WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

    CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

  Trimestriel

     octobre / novembre / décembre  2015

 

 

    PAGE 5

 

1.  Entretien avec KATHY BOYÉ par Jean-Louis Guinochet

2.  Conversation avec SCARECROW par André Fanelli et Jean-Louis Guinochet

 


 

 

ENTRETIEN  AVEC KATHY BOYÉ
     DU GOSPEL ET DU BLUES

 


On ne présente plus Kathy Boyé qui fait partie des très rares "vraies" chanteuses de blues françaises présentes sur l'hexagone.
La sortie de son dernier album, le 5ème, "The Power Of My Shoes", est l'occasion pour elle de nous en dire un peu plus.

 



 

 Photo Alain Hiot. 2015.


 

JLG  < Bonjour Kathy !
Nous allons parler surtout de ton voyage aux États-Unis et de ton dernier album, mais avant, peux-tu nous raconter comment tu en es venue à te passionner pour le Gospel, le Blues ou la Soul ?

Kathy Boyé < D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu chanter, et chanter cette musique. Deux moments qui ont tout changé : ma maman m’emmène acheter des livres de classes.  Dans cette librairie-disquaire passait «strange fruit» chanté par Billy Holiday.  J’ai immédiatement demandé à avoir cette cassette …et quand je l’ai eu,  je n’avais pas 6 ans,  je ne savais pas ce que je chantais mais je passais mes journées à la chanter en riant ou en pleurant.  C’était déjà plus fort que moi. Le deuxième moment marquant c’est la version télévisée de Racines.  Dès que je l’ai vue et entendue,  je ne voulais chanter que ça. Cette attirance pour cette musique n’a fait qu’augmenter !

                                     À l'âge de sept ans. Photo Collection privée.

 

J’ai eu la chance que mes parents me fassent faire des études de musique, le conservatoire. … Mais après mon prix, même si le chant classique m’a beaucoup apporté,  je n’étais attirée que par toutes les formes de la «black music».
En 1993, Vocal Colors voit le jour à Toulouse mais j’avais peu d’espoir car il me semblait à cette époque qu'étant blanche, c’était un peu perdu d’avance. J’ai eu l’immense chance de rencontrer La Velle et Jerome Van Jones dans une masterclass gospel en 1997 qui repèrent ma voix et m’emportent dans leurs valises en Suisse. J’y apprends tellement avec eux, autant les chants, l’essence des textes, le côté viscéral, toujours réinventés de cette musique… et cela dans leur propre langue. Grâce à eux et leur nom,  j’ai pu commencer.  Je leur dois tant.

 

 

JLG < Tu revois La Velle depuis son installation en Suisse ?

KB < Oh oui ! Chaque fois que c’est possible nous chantons ensemble et d’ailleurs quand j’ai fait la présentation de l’album au Billy Bob’s saloon à Disney à Paris, elle était « marraine ». C’est une immense artiste doublée d’une très grande dame de cœur. Elle m’appelle sa « babydoo » et elle dit qu’elle est ma « maman de scène » et oh combien c’est vrai !! L’album «Deep Live» que nous avons fait l’année dernière n’a malheureusement pas eu beaucoup d’éclairage car j’ai beaucoup de mal à nous «promoter» mais tous ceux qui m’ont écouté ou chroniqué ont eu un retour très favorable. Quelle joie de chanter à ses côtés, car elle aussi chante le blues comme le gospel sans aucune barrière. Elle me disait souvent, chez nous le soir c’est "Baby" et le lendemain à l’église c'est "My Lord", mais ce sont les mêmes chansons !

Concert au Billy Bob's Saloon à Disney Paris pour la présentation de l'album, où La Velle était "marraine". Photo Alain Hiot. 2015.

 

 

JLG < Et Jerome Van Jones ?

KB < Pendant très longtemps dans mon esprit ils étaient complètement indissociables. Je les ais connus chantant très longtemps ensembles, et très complémentaires aussi. A l’image du groupe Psalms, qu’ils avaient créé en arrivant en Europe avec Liz Mc Comb et Greg Hunter, ils étaient juste magistraux : imaginez 4 chanteurs de folie, les 2 hommes organistes, et les 2 femmes au piano, et chacun à tour de rôle en train de chorusser tout en chantant. La Velle et Jerome ensembles c’était pareil, le son du piano blues ou jazz  avec le tempérament de feu de La Velle et en face le son du gospel (church) sur le Hammond B3 de Jerome fils de pasteur du Tabernacle de Baltimore. Lui, plus posé, plus pédagogue, m’a beaucoup appris sur les textes et les origines des chants. La Velle m’a poussé dans mes retranchements,  maintes fois sur scène elle m'a directement demandé de chanter de nouvelles chansons que je ne connaissais pas, il fallait la suivre ou improviser.

 

 

 

 

                                                               Kathy jouant de l'harmo avec Pat Thomas à Leland en Octobre 2014. Photo Nelly Blaya. 2014.

