N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS   2016

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1. PORTRAIT.

2. COMPTE-RENDU DU CONCERT DE LA SOIRÉE BLUES AU FESTIVAL DE JAZZ DE DRAGUIGNAN (83).

3. RÉCOMPENSES.

4. DISCOGRAPHIE.

OTIS GRAND

Par André Fanelli et Jean-Louis Guinochet. Photos de Brigitte Charvolin et André Fanelli.

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PORTRAIT

OTIS GRAND, LE BLUES, TOUT SIMPLEMENT

Le Blues est, lui aussi, soumis à la mode. Certains instruments, certains styles sont plus ou moins appréciés au fil du temps.
Sa majesté à six cordes est ainsi fermement calée sur un trône âprement disputé. Le jazz a connu, aux temps héroïques des Buddy Bolden, Guy Kelly ou Joe Oliver, une bagarre féroce pour la couronne…
Aujourd’hui, le Blues s’est métissé de Rock, de Pop, de funk et tutti quanti…C’est pourquoi un artiste comme  Otis Grand nous apporte des instants de bonheur en nous proposant une musique pleine de sève, fermement enracinée dans l’histoire.

Otis sait tout jouer ou presque.

J’ai encore en tête un Boogie Chillen impeccable qui nous a fait ressentir un instant comme une présence, une évocation quasi magique, une sorte d’apparition dans la pénombre des coulisses du grand John et de son pied métronomique.
Il faudrait d’ailleurs survoler toutes les preuves de ce savoir d’amoureux.
J’aime particulièrement Otis Grand lorsqu’en compagnie de ses complices, il ressuscite les fastes du Rhythm And Blues de la West Coast.
Son jeu prend alors toute sa dimension. Le swing est là. Le bon vieux swing juste un poil jazzy qui fait couler de source le phrasé souple de la guitare.
On se prend à humer le parfum des musiques de T.Bone et autres Pee Wee Crayton voire Guitar Watson.

Sans oublier B.B.King qui disait :  « Otis Grand joue comme moi quand j’étais jeune ».

Guitars on Fire enregistré au côté de Debbie Davis et Anson Funderburgh en 1998 sur un tempo de malade illustre parfaitement ce aspect du jeu d’Otis. Et que dire du Bone Tones sur un tempo plus apaisé, gorgé de feeling.
Mais Otis ne se cantonne pas dans la nostalgie des grosses voitures rutilantes de chromes croisant devant les clubs de South L.A. d’où jaillissent les musiques de l’après-guerre et de la prospérité nouvelle pour les noirs des grandes villes californiennes.
Il s’affirme dans de multiples environnements.
Son CD en duo avec Joe Louis Walker, Guitar Brothers, en témoigne avec force et vigueur.
Connaissez-vous le « fantabuleux » instrumental « Friends ». Les deux compères s’en donnent à cœur joie sur ce morceau de B.B.  Un vrai classique à ne pas rater ! Ce CD est d’ailleurs un des meilleurs d’Otis.
Otis aime bien les airs un peu ringards mais diablement propice à la danse, au plaisir. Un bel exemple : Knock Knock avec sa ryhtmique qui chaloupe et ondule avec des clins d’ œil de bal du samedi soir. La guitare s’affute en vrai rasoir.

Autre exemple de son côté versatile (dans le sens américain du mot bien sûr) son interprétation  de Sleep Walk dans l’album Hipster Blues. Au début nous sommes dans l’hommage fidèle au grand Hank Marvin puis tout à coup Otis se lance dans un solo inattendu par on lyrisme bouillonnant.
Les racines d’Otis ne sont pas du côté du Delta mais plutôt de Beyrouth. Peut-être que la musique dans laquelle baignait sa prime  enfance a laissé une marque dans son subconscient musical. Farid El Atrache y a sans doute précédé T.Bone.
Le résultat d’un tel mélange s’avère plus que savoureux : presque sublime. Perfume and Grime est une indéniable réussite.
Si vous voulez découvrir le talent d’Otis pourquoi ne pas écouter Guitar Lovin’ Blues ou Satan’s Blues  gravés en 2007 ?

Bref, vous constaterez, en poursuivant la lecture de ce numéro, que la discographie d’Otis Grand est copieuse et que les albums qui la constituent sont tous de bonne facture. J’espère avoir contribué à vous donner envie de découvrir ou de retrouver un bluesman solide et, en dépit de son lieu de naissance, tout à fait authentique.

Otis, en outre, sait jouer de la musique mais, chose plus rare chez les bluesmen,

il sait en parler. Et avec pertinence !

Voici quelques propos recueillis par Andres Roots à l’occasion d’une interview pour un fanzine finlandais.

A propos du « son » :
« Le son que tout le monde recherche vient de la chair et du bois. Le reste est totalement un piège consumériste. La vérité est que personne ne peut vous vendre le « son ».

