane, à Pienza, que j'ai remarqué à la devanture d'une minuscule maison de la presse, un LP qui a attiré mon attention.
Un superbe 30 cm : le Hard Road de John Mayall. Des séances importantes qui ont orienté le goût de milliers de teen-agers vers le Blues et le Rhythm And Blues.

J'ai donc acheté le disque et j'ai ainsi découvert qu'il s'agissait du lancement d'une collection qui verrait, tous les 15 jours je crois, la publication de toute une série de rééditions...
Étaient ainsi annoncés des disques de B.B.King, Muddy Waters, Albert Collins, Canned Heat et autres. Le tout agrémenté de notices bien présentées.


Si vous voulez en savoir d'avantage allez faire un tour sur     www.deagostini.com

André Fanelli.


 

DU BLUES AU SECOURS POP FESTIVAL

COMPTOIR DU JAZZ. Bordeaux (33) Le 19 Décembre 2015

 

Ce samedi 19 décembre fût l'occasion de voir revenir au 'Comptoir du Jazz' une partie des musiciens et autres habitués des feues jam-sessions hebdomadaires du 'Marine Band Club'. Et pour cause puisqu'il s'agissait de répondre à l'appel de Lonj qui, depuis huit ans, organise une soirée destinée à collecter des fonds afin d'aider le 'Secours Populaire' pour les fêtes de fin d'année des défavorisés. Outre le côté caritatif, c'est aussi un évènement tout à fait festif puisque toujours callé quelques jours avant Noël.

 

 

Les premiers à s'installer sur la scène furent Pierre et Vincent, les deux composantes du duo 'The Famous Rogues'. Pierre est un harmoniciste qui a souvent participé, il y a quelques années, aux jam-sessions tenues ici même ; Vincent, quant à lui, chante tout en taquinant dobro ou guitare et en marquant le rythme sur une grosse caisse. La paire s'est formée il y a  maintenant six ans et bien que jouant relativement souvent dans la région, ils ont gardé un statut d'amateurs … mais fortement éclairés.

The Famous Rogues. Pierre & Vincent.
The Famous Rogues. Pierre & Vincent.
Vincent
Vincent
Pierre
Pierre


Ils nous annoncent un répertoire de blues rural, de folk, voire d'adaptations de titres country ou français. Pour ce faire, Pierre jouera de l'harmonica le plus souvent sans ampli et Vincent utilisera deux dobros et une guitare qu'il ne branchera jamais, préférant un simple micro à hauteur de l'instrument. Et c'est avec les années 50 qu'ils attaquent et une adaptation du "You got me dizzy" de Jimmy Reed. Nous avons affaire à de bons musiciens, Vincent possède une voix et durant plus d'une heure ces deux jeunes vont nous offrir un répertoire varié qui puisera à toutes les sources de blues qui ont jailli durant le vingtième siècle. Nous entendrons de vieilles cires d'entre les deux guerres, avec entre autres "That's no way to get along" (Robert Wilkins), "My black Mama" (Son House), ou l'incontournable "Dust my broom". Un petit retour vers le milieu du siècle avec par exemple "I can't be satisfied" du grand Muddy mais aussi une reprise de la plus célèbre paire du country-blues, messieurs Sonny Terry & Brownie McGhee et c'est "Born and living with the blues" … ce jeune duo ne pouvait pas rater cela ! Depuis le premier morceau, la qualité de ces musiciens ne constitue plus une surprise ; alors, les surprises viendront de l'adaptation de titres bien français, à savoir une version folky de "L'appartement" du groupe Noir Désir et la manière bluesy dont ils traiteront le "Padam, Padam" d'une Edith Piaf qui aurait été centenaire ce jour-là. C'est sous des applaudissements nourris qu'ils ont terminé leur prestation après le "Cowgirl in the sand" de Neil Young ; nos deux compères avaient la mine réjouie, ils le méritaient bien.

 

 

Le programme est copieux, alors pas de longue pause, juste quelques minutes pour préparer le plateau et c'est le retour du quartet 'Jumpin' to the Westside'. Petit historique pour vous éviter d'aller fouiller dans vos notes, ce quatuor est formé par Alexis Evans et Thibault Ripault, tous deux guitare/chant, de Bastien Cabezon (batterie/chant) et de Lonj, le régulateur, le musicien d'expérience (basse/chant). Bien sûr les quatre compères, qui poursuivent maintenant des carrières séparées, ont séparément les honneurs des colonnes de la presse spécialisée, y compris les nôtres, mais il y avait plus de deux ans que cette formation hibernait dans la naphtaline.