 

JLG < Depuis toujours tu t'accompagnes parfois au piano, mais aujourd'hui tu joues aussi de l'harmonica. Est-ce pour te rapprocher un peu plus du blues ?

KB > Je ne sais pas. J’aime le son de l’harmonica blues et même si ça fait cliché, j'écoutais tous les « tubes » de Muddy Waters. Plus je les écoutais, plus je me disais que l’harmonica est plutôt comme une continuité du chant , comme la suite du souffle. J’ai à la base une formation classique et lyrique. J’ai passé des années et des années à travailler des grands airs lyriques avec la démarche de rechercher la perfection et la netteté dans une certaine élégance. J’ai mis un peu plus de temps à lâcher prise à cause de ça,  je crois.  Je voulais chanter avec le même absolu que Mahalia Jackson et avec la même énergie qu'Aretha ou Big Mama Thorton, mais je sentais que je n’osais pas complètement.  En revanche, si j’écoutais les guitares ou les harmonicas,  je les dissociais de la voix humaine et j’essayais de reproduire des riffs. A un moment donné,  j’ai accepté et ai essayé de chanter de tout mon cœur et de toutes mes tripes, sans plus me préoccuper de la technique. Paradoxalement c’est là où j’ai commencé à réapprécier toutes ces grandes œuvres que j’avais étudié. Bref,  j’ai voulu jouer de l’harmonica pour mieux ressentir mon « shout » et cela me procure beaucoup de joie, je voudrais les mêler de plus en plus sur scène, vraiment comme un deuxième son de ma voix, mais j’ai encore beaucoup de travail. Pour répondre à ta question c’est peut être pour me rapprocher un peu plus du blues mais dans sa forme la plus profondément viscérale du Shout.

 Au Cahors Blues Festival. Photo Yann Charles. 2014.

 

 

JLG < Bon. Alors revenons à ton album.
Tu es partie deux mois aux États Unis. C'est le plus long voyage que tu aies fait là-bas ?

KB < J’ai la chance de partir depuis 6 ans aux Etats Unis et chaque fois je suis frappée par cette force qui se dégage des gens quand ils jouent et chantent. C’est génial, viscéral, presque animal, et ça m’a parlé, tellement.
Chaque fois que je pars aux Etats Unis,  je trouve quelque chose de plus. Cette fois, oui, j’y suis restée deux mois entiers,  au Mississipi, en Louisiane et en Arizona.  Cet album est l’expression profonde de mes racines, et à la fois un élan vers ce que j’aime, ce vers quoi je veux aller. … Ce voyage est comme un tatouage sur mon cœur, il fera toujours partie de moi, vieillira avec moi, marqué de toutes ces rencontres purement extraordinaires. Il m’a changé et un peu plus révélé ma vraie nature.  Le blues dans sa forme la plus profonde indissociable du gospel. Au Mississippi, en écoutant Jimmy Duck Holmès ou Leo Bud Welch,  j’ai enfin entendu ce shout, ce blues et ce gospel étroitement mêlés qui ne leur pose aucun problème.


                                         Au Blue Front Cafe avec Jimmy Dock Holmes. Bétonia, Mississippi. Photo Nelly Blaya. 2014.

 

Un après midi, j'étais avec Jimmy Duck dans son Blue Front Cafe. Il m'a parlé de la transmission des chants que ses parents chantaient, de cette souffrance qu’ils portaient, de la personne qui lui avait apprit ce qu’il sait et surtout qui lui a dit : "pas besoin de trop, juste la tonalité qui va à ta voix, à ton cri". J’ai enfin entendu ce qui m’attire depuis toujours, comme un chant psalmodié venant d’un autre monde, d’un autre temps. En France beaucoup de gens dissocient le gospel du blues, alors que je crois que depuis le début je fais du blues, pas forcément le blues lascif du juke joint mais celui du shout, de l’âme. Je me sers de mes émotions les plus viscérales et je chante avec mes tripes, même si elles sont blanches et du fin fond quercy blanc !

Au Blue Front Cafe de Jimmy Duck Holmes avec Mr Entertainer B. Photo Nelly Blaya. 2014.

 

J’ai l’impression d’avoir toujours fait ça mais, dans cet album, la mort d’un être cher m’a obligé à plonger encore plus profondément et paradoxalement sortir mes émotions pour mieux les supporter. Cet album est le 5ème autoproduit mais à la fois le 1er entièrement moi, c’est pour ça que je l’ai fait seule, sans mon groupe,  pour ne pas être bloqué par la pudeur, oser chanter cash et fort les émotions les plus viscérales, avec ce que l’on est, notre vécu, pas plus.., sans pour autant tout vraiment dire….  Alors oui c’est un virage,  j’ai vraiment l’impression de chanter le blues, mes états d’âmes, même si des fois je les remets dans les mains de quelque chose de plus grand; dans l’esprit de Ben Harper qui est un grand exemple il me semble.