(…)Je dis à tous mes étudiants de mes master class d’oublier à peu près tout ce qu’ils ont appris dans les écoles de musique et de suivre leur cœur avec un unique conseil en prime  : balancez toutes ces pédales dans la plus proche rivière et redémarrez. »

Il nous livrait quelques unes de ses convictions et de ses secrets :

« Les vieux mecs jouent comme il parlaient, rien à voir avec les guitares,  les amplis ou les effets (…) Avez-vous déjà entendu Albert Collins parler ?  C’est la même chose que sa façon de jouer. »

" J’ai entendu B.B.King jouer une Stratocaster empruntée et il sonnait exactement comme il le fait avec sa guitare "signature", sa Gibson ES-335. Ainsi, ce n’est pas l’instrument qui fait le « son », c’est vous-mêmes qui le produisez… "

Et pour finir, un propos à méditer :

« Je ne touche jamais la guitare et je ne fais aucun exercice pour m’échauffer avant un show, mais je passe une heure seul, à écouter de vieux enregistrements de blues et, par la vertu d’une sorte de processus symbiotique, c’est tout ce qui m’est nécessaire pour retrouver le don. »

Otis est un joueur de blues. Et cela lui suffit :

« ... juste trois accords et c’est déjà assez difficile comme ça… (…) Croyez-moi le Blues peut sembler simple mais c’est le style plus difficile à jouer comme il convient. »

 À vous de jouer à présent.

André Fanelli

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COMPTE-RENDU DU CONCERT DE LA SOIRÉE BLUES

DU FESTIVAL DE JAZZ DE DRAGUIGNAN

Théâtre Communautaire le 11 décembre 2015

Otis Grand a débarqué à Draguignan avec une « crève » carabinée. La surdité momentanée allait-elle l’emporter sur l’aphonie ?

Il faut avouer que les organisateurs étaient passablement inquiets à l’idée de transformer le concert en film muet…

Après moult soins et un repas roboratif, le grand Otis était prêt à honorer son contrat et, ce qui est mieux encore, à nous donner un beau concert.
Son septet est un vrai groupe qui partage à l’évidence des goûts communs et qui joue vraiment « ensemble ».
Nous avons immédiatement été conquis par le dynamisme d’Otis, par son jeu puissant ancré fermement dans ce que le blues peut offrir de plus vrai.

Comme d’habitude Otis Grand ne se limite pas à ses compositions personnelles mais se plait à parsemer son show de classiques familiers qui lui permettent de donner des repères à son public et de démontrer sa capacité à absorber les styles.
Ainsi avons-nous pu apprécier les reprises de Lowell Fulson, T.Bone, Ike Turner ou Otis Rush. Otis sait dialoguer avec la salle et n’hésite pas à inviter de charmantes danseuses à venir le rejoindre en scène.

Un concert chaleureux qui nous laisse l’envie de revoir Otis.

André Fanelli

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RÉCOMPENSES

Otis Grand a obtenu de nombreuses récompenses et distinctions tout au long de sa carrière, nommé entre autre sept fois meilleur guitariste anglais et européen de Blues.

1989     British Blues Foundation Award. Winner : Best Blues Album Always Hot SPD 1019
1991     Best UK Blues Guitarist
1992     Best UK Blues Guitarist
1992     W.C. Handy Awards Winner : Best Foreign Blues Album: “My Way or the Highway” with Guitar Shorty. JSP
1993     W.C. Handy Awards Nominee : Best Blues Album “He Knows the Blues” Sequel Best Instrumentalist -

               Guitar Best Song: “SRV/ My Mood Too”.
1993     British Blues Connection Awards Winner: * Best Blues Guitarist */ Best Blues Band /

               * Best Blues Album - He Knows the Blues
1994     British Blues Connection Award Winner: Best UK Blues Guitarist
1995     British Blues Connection : UK GALLERY OF THE GREATS  (This Award is given after 5 years consecutive win only -                             Bonnie Raitt is the only other winner )
1996     British Blues Connection Award Winner: Best UK Blues Guitarist
1997     REAL BLUES MAGAZINE (North America) 1996 Awards Winner : Best Blues Guitar CD -" Perfume & Grime "
1997     SOULBAG MAGAZINE (France) 1997 Golden Awards Winner : Best Blues Guitar CD -" Perfume & Grime "
1998     BLUES ASSOCIATION OF FRANCE Golden Awards Winner : Best Blues Guitarist - Europe - 1998
1999     BLUES ASSOCIATION OF FRANCE : Golden Awards Winner : Best Blues Guitarist - Europe - 1999
2001     GUITARIST MAGAZINE: Poll -one of the " TOP 50 Best Blues Guitarists in The World that Ever Lived "
2003     BLUES ASSOCIATION OF FRANCE Golden Awards Winner :Best Blues Guitarist - Europe 2002
2004     ANDALUCIA BLUES ASSOCIATION, Cazorla , Spain: 2004 Blues Performer Award
2007     GUITARIST MAGAZINE POLL March 2007: voted one of the " TOP 10 Best Blues Guitarists EVER in Britain "
2009     REPUBLIC OF LEBANON: The Presidential Medal for Arts.

Également :
Blues & Rhythm (UK) Magazine’s CD of the Month :
1. He Knows the Blues, (3 / 1993)
2. Big Blues from Texas with Phillip Walker, (12 / 1993)
3. Nothing Else Matters, (11 / 1994)
4. Perfume & Grime (3 / 1998)
5. Live Anthology, (10 / 2000)
6. Hipster Blues, (Feb/2007)

 Source site Otis Grand

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DISCOGRAPHIE

Discographie non exhaustive. Sources :  Otis Grand. Discogs. Allmusic.

Jean-Louis Guinochet