Le groupe : Alexi, Bastien, Lonj et Thibault.
Le groupe : Alexi, Bastien, Lonj et Thibault.

Ce groupe avait connu une envolée spectaculaire à l'aube de cette décennie avec une victoire au podium des jeunes talents aux 'Blues Passions' de Cognac (2010), suivie de spectaculaires premières parties par exemple Candy Kane ou encore Big James et Grana Louise lors de la 19eme 'Nuit du Blues' de Léognan. Tout ceci déboucha sur une sélection par France Blues pour représenter la France dans la catégorie 'Jeunes pousses' à l'International Blues Challenge' de Memphis (2012) et l'enregistrement d'un album (No Kidding – 2011). Les retrouvailles de ce soir sont visiblement un plaisir, tant pour le public que pour eux. Les visages ont un peu mûri, mais pas encore de rides et ils sautent en scène pour un "Working in the coalmine", peut-être en hommage à Allen Toussaint disparu le mois dernier. Mais le début de set sera pour eux l'occasion de reprendre des compositions de ce fameux  CD de 2011, entre autres "I can't guess what you want", "I'm gonna leave" (Alexis) ou "Make up your mind" (Thibault).

Alexi
Alexi
Lonj
Lonj

Bastien.
Bastien.

 

Finalement, Thibault ne prendra que peu le micro pour chanter, mais assurera le plus gros de la guitare solo. Bastien, autrefois peu porté sur le chant, interprètera quatre titres parmi les plus enlevés du set, voire rock 'n' roll avec un "21 night in jail" emprunté à un groupe rockab. Lonj s'avancera en front de scène pour une vision très Chicago du vieux "What's the matter with the mill" que les bluesmen attribuent à Memphis Minnie et les amateurs de western swing à Bob Wills ; le seul point d'accord et qu'il trouve ses origines dans les 30's. Lonj reviendra un peu plus tard pour une reprise de Buffalo Spingfield et les guitares commencent à plonger dans les aigus avant une reprise des Beatles démarrée à trois voix par les jeunes puis, les volumes continueront irrémédiablement à monter lors de l'avant-dernier titre et pour mes oreilles tout devient indistinct. Un retour à la normale avec Lonj qui vient conclure avec "The kids are good" qui figure sur l'album et c'est vrai que ces jeunes ont fait leur preuves au cours des carrières individuelles qu'ils ont mené ces deux dernières années.

Alexi, les danseuses et Thibault.
Alexi, les danseuses et Thibault.
India & Zoé.
India & Zoé.

Nous avons parlé musique mais il y avait aussi le visuel ! Dès le second morceau deux superbes jeunes danseuses entrent en scène qui ont noms India et Zoé. Elles ont revêtu de magnifiques combinaisons noires très ajustées et vont danser à en perdre haleine pendant la plus grosse partie du set et ce, pour le plus grand plaisir des spectateurs déjà moins attentionnées à la musique tant la vision est plaisante. Après une courte absence, elles reviendront pour la fin de ce second acte après avoir troqué les combinaisons pour des minirobes plus ou moins pailletées … et le charme opère tout autant !

 

 

 

Jelly Roll Dubois.
Jelly Roll Dubois.

Nous sommes déjà le 20 décembre lorsque démarre une seconde très courte pause pour préparer le troisième acte de la soirée dont le héros sera Jelly Roll Dubois que Lonj traitera d'inoxydable. Et pour cause puisque ce versaillais a commencé à tâter la musique avec le R' 'n' R' et en jouant de la batterie dès sa prime adolescence; on est au début des 60's. Sa première dévotion à Chuck Berry et à Bo Diddley évoluera irrésistiblement vers le blues de Chicago grâce à l'écoute de Jimmy Reed. Ce sera alors les premiers groupe locaux dans le versaillais puis le 'Fellows Blues Band' avec son frère ainé. Une quinzaine d'années à remettre l'ouvrage sur le métier et c'est aussi l'époque des rencontres avec en particulier des pointures comme Mickey Baker ou Luther Allison. Un passage dans la région de Dreux et quelques groupes de blues plus tard, on est en 2006 et Roland s'installe en bordelais. C'est là qu'il crée le 'Gang Dubois' avec son fils Julien à la basse et Andy Martin à la batterie et on le retrouve aussi au sein du groupe 'Nola's Po'Boys' plus branché sur la musique de la Nouvelle Orléans. Outre la gratte, il est aussi technicien dans le 'home studio' installé dans sa maison du Médoc et où des musiciens locaux viennent réaliser leurs projets.