 

 

JLG < Combien de temps as-tu consacré à la préparation de ce voyage, puis sur place à l'enregistrement ?

KB < Pour tout dire, beaucoup, car j’ai commencé à écrire certaines chansons après la mort brutale de mon père, mais comme je n’allais pas très bien je les ai laissés en suspens, sentant que ça me plongeait encore plus loin dans une mauvaise mélancolie. Puis chaque voyage me submergeait encore plus à chaque fois et l’envie de faire cet album s’est imposée.

Kathy, Robert Mauriès (Président du Cahors Blues Festival) et Regis Perdreau (Régisseur de Vocal Colors depuis 18 ans) au Kingston Mines à Chicago. Photo Nelly Blaya. 2014.

 

Robert  Mauriès du Cahors Blues Festival, lui aussi grand passionné, m’a convaincu de me lancer et m’a conseillé Phoenix car il y connaissait un studio et beaucoup d’artistes. Au culot j’ai contacté Bob Corritore en lui faisant écouter ce que j’avais déjà fait et il a accepté immédiatement. C’était la condition pour que je fasse le pas. Je souhaitais son son d’harmonica blues. Les musiciens à l’orgue Hammond, et le pedal steel proposé par le studio ont achevé de me convaincre.

Sur Beale Street à Memphis en octobre 2014. Photo Nelly Blaya.

 


Mais ce qui a été vraiment important dans ce voyage c’est tout le temps que j’ai pu passer à Chicago, à Memphis….  au Mississippi et en Louisiane particulièrement. Je me sens nourrie de tout ce que j’ai vu, entendu, fait, partagé … Ce qui est fou c’est que tout en allant à la rencontre de quelque chose qui n’est pas sensé faire partie de moi, j’avais un réel sentiment d’être là où je devais être comme si je connaissais cette vie. Sans exagérer j’ai vécu un vrai rêve, avec des choses bien et d’autres plus dures, mais comme si c’était en moi. A mon retour en France, tout n’était pas fini et,  revenue ici, les doutes m’ont assaillie car c’est la première fois que je m’étais mise à nue, musicalement, émotionnellement, des compos, des textes, des idées d’arrangements … De tout mon cœur je voulais le sortir et à la fois, une trouille pas possible d’être…jugée...en quelque sorte. Et puis inconsciemment je n’avais plus la ligne des incroyables voix des chanteurs de Vocal Colors, donc …Bref, deux ans de ma vie mais maintenant je vais mieux. Je devais le faire, vraiment, et déjà plein de compos nouvelles arrivent. Maintenant c’est fait ! Ça m’a fait du bien,  mais comme je n’arrive jamais à faire les choses à moitié ça m’a beaucoup secoué.

Messe Second true love baptist church. La Nouvelle Orleans, le 19 oct 2014 avec Craig Adams. Photo du dessous, vous pouvez remarquer la Leslie (c'est l'amplificateur de l'orgue en bois marron) accrochée au mur, ce qui est très rare !  Photos Nelly Blaya.

 

JLG < Tu en es donc revenue changée ?

KB < Ce long voyage m’a changée à jamais. Heureuse, et triste à la fois, de tout ce que j'ai découvert là bas... entre pauvreté, ségrégation, résignation, et à la fois absolu, instinct, musique, puissance. Le sud de l'Amérique m'a aidé à aller chercher au fond de moi même tant tous ceux que j'ai rencontré sont si marqués par leur histoire. Sur cette route du blues, j'ai affiné ce que je voulais aller chercher dans ma propre histoire et mes propres racines pour écrire cet album très personnel. Nostalgie vers le passé et à la fois envisager la suite, remercier pour toutes les chances que la vie m'a donné et y penser pour estomper aussi les souffrances qu'elle nous impose... Je continue mon chemin, «bien sur ma route», dès que je mets mes escarpins violets bien glam.

 

                                         Photo Nelly Blaya. 2014.

 

JLG < Des escarpins magiques ?

KB > Peut-être !

 

JLG < C'est un album riche d'une dizaine de compositions personnelles, parfois même très intimes, en tout cas qui véhiculent beaucoup d'émotion. Comment procèdes-tu pour composer ?

KB < J’avoue que je ne sais pas… des fois c’est un riff musical qui vient, d’autres fois des idées, des paroles… Maintenant j’ai pris l’habitude de toujours prendre un petit mp3 avec moi pour enregistrer sur le vif  ce qui vient. Surtout que j’ai impression que mon inspiration s’éveille quand je suis bien, détendue et pas forcement en train de faire de la musique;  plutôt pas ! Pour preuve, pour «Every day», que tout le monde pense être un gospel,  j’étais sur une terrasse de café après une balade en moto et quelques gorgées de vin blanc, et nous voilà repartis, me mettant à chanter sur la moto... je n’ai pas arrêté de le rabâcher jusqu’à chez moi par peur de l’oublier !!!!

"RED'S CLUB. Clarksdale Mississippi. "Photo Régis Perdreau. 2014. 


Par contre c’est sûr, les thèmes sont parfois très personnels et j’espère que tout le monde retrouvera un peu de sa propre vie dans mes chansons. Je reste persuadée que la chose la plus importante au monde s’est l’amour sous toutes ses formes. C’est ce qui nous fait nous sentir vivants, énormément. Quand on aime un homme, un enfant, un parent, … on sait que c’est merveilleux, des fois hot, que des fois ce n’est pas simple... et surtout le prix à payer quand on l’a eu et qu’on nous l’enlève. Oui,  j’espère que tout le monde sera sensible à ce que ça lui évoque personnellement.

  Kathy au piano en studio à Phoenix. Photo Olivier Zahm. 2014.

 

 

JLG < Quand tu as composé  "The power of my shoes", savais-tu déjà qu'il ferait le titre de l'album ?

KB < Non mais à la fois je voulais vraiment que le thème de l’album parle de la route, de chaque pas sur notre route musicale, de la route dans le sens de voyager, du « step by step » l’idée de se construire, de tout donner à sa passion, de continuer à avancer malgré les difficultés ; c’était plutôt à la base « well on my road » mais « the power of my shoes » s’est imposé quasiment dès qu’elle a été écrite. Autant pour moi que pour mon proche , très proche. Encore une fois l’idée d’être campée dans mes chaussures et qu’elles me donnent de la force ! Dans la vie de tous les jours tant de doutes m’assaillent, alors que quand je monte sur scène c’est comme si je mettais mon cerveau hors service, arrivant à m’exprimer tellement plus facilement car n’écoutant que mon instinct, …du moins je crois. Et là plus de doutes, on fonce, rendez vous à la coda et on verra bien !

Patrick Arpaillange, Olivier Zahm et Kathy en studio. Photo Laurence Zahm. 2014.

 

JLG < Il y a des morceaux très riches, d'autres nettement plus dépouillés. Quel a été le rôle de Patrick Arpaillange et sa participation aux arrangements ?

KB < Un rôle juste capital. Patrick m’a rejoint aux Etats Unis. Quand je suis partie de la Nouvelle-Orleans pour Phoenix, il est venu et est resté avec moi pour tout le temps au studio. Tout d’abord il me connait très bien, et j’aurai eu peur de partir là bas sans quelqu’un qui connaisse mes attentes, qui sache parler un langage technique avec le studio. Et puis, pour une fois,  je voulais ne penser qu’à la musique et être portée « techniquement ». Dans un deuxième temps, avec le recul il y a des choses qui ne me convenaient pas complètement et nous avons passé encore beaucoup de temps à réenregistrer certaines parties, et surtout à peaufiner le son de certains morceaux, comme le dobro qu’il a joué dans « somebody told me » ou le solo de guitare dans Every day. Patrick a une belle connaissance de cette musique et l’aime vraiment. En plus c’est un passionné qui ne compte pas son temps, et grâce à tout son travail j’ai fini par y croire. Autant artistiquement qu’humainement,  je lui dois beaucoup.

 Kathy, Charity Lockhart & Erahn Patton en studio à Phoenix. Photo Olivier Zahn. 2014.

 

JLG < Le dernier morceau proposé en bonus, un des seuls qui ne soit pas de toi, que tu chantes presque a capela soutenue par un peu de dobro, est-ce une improvisation de dernière minute ?

KB < Oui, avec Olivier Zahm du studio, on a évoqué cette chanson,  car oui, c’est un long chemin que la route de la musique… «it’s a long way to the top...»  Depuis un certain temps un proche me disait souvent qu’il faudrait que je la chante, mais je ne la connaissais pas vraiment. Alors à la pause café il a pris le dobro et moi les paroles sur internet !!! Et il a ouvert une piste. Autant dire que je ne serais pas capable de la refaire de la même façon aujourd’hui ! C’est pourquoi j’ai beaucoup hésité à la mettre dans l’album car on entend bien que c’est un peu du «yaourt» à un moment donné, mais j’adorais le son, et l’énergie, alors c’est devenu l’outro fou et impulsif !
Dans l’album il y a aussi la reprise de "Higher Ground" de Steevie Wonder, les 11 autres sont effectivement des compos.

 

 

                                                             Bob Corritore et Kathy en studio. Photo Patrick Arpaillange. 2014.

 

JLG < Connaissais-tu déjà personnellement tous les musiciens avec lesquels tu as travaillé, Billy Coiffi, Bob Corritore... ?