Devenu légende du blues local, Jelly Roll a le look parfait pour une soirée caritative comme celle de ce soir. Ne serait-ce le chapeau, qu'avec sa magnifique barbe bien blanche, il ferait vraiment penser à un roi mage arrivé quelques jours trop tôt. Il est à peine installé sur sa chaise et accordé que Thibault Ripault, Lonj et Bastien Cabezon sautent en scène pour l'accompagner et ça démarre avec le "Wella wella baby-la" du grand Snooks Eaglin. Et à propos de ce louisianais, notons que la prestation de Jelly Roll s'appuiera fortement sur le blues de la cité du croissant ; probablement en raison du répertoire du groupe 'Nola's Po'Boys'.

C'est ainsi que nous entendrons deux autres titres de Snooks Eaglin dont "Oh lawdy my baby" et le "Mama & papa" d'Earl King. Côté blues très urbain nous auront droit à quelques classiques tels "Early in the morning", "Mama talk to your daughter" (JB Lenoir) ou "I can tell" (Bo Diddley). Un presque R&B avec le comique "Everybody wants to go to heaven" de Don Nix et il taquinera le R' 'n' R' avec un "Red beans" très enlevé puis en terminant le "Mean old Frisco" d'Arthur Crudup  par un couplet du "That's all right" qui devait plus à Elvis qu'à Crudup. La voix est toujours là, le doigté sur le manche aussi même s'il a laissé un maximum de place à Thibault, lequel a su délivrer de bien beaux solos. La section rythmique était parfaite, ne prenait pas plus de place que nécessaire mais quand même toute cet espace.


Et puis nos danseuses sont revenues, plus jolies et plus excitées que jamais mais qui n'ont pas réussi à distraire le bluesman bien calé sur sa chaise. Il faut dire que là où beaucoup posent à leurs pieds une liste des titres écrite avec de grosses lettres, Jelly Roll, moderne, utilise une petite tablette et, si j'en crois mon expérience, il ne doit pas avoir trop de ses lunettes pour déchiffrer. Et puis, comme lors de tous ses concerts, il termine par deux titres à la lapsteel dont, bien évidemment, un d'Elmore James.

 

Trois beaux actes et la nuit est déjà bien avancée lorsqu'il faut se quitter en souhaitant que 2016 nous offre autant de belles soirées ; merci monsieur Lonj …

 

Gilbert Béreau. Photos Jean-Pierre Vinel

 


Site du duo 'Famous Rogues' : http://famous.rogues.free.fr/accueil.html
Eté 2015-"Wonderful world" instrumental : https://www.youtube.com/watch?v=b-jJ0mCl3Ls
Hiver 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=UFO1mKVkN8Q

Jumpin' to the Westside - No Kidding  (teaser) : https://www.youtube.com/watch?v=lnxAZ5Jjj-M
"I can't guess what you want" :  https://www.youtube.com/watch?v=Vp6-9ur0PQE
Léognan 11/2011 : https://www.youtube.com/watch?v=qRWqXSgbI2k


Site de Jelly Roll Dubois : http://www.jellyrolldubois.com/
Jelly Roll Blues Gang cet été à Dreux :   

https://www.youtube.com/watch?v=FOrdZYrNNUU
https://www.youtube.com/watch?v=AZpjKgec-pk
La dernière fête de la musique avec son fils Julien à la basse et Andy Martin :
https://www.youtube.com/watch?v=pNKO51yrX8I
https://www.youtube.com/watch?v=IaumMf5S7Ps4
Teaser du dernier album 'I have had my fun':

https://www.youtube.com/watch?v=ZW4OcavRtdk
Au sein du groupe Nola's Po'Boys : https://www.youtube.com/watch?v=zTdpEgNfueY