KB < Je ne connaissais personne vraiment. J’adorais le son de Bob Corritore mais je ne le connaissais pas personnellement. Les autres artistes pas du tout. Bob Corritore a été génial, à la fois très pro, mais aussi très impliqué, soucieux de donner le maximum dans l’esprit demandé et très disponible pour y arriver. Je l’ai adoré. La deuxième rencontre magistrale de ce voyage fut Billy Cioffi.  J’avais demandé dès mon arrivée au studio s’ils avaient quelqu’un qui pourrait relire mes textes et me dire si ca ne sonnait pas « trop français » (rires) . Paradoxalement j’ai toujours trouvé super de chanter mes textes en anglais, parce que des fois je sais que mes textes sont émouvants et je me dis que les gens comprennent un peu et que ça va, mais là !  Il a fallu les enregistrer qu’avec des gens dont c’est la langue maternelle. Déjà qu’il ne m’en faut pas beaucoup, j’étais bien flippée à l’idée de leur réaction.

Olivier Zahm et Billy Cioffi en studio. Photo Laurence Zahm. 2014.

 

Billy Cioffi est guitariste, chanteur, surtout songwriter, d’ailleurs il a « juste » travaillé avec Chuck Berry entre autres ! Au final il m’a mise très à l’aise et m’a au contraire donné beaucoup de confiance vu son intérêt pour les textes. Il devait venir un après midi et il est passé au studio presque tous les jours. Il a bien sûr corrigé quelques tournures de phrases mais a tenu à conserver l’essentiel. Il m’a donné des « trucs » et aussi, c’est fou, il a fait vivre mes textes dans sa bouche et sa guitare tels que lui les ressentait. C’était génial ! La plus belle chose qu’il m’ait dite c’est que :  "When you miss somebody", il aurait aimé l’avoir écrite…

Mikel Lander en studio. Photo Olivier Zahm. 2014.

 

Tous les musiciens proposés par Olivier Zahm de Electric Lotus se sont avérés être de sacrés musiciens, notamment Mikel Lander à la guitare, Shea Marshall à l’orgue, Brian Fayey un super batteur bien blues dans le fond du temps, et John Rickard au pedal steel juste parfait dans l’esprit.

John Rickard et Kathy en studio. Photo Olivier Zahm. 2014.

 

 

JLG < Aujourd'hui tu es bien sur ta route ! "Well on my road" comme tu le dis. C'est une conclusion pour ton album ou un nouveau départ ?

KB < Je crois que c’est comme un nouveau départ. Tout ce travail m’a redonné beaucoup de force et a réactivé cette passion encore plus que jamais. Ça veut dire que je sais ce que j’ai ou que je n’ai plus dans la vie,  mais que j’ai beaucoup de chance et que je ne vais pas la gâcher en doutes inutiles.

La vie passe très vite et je vais juste faire de mon mieux pour donner un peu de mon bonheur à tous ceux qui voudront bien m’écouter.

 

Palm Court Jazz Cafe à La Nouvelle-Orléan en octobre 2014. Photo Nelly Blaya.

 


JLG < Merci Kathy d'avoir consacré du temps aux lecteurs de Feeling Blues.
Un dernier mot pour conclure ?...

KB < Un grand merci à toi Jean Louis de m’avoir permis de dire tant de choses pour que les lecteurs découvrent un peu notre blues … J’ai toujours voulu chanter aussi loin que je m’en souvienne et j’espère que je pourrai le faire jusqu’à mon dernier souffle. Si c’est le cas c’est vraiment grâce à des passionnés comme Feeling Blues  qui font passer le message. On essaye d’être des artistes, je parle pour moi, mais je suis sûre que nous sommes beaucoup dans le même cas  à aimer la musique à en crever. Pour nous, nous promouvoir et nous "vendre" c’est tellement difficile à concilier, heureusement que vous nous aidez à nous faire connaitre. On en a tant besoin.
Et j’espère à bientôt sur scène…

JLG < Oui, oui ! À très bientôt sur la route du blues !

 

Propos recueillis par Jean-Louis Guinochet le 21 août 2015.

 

 


Pour plus d'infos et vous procurer l’album :

http://www.kathyboye.com/fr

 

 

Voir le chronique l'album en page 12 de ce numéro.

 

 

 


De g à d, André Fanelli, Slim Paul, J-L Guinochet de dos, Pap's et Jamo. Photo Alain Hiot. 2015.
De g à d, André Fanelli, Slim Paul, J-L Guinochet de dos, Pap's et Jamo. Photo Alain Hiot. 2015.

                Par André Fanelli et Jean-louis Guinochet

 

 

Conversation le vendredi 7 août au Bagnols Blues Festival. Bagnols-sur-Cèze (30)

Voir le compte-rendu du concert en page 10 de ce numéro.

 

 

Dans sa brochure, le Bagnols Blues Festival présentait Scarecrow de la manière suivante :

"Scarecrow vous emmène dans un monde où le Blues et le Hip Hop ne font qu'un, où le groove est roi, qu'il soit arraché d'un dobro ou samplé d'un vieux vinyle... Des complaintes nées au début du 19ème siècle dans les champs de coton américains, aux sons urbains des métropoles trépidantes du 21ème siécle, le quartet improbable propose une synthèse excitante. Ces artistes rendent hommage aux mouvements fondateurs tout en contournant leurs codes, ramenant le Blues à la sueur et le Hip Hop à ses racines instrumentales."

 

Nous avons rencontré Slim Paul, Jamo et Pap's Luciani, respectivement chanteur-guitariste, bassiste-chanteur et batteur.

Le scratcheur-rappeur-chanteur Antibiotik Daw ayant fait faux bon à ses trois compères.

Pap's, Atibio, Paul et Jamo. Bagnols Blues Festival le 7 août 2015. Photo Alain Hiot. 2015.


 

Jean-Lous Guinochet > Pourquoi avoir choisi le nom de Scarecrow ?

Slim Paul > Scarecrow c'est l'épouvantail. L'épouvantail c'était le logo à la base. C'est lui qui est arrivé avant, avant même le nom. C'est lui qui représente la batterie, la basse, la guitare et la platine qui sont les quatre instruments du groupe. On a trouvé intéressant de réunir toutes nos cultures et nos influences sur un seul personnage qui est cet épouvantail qui est sensé faire peur.... un peu.

JLG > Parce que vous pensez que cette fusion blues hip hop peut faire peur ?

Slim Paul >  Elle peut-être indigeste à la première gorgée mais on s'en amuse en tous cas !

JLG > Donc pour vous c'est plutôt un épouvantail qui regroupe et qui attire plus qu'il ne fait fuir ! (rires)

Jamo > Cet épouvantail, c'est la star. C'est lui la vedette. On agit sous son emprise. Cela nous permet aussi de légitimer cette fusion de musique parce que c'est lui qui l'a plus ou moins orchestré. Nous, nous ne sommes que ses pantins. Il faut bien le savoir. Il y a une petite légende derrière tout ça ! Mais c'est vrai que oui, comme tu l'a dis, la petite gorgée ou la petite étiquette blues hip hop parfois fait un petit peu peur, surtout dans le paysage de la musique actuelle d'aujourd'hui. Le blues hip hop, eh bien, nous sommes les seuls !



 Arrivée par le Danube à Budapest le 12 juin 2015.



JLG > Il fait plus peur à la famille du blues ou à la famille du hip hop ?

Jamo > Aux deux !

JLG > Aux deux ?

Slim Paul >  À la limite il fait plus peur à la famille du hip hop. Oui ! Parce qu'un rappeur qui va rapper ! Heu !.. Un rappeur sachant rapper sans son rap (rires...) Non, un rappeur qui va rapper sur du blues, sur de la guitare, sur une vraie batterie, sur une basse, dans le monde du hip hop, et surtout depuis cette espèce de fracture qu'il y a eut entre les MCs et les DJs, certains courants du hip pop ont du mal à considérer ça comme du vrai hip hop. Mais ce n'est pas grave, on les laisse tranquilles.

Jamo > Au même titre qu'on a eu droit à des grand manitous du blues, les gardiens du temple, qui nous ont dit que "non, ce n'était pas du blues". Parce que le blues doit être fait comme ça, comme ça et comme ça. mais après, ce phénomène existe dans tout les styles. J'ai envie de dire que je préfère qu'on choque certaines personnes, que ça les titille ou que ça les dérange, peu importe, mais au moins, ça leur fait quelque chose, il se passe un truc, et peut-être que leur oreille s'ouvrira un peu et qu'ils écouteront des trucs qu'ils n'auraient pas écouté avant.

Le "Dziękuję Bardzo Woodstock Festival" le 2 août 2015. Photo agrandissable.

 

André Fanelli > Bien sûr. Mais comment est né justement ce mélange, qu'est-ce qui vous en a donné l'idée ? 

Jamo > C'est la rencontre !

Pap's Luciani > La rencontre, oui ! La rencontre entre Paul et Antibiotik, qui est notre scratcheur et MC dans le groupe. Ils se sont rencontrés à Toulouse et ont eu tout de suite un feeling assez prononcé pour la composition à deux, et ensuite est arrivé Jamo puis moi dans le groupe. Nous avons travaillé un blues hip hop à quatre, qui est notre blues hip hop sachant que Paul vient vraiment du blues, de son blues à lui qui est assez roots, et Adrien (Antibio) est dans le hip hop depuis de nombreuses années, autant dans la production que dans l'écriture, et du coup ça amène vraiment beaucoup d'atouts à notre musique. Quand à nous deux, nous colorons tout cela aussi avec notre vécu pop et soul, qui est la musique que nous écoutons depuis toujours, essentiellement d'ailleurs de la musique anglophone, et avec tout cela nous essayons de faire notre blues hip hop en partant des ces bases mais avec des idées nouvelles.

JLG > Pour le blues et le hip hop, qu'est-ce qui à votre avis peut les rapprocher ou au contraire les éloigner ?

Slim Paul > Il y a un gros rapprochement. Un grand rapprochement sur les deux fondateurs de ces deux mouvements. D'où ils viennent, leur couleur de peau, parce qu'il ne faut pas déconner mais c'est très important pour ces deux styles de musique,... le racisme, l'exclusion, le fait de vouloir se rassembler, éviter de tomber dans.... faire de la musique pour éviter de devenir gangster et d'aller en prison... trouver une sortie de secours aux ghettos et aux peu de solutions qu'avaient ces gens là à l'époque où ces mouvements se sont crées. En ce qui nous concerne, nous personnellement, les rapprochements qu'on a entre le blues et le hip hop sont purement musicaux.

 

 

Backstages au Feest in Het Park, en Belgique le 16 août 2015.

 

 

JLG > Ce n'est pas sur le fond ? C'est plus sur la musique...?...

Slim Paul >  C'est à dire que nous, nous ne somme pas des immigrés, on ne vient pas du ghetto, on n'a pas grandi dans les cités, nous ne sommes ni américains ni africains, mais on a notre blues...  je pense qu'il n'est pas à discréditer. C'est vrai que c'est surtout les liens qui sont plutôt musicaux entre ces deus styles, rythmiquement, on se rend très vite compte que derrière tout cela il y a l'Afrique. Cette espèce de groove africain qui se retrouve dans le blues et le hip hop. Autant dans le flow, dans le Mc, dans le phrasé d'une guitare, on peut trouver beaucoup de similitude et il y a beaucoup d'autres choses. Après ce qui les éloigne... heu ! Ce qui les éloigne c'est certainement les clichés je pense. Je pense que c'est ça qui éloigne le plus ces deux styles et les autres styles en général. Le fait de dire que le blues, eh bien c'est du Old Blues à papa, Chicago, tout ce qui est venu après Muddy Waters, mais sans faire du Muddy Waters - c'est à dire mal -, et tout les clichés du rap, Whash machin etc...C'est ça qui éloigne ces deux styles finalement. Si on prend vraiment ce qu'est le hip hop et pourquoi le blues existe, ces deux styles sont très complémentaires.

Jamo > Ils viennent du même terreau socio-culturel. La seule différence qu'il y a pour moi, ce sont les années qui les séparent. Parce que honnêtement, on se plait à dire que le hip hop est le blues des années 70-80.
Ça servait la même chose, c'était le même but. Se sortir de la misère. Faire la fête, ensemble. Peace and love and Having fun, c'était ça, à la base, du hip hop. Ce n'est pas tout ce qui est venu après avec le commerce et tout. C'est la même famille et puis tout part du blues. Il y a le blues, il n'y a pas tout ce qui découle derrière.

JLG > Et là aujourd'hui, c'est assez théâtral quand on vous voit sur scène. C'est un vrai spectacle.

Slim Paul > C'est certainement avec les personnages qu'il y a derrière.

JLG > Oui, c'est ça, vous n'êtes pas un groupe habituel. Déjà toi, Paul, tu es le grand bluesman, et à côté de toi il y a le scratcheur, qui sont deux mondes différents, c'est quand même mis en scène...

Slim Paul > Oui, c'est vrai. Après le but premier c'est de faire danser les gens.


André Fanelli > Est-ce qu'ils vous arrivent souvent de jouer dans des salles où les gens peuvent danser librement ?

Pap's Luciani > Ha oui, oui, oui, bien sûr ! On fait essentiellement plus de concerts où le public est debout.

Jamo > Après on aura pas de grief contre le public qu'il soit assis ou debout ou qu'il danse ou ne danse pas. Ce qu'on aime c'est qu'il vive pleinement notre musique et qu'il la ressente comme il a envie de la ressentir. Je suis plus content de voir en face de moi quelqu'un qui regarde, qui écoute, qui ne bouge pas mais dont on sent que cette personne est touchée et ressent quelque chose plutôt de voir quelqu'un qui danse juste parce qu'il a trop bu. Le but du jeu est de faire ce qu'on aime et j'aime beaucoup cette image de ce côté théâtral dont tu as parlé dans le sens qu'on est atypique. En revanche, ce qui m'embête, ce n'est pas qu'on soit un groupe atypique, mais qu'on soit considéré et réduit par certains uniquement comme étant un groupe atypique. Un groupe de live devrait ressembler à ce qu'on apporte, dans le sens où, il y a trop de concerts où j'ai regretté d'avoir payé ma place, parce que j'avais l'impression de voir des mecs sur scène qui se faisaient chier.

 

                                                  À Manosque le 26 juillet 2015.

 

 

JLG > Et chez vous, enfin je change un peu de sujet, qui compose ? C'est collégial ?

Pap's Luciani > Généralement ça vient du texte d'Adrien et de Paul, donc des compositions guitare voix...

Paul Slim > Oui et généralement ça vient d'une ligne de guitare. Généralement j'écris seul... si j'ai l'envie d'écrire une chanson sachant qu'elle va être destinée à Scarecrow, je vais laisser un maximum d'espace. Je vais trouver la trame de son histoire et savoir où est ma place. J'écris les textes direct, généralement ça va très vite et je fais en sorte de laisser beaucoup de place pour qu'on puisse recomposer à quatre. Après effectivement, je me retrouve avec Antibio et on se cale sur les textes...le thème...

Pap's Luciani > Et l'ambiance du morceau aussi parfois. Même s'il est transformé à quatre à la fin, indéniablement parce que chacun amène sa patte, mais il y a souvent une atmosphère ou un univers qui est amené par "guitare-voix-rap".

Paul Slim > Oui ! Et des fois les scratchs arrivent en dernier et des fois les scratchs arrivent avant même la basse et la batterie...

Pap's Luciani > Oui, en fait nous avons différentes variantes de composition.

Paul Slim > Des fois on va trouver des samples qui vont tellement habiller le morceau qu'ils vont même nous amener à modifier la proposition de base.

Jamo > Après, pour résumer, tout part du blues ! Une fois qu'il a fait ça, on voit, chacun, ce qu'on peut apporter avec notre sensibilité et notre manière d'aborder la musique. Parce que ce qui fait la force de Scarecrow aussi c'est ce métissage. Ces quatre personnages qui existent dans la vie, donc forcément c'est beaucoup de discussions, beaucoup de débats, des fois c'est comme une apothéose car nous sommes tous unanimes et il n'y a pas a tergiverser.

 

 

Paul Slim. Concert du 20 mars 2015 à l'Oméga Live. Toulon (83). Photo Christine Manganaro 2015.



André Fanelli > Et maintenant que vous travaillez de plus en plus et que votre carrière se profile, ils vous reste du temps pour écouter de la musique ?

Les trois en choeurs > Tout le temps !

Pap's Luciani < Pour moi c'est une drogue !

Paul Slim > Pareil !

Pap's Luciani > De n'importe quel style de musique, de l'ancien, du nouveau, du à la mode ou pas à la mode du tout pour les gens...

Paul Slim > On a le camion pour ça, tu sais !...Des fois j'essaie de me faire des cures quand même, j'essaie de me nettoyer un peu les oreilles. Je sais que quand je suis en période de studio, je ne vais pas écouter n'importe quoi. J'essaie d'avoir une écoute intelligente.

JLG > Et toi Paul, tu as découvert le blues comment ? Quel a été l'élément déclencheur pour que tu t'intéresses à cette musique ?

Paul Slim > Ma première guitare....et mon premier amour, le rock'n'roll en fait ...et au final Little Richard, Johnny... mais tous ces mecs faisaient du blues, le rock'n'roll est un terme blanc pour ne pas mettre une musique de noirs à la radio, c'est tout. C'est pour ça qu'ils ont été contents de découvrir Elvis Presley pour dire, c'est bon, on a notre star du blues blanche.

André Fanelli > Comme ça fait plaisir à entendre !...

Paul Slim >  (rire de Paul et des autres)  Bien sûr, il faut le dire aux gens, le rock'n'roll ce n'est pas Little Richard et Chuck Berry, Little Richard et Chuck Berry faisaient une forme de blues...

André Fanelli > Bien sûr...

Paul Slim > Comme Jimmy Hendrix faisait une forme de blues, comme beaucoup d'autre...



                                                                             Au Big Mountail Music Festival à Clermont-Ferrand le 20 novembre 2014.

 

JLG > Bon on va vous libérer parce que après vous devez vous préparer pour entrer en scène. Une dernière question très originale, quels sont vos projets ? 

Jamo > Nos projets ? Continuer à tourner cet été, un programme déjà bien chargé. Ensuite on va attaquer la période des gros gros festivals en Europe. On part au Sziget (Sziget Festival en Hongrie), on part ensuite en Angleterre, on va revenir en Belgique. On termine la tournée d'été avec encore pas mal de dates en septembre et en octobre et on finit l'année en novembre en Amérique du Sud, Colombie, Panama, Costa Rica, Brésil, et pour ce qui est de l'actualité il y a un nouvel album à paraitre courant 2016, mais là tout de suite c'est le maxi "Left Behind" qui est sorti uniquement en vinyle et en numérique et que vous pouvez télécharger chez vous.

JLG > Merci à vous trois et bon concert !

Scarecrow > Merci Feeling Blues et à très bientôt !

le site du groupe :

www.blueshiphop.com

 

Vidéos de Jan Kovacic au Bagnols Blues Festival 2015 :

https://youtu.be/02M_xtcmOn0

https://youtu.be/8qq4R-2vrqw

https://youtu.be/ANC05OgXXeE

 

 

 

 

 